Extraits d’un rapport, rendu public le 2 mai 2023 par la Fondasyon Je Klere (Fjkl), sous le titre « Situation de terreur en Haïti, les chiffres noirs du gouvernement d’Ariel HENRY »
Transmis à AlterPresse
Plus de vingt et un (21) mois après sa prise de fonction, le chaos est total, les gangs sont partout, surarmés et d’une violence hors de contrôle.
3. La gouvernance d’Ariel HENRY est caractérisée par des actes de violation systématique des droits humains, un mépris total du droit à la vie et de la dignité humaine.
4. Les chiffres non exhaustifs s’élèvent à plus de deux mille (2,000) morts violentes ; plus d’un millier (1,000) de cas de kidnapping, des cas de viol, de vols, d’incendie, de destruction des propriétés d’autrui, des plantations, de déplacements massifs de population au niveau interne, de la perturbation des activités scolaires, économiques, commerciales, sociales et culturelles, des exécutions sommaires et la dangerosité des routes nationales abandonnées aux gangs armés.
5. La Fondasyon Je Klere (Fjkl) a documenté la situation de terreur qui sévit en Haïti depuis l’arrivée au pouvoir du Dr Ariel HENRY et tente de retracer, dans ce rapport, les moments les plus sombres de sa gouvernance pour la période allant du 20 juillet 2021 au 24 avril 2023.
2,845 personnes tuées pendant ces 21 derniers mois, de juillet 2021 à avril 2023
De la prise de fonction du Premier Ministre Ariel HENRY le 20 juillet 2021 au 31 décembre 2021 : 33 personnes tuées par balles ;
8. De janvier 2022 à décembre 2022 : 1,448 personnes sont tuées avec plus de 6 massacres et attaques armées perpétrés. Parmi ces victimes, 3 proches collaboratrices de la Fjkl ont péri dans l’une de ces multiples attaques armées. Il s’agit de ; Madame Josette Fils DESANCLOS et ses deux filles Sherwood Sondje DESANCLOS, et Sarhadje DESANCLOS.
9. De janvier 2023 au 24 avril 2023, au moins huit cent dix-huit (818) cas de morts violentes sont recensés.
10. .À cela s’ajoutent des centaines de blessés et des milliers de déplacés internes. De juillet 2021 à avril 2023, plus de mille neuf cent quatre-vingt-dix (1,990) personnes ont été blessées lors des attaques meurtrières dans des quartiers vulnérables. Pour cette même période, environ cent soixante-onze mille (171,000) personnes ont été contraintes d’abandonner leurs maisons. Certaines sont hébergées chez une proche ou un ami, d’autres dans des campements de fortune.
A. Des massacres
11. Le terme massacre est utilisé dans ce rapport pour désigner des actes de tueries sauvages de personnes sans défense ou des tueries répondant à une logique de punition collective, des actes de cruauté provoquant la mort de plusieurs personnes, des incendies et des déplacements en masse de population sans défense.
12. Entre avril 2022 et avril 2023 environ 16 massacres et attaques armées ont eu lieu en divers quartiers, villes et localités. Citons : Cité-Soleil, Bel Air, Solino, Plaine du Cul-de-Sac, Butte Boyer, Santo, Tabarre, Pernier, Fermathe, Thomassin, Laboule, Méyotte, Malik, Source Matelas, Canaan, Pétionville, Debussy, Liancourt, Verrettes, Croix des Bouquets, Petite Rivière de l’Artibonite et L’Estère.
13. Tous ces massacres et/ou attaques armées sont documentés dans les archives internes de la Fjkl. Dans le cadre du présent rapport, la FJKL attire l’attention sur les massacres les plus odieux marquant la gouvernance d’Ariel HENRY.
D) Au moins 2,000 cas de kidnappings déclarés pendant ces 21 derniers mois
96. Les cas d’enlèvement, de séquestration et de libération contre rançon sont monnaie courante sous la gouvernance d’Ariel HENRY. Il est pratiquement impossible de recenser de manière exhaustive le nombre total d’enlèvements enregistrés durant cette période. Mais, au moins deux mille trente et un (2,031) cas d’enlèvement et de séquestration ont été dénombrés durant ces vingt et un mois de gouvernance d’Ariel HENRY.
97. La Fjkl constate que les chiffres d’enlèvement vont en s’augmentant comme on peut en juger :
Juillet - décembre 2021 : 625 cas d’enlèvement déclaré
Janvier - décembre 2022 : 1,005 cas d’enlèvement déclaré
Janvier – avril 2023 : 401 kidnappés déclarés
98. Il faut signaler que ces actes de kidnappings qui ne cessent d’augmenter sur le territoire, s’accompagnent souvent d’agressions sexuelles, voire de viols collectifs.
99. Lors des attaques armées, en 2022, à Cité-Soleil, Butte Boyer, Canaan, Source-Matelas, Petite-Rivière de l’Artibonite, 82 femmes et filles ont été violées collectivement par des groupes armés.
100. La Fjkl juge le crime d’enlèvement particulièrement odieux pour un Haïtien. C’est un crime qui va à l’encontre des idéaux de 1804. Le premier pays noir à avoir brisé les chaines de l’esclavage et le seul par une révolte générale d’esclaves en faisant d’Haïti la terre de la liberté, de l’égalité des races humaines ne peut accepter que des groupes armés réduisent à l’état d’esclaves des personnes enlevées sans défense. L’État se doit de mettre un terme à cette pratique qui s’installe dans le quotidien des Haïtiens et qui devient une banalité avec le gouvernement d’Ariel HENRY.
G). Des déplacés internes
109. Le déplacement interne présente un autre cauchemar pour les haïtiens. Pendant la gouvernance d’Ariel HENRY, beaucoup de citoyens et de citoyennes sont contraints de quitter leur zone, d’abandonner leurs maisons à cause de la violence des gangs. Il est difficile de donner un chiffre exact pour les déplacés internes, Les chiffres varient au jour le jour. Mais, il est raisonnable d’estimer à 200,000 personnes le nombre de déplacés internes pendant la gouvernance d’Ariel HENRY.
III. Conclusion
115. Il ressort de tout ce qui précède que le gouvernement d’Ariel HENRY a failli à sa mission première, qui est celle de protéger la vie et les biens des citoyens se trouvant sur le sol national.
116. L’État est abandonné aux gangs armés dans l’indifférence totale du pouvoir en place.
117. l’arrogance et la cruauté des chefs de gangs. Ajoutées au désespoir développent au sein de la population un esprit de vengeance et des appels a la violence sur les réseaux sociaux créent un climat d’intolérance comparable à celui qui a prévalu au Rwanda avant le génocide rwandais.
118. Aucun appel à la raison ne peut être entendu d’autant que le gouvernement d’Ariel HENRY fait de l’exécution sommaire un élément de sa politique de justice.
119. Le pouvoir en place n’annonce aucune mesure pour juguler la crise : Pas de campagne de recrutements massifs pour les forces armées et les forces de police en dépit du fait que beaucoup de policiers quittent le pays ou abandonnent leur poste, pas de formation intensive, pas de renforcement des structures de renseignements. C’est la politique du laisser-faire, du laisser-grennen, du mépris du droit à la vie qui caractérise le pouvoir d’Ariel HENRY.
120. La sureté publique, la tranquillité des rues, la liberté de circulation des citoyens citoyennes ne semblent pas inscrites dans l’agenda du gouvernement d’Ariel HENRY.
121. La colère populaire ne peut jamais remplacer une politique publique de sécurité. Il faut vite reconstruire les institutions régaliennes de l’État, construire l’État de droit en Haïti.