P-au-P, 28 avril 2023 [AlterPresse] --- Composé de 18 experts indépendants, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (Cerd) de l’Organisation des Nations unies (Onu) demande aux États, dans la région des Amériques, de cesser d’expulser les Haïtiennes et Haïtiens, dans une déclaration publiée ce vendredi 28 avril 2023, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Se disant profondément préoccupé par « ces expulsions collectives d’Haïtiens, qui se font sans évaluation appropriée des besoins de protection » de chaque personne, le Cerd suggère à ces États d’adopter des mesures pour protéger les Haïtiennes et Haïtiens qui se déplacent.
Il critique les mesures de répression, annoncées par des pays des Caraïbes, tels que les Bahamas et les îles Turks & Caïcos, à l’encontre des migrantes et migrants haïtiens sans papiers.
Les États-Unis d’Amérique ont présenté, en janvier 2023, un plan visant à permettre des expulsions accélérées, vers le Mexique, de migrantes et migrants d’Haïti et d’autres pays.
Les Haïtiennes et Haïtiens « seraient victimes d’un usage excessif de la force, de traitements cruels, inhumains et dégradants, et de profilage racial, de la part des forces de l’ordre de certains États » dans la région des Amériques, dénonce le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’Onu.
De janvier à mars 2023, quelque 36 mille personnes d’origine haïtienne ont été expulsées vers leur pays d’origine, dont environ 90 % depuis la République Dominicaine, indique le Cerd, citant des chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).
De janvier à novembre 2022, près de 22 mille Haïtiennes et Haïtiens ont été renvoyés dans leur pays, dont près de 15,000 par les États-Unis, rappelle le Cerd.
Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’Onu exprime de vives inquiétudes face aux violations des droits humains, contre les Haïtiennes et Haïtiens fuyant leur pays, notamment dans les centres de détention de migrants, tout en dénonçant, notamment, la militarisation des frontières et les politiques systématiques de détention des migrants.
L’Organisation des Nations unies évoque un cycle de viols de la terreur, infligés par les gangs armés à la population haïtienne, qui « se propage à un rythme alarmant ».
Le secrétaire général des Nations unies, le Portugais Antonio Guterres, a plaidé en faveur du déploiement d’une force armée spécialisée internationale, notamment pour aider la Police nationale d’Haïti à rétablir l’ordre.
Lors d’un exposé à la réunion du Conseil de sécurité de l’Onu, le mercredi 26 avril 2023, sur la situation explosive en Haïti, la nouvelle représentante spéciale du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) en Haïti et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), l’Équatorienne María Isabel Salvador a souligné la nécessité urgente d’un déploiement, autorisé par le Conseil de sécurité de l’Onu, d’une force internationale spécialisée, comme l’a exprimé le Secrétaire général de l’Onu, le Portugais Antonio Guterres, dans sa lettre datée du 8 octobre 2022.
Le gouvernement de facto en Haïti avait sollicité, le 7 octobre 2022, auprès de la communauté internationale, l’envoi d’une force multinationale, pour aider à lutter contre les gangs armés sur le territoire national. [emb rc apr 28/04/2023 13:20]