P-au-P, 27 avril 2023 [AlterPresse] --- Le collectif des partis politiques, signataires de la déclaration du 30 janvier 2023 [1], exprime de vives inquiétudes par rapport au climat de chaos qui s’installe dans le pays, « dans l’indifférence et la complaisance des autorités de facto qui occupent le pouvoir depuis près de 22 mois » (depuis le 20 juillet 2021), dans une note conjointe dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Ce collectif de 8 partis politiques critique l’irresponsabilité du gouvernement de facto face à l’exacerbation, au cours du mois d’avril 2023, des actes de violence des gangs armés contre de paisibles citoyennes et citoyens dans plusieurs communes, comme Pétionville (à l’est de la capitale, Port-au-Prince), Cité Soleil et Cabaret (nord), ainsi qu’au centre-ville de Port-au-Prince.
« Ce gouvernement, sans légitimité et sans mandat, révèle son incapacité à faire régner l’ordre républicain et à créer les conditions politiques et sécuritaires pour une transmission pacifique du pouvoir à des élus légitimes, issus d’élections inclusives et acceptables ».
« Dans certains cas, le recours à l’autodéfense pourrait conduire à des excès regrettables et à des actes de lynchage extrajudiciaire, qui sont intolérables dans un État de droit », craint le collectif de 8 partis politiques, signataires de la déclaration du 30 janvier 2023, tout en saluant le courage et la détermination de citoyens qui, au péril de leur vie, appuient les forces de police qui résistent aux gangs armés.
Des riverains en colère à Canapé Vert, dans la capitale, Port-au-Prince ont lynché puis brûlé, dans la matinée du lundi 24 avril 2023, les corps de plus d’une dizaine d’individus armés, après qu’ils ont été arrêtés, par la police, à bord d’un minibus.
Ces présumés bandits venaient en renfort à leurs acolytes, qui tentaient de prendre en otage le quartier de Débussy, non loin de Turgeau.
Plusieurs autres agresseurs ont été tués et lynchés par des riverains à Debussy, Turgeau, Carrefour-Feuilles (sud-est) et Meyotte (est), ces derniers jours.
Il existerait une corrélation entre la montée des actes de violences par les gangs armés et l’inscription du dossier d’Haïti sur l’agenda de discussions des institutions internationales ou régionales, relèvent ces huit partis politiques.
Cette manœuvre participerait « de la volonté du gouvernement de facto d’instrumentaliser les forums internationaux, pour forcer le peuple haïtien et les forces politiques résistantes à adhérer au plan de mise sous tutelle, porté par l’accord du 21 décembre 2022 et qui est en exécution, depuis 2004, par des pays dits amis d’Haïti », ajoutent-ils.
Après avoir sciemment saboté toutes tentatives de solutions concertées à la crise, le pouvoir en place tente, maintenant, de se reproduire à travers un accord mort-né dit « du 21 décembre 2022 », qui est déjà dénoncé par ses propres signataires, mettent-ils en garde.
Ce document dit de « consensus national », appelé aussi accord du 21 décembre 2022, signé par le gouvernement de facto, avec plusieurs représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et du secteur privé, a contribué à la mise en place d’un Haut conseil de transition (Hct), dont les trois membres ont été installés, le lundi 06 février 2023, à Port-au-Prince.
Le collectif des partis politiques, signataires de la déclaration du 30 janvier 2023, déclare renouveler « sa volonté de poursuivre, avec les forces politiques, économiques et sociales, la grande concertation nationale, dans la perspective d’instaurer une gouvernance consensuelle, sous la direction éclairée, patriote d’une équipe gouvernementale dotée de l’appui politique nécessaire, pour encadrer la transition, jusqu’à l’installation d’élus légitimes à la tête du pays ». [emb rc apr 27/04/2023 12:00]
[1] Le Collectif des signataires de la déclaration du 30 janvier 2023 regroupe les partis politiques Pitit Desalin, Kontrapèpla, l’Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir),l’Organisation du peuple en lutte (Opl), le Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh), le Grand rassemblement pour l’évolution d’Haïti (Greh), le Parti haïtien tèt kale (Phtk).