P-au-P, 25 avril 2023 [AlterPresse] --- Le gouvernement de facto n’a aucun plan pour garantir la sécurité de la population en Haïti, qui subit les attaques meurtrières des gangs armés, fustige la directrice nationale de la commission épiscopale (catholique romaine) Justice et de la paix (Ce-Jilap), Jocelyne Colas, dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Le climat de terreur, installé dans le pays par ces gangs est inacceptable et révoltant, dénonce la Ce-Jilap, tout en critiquant l’irresponsabilité de l’État face à cette situation.
« Beaucoup de citoyennes et citoyens sont tués, alors que plusieurs autres sont contraints de quitter leurs domiciles pour aller se réfugier vers d’autres endroits ».
« Aujourd’hui, nous vivons dans un pays gangstérisé. Aujourd’hui, la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, est ceinturée avec les gangs armés, qui violent de jeunes filles, des Madan Sara (commerçantes), kidnappent et tuent les citoyennes et citoyens », s’indigne le coordonnateur de l’organisme Gardiens des droits humains (Gdh), Rovelson Appolon, joint également au téléphone par AlterPresse.
L’organisme Gdh s’élève contre le comportement laxiste du gouvernement de facto face à la crise sécuritaire et un énième massacre des gangs armés contre la population de Source Matelas, troisième section communale de Cabaret (à environ 37 km au nord de Port-au-Prince).
Depuis le mercredi 19 avril 2023, au moins une centaine de personnes ont été assassinées, à Source Matelas, par des bandits armés opérant à Canaan et à Ti Tanyen, respectivement dirigés par les chefs de gangs Jeff Larose et Jean Auguste Chérismé alias jeneral Bogi, selon un décompte du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
Le nouveau massacre à Source Matelas montre à quel point ces dirigeants ne se soucient point du peuple haïtien, relève l’organisme Gardiens des droits humains.
C’est seulement 48 heures, après l’assaut des gangs armés à Source Matelas, que la Police nationale d’Haïti (Pnh) a conduit une intervention normale pour venir en aide à la population aux abois, reproche l’organisme Gdh.
Interrogé par la plateforme AlterPresse/AlterRadio, le directeur exécutif du Rnddh, Pierre Espérance, pointe du doigt le régime du Parti haïtien tèt kale (Phtk) dans la gangstérisation et la banalisation de la vie en Haïti.
Plus de personnes sont tuées sous le gouvernement de facto d’Ariel Henry (du 19 juillet 2021 à date - avril 2023) que sous l’administration de l’ancien président de facto Jovenel Moïse, assassiné le 7 juillet 2021.
Ces derniers jours, les violences des gangs armés se sont intensifiées dans plusieurs zones, comme Source Matelas, dans plusieurs quartiers de Cité Soleil (municipalité au nord) et de Pétionville (est).
Du vendredi 14 au mercredi 19 avril 2023, environ 70 personnes, dont 18 femmes et au moins 2 enfants, ont été tuées et plus d’une quarantaine d’autres blessées par balles ou armes blanches, dans des affrontements entre gangs rivaux à Cité Soleil, particulièrement dans le quartier de Brooklyn, selon la branche en Haïti du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’Organisation des Nations unies (Onu). [je emb rc apr 25/04/2023 16:00]