P-au-P, 20 avril 2023 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) et le regroupement Ensemble contre la corruption (Ecc) demandent aux autorités de la République Dominicaine de rendre publique, sans délai, la nature des accusations retenues contre le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), Pierre Espérance, dans une note conjointe transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
« L’amalgame manifeste, qui transpire de leur décision et qui vise politiquement et moralement un des membres du secteur des droits humains, sera considéré comme une attaque contre tout le secteur dans le pays », au cas où les autorités dominicaines ne rendraient pas publiques, sans délai, des explications pertinentes, mettent en garde la Pohdh et l’Ecc.
« Les organisations de la société civile et de la défense des droits ne se laisseront pas intimidées par une telle manœuvre politicienne », insistent la Pohdh et l’Ecc, tout en déclarant réitérer leur solidarité à Pierre Espérance et au Rnddh.
« Une telle décision, dénuée de toute justification, ne peut être que de nature à semer la confusion ou une velléité de neutraliser l’action militante du Rnddh et de son principal responsable », écrivent ces organismes de droits humains.
La République Dominicaine a annoncé des sanctions contre 39 personnalités politiques haïtiennes et autres, qui seraient impliquées dans la violence en Haïti et seraient une menace aux institutions et aux intérêts dominicains, parmi elles le défenseur des droits humains Pierre Espérance.
Un ordre, signé du président dominicain Luis Abinader, en date du 14 avril 2023, leur interdit, désormais, l’entrée en République Dominicaine, en vue de « protéger la sécurité » de la population dominicaine.
Le Canada et les États-Unis d’Amérique ont déjà sanctionné plus d’une soixantaine de personnes, depuis octobre 2022, pour financement des gangs, corruption et blanchiment d’argent, issu, entres autres, du trafic de drogue.
La République Dominicaine dispose pleinement de son droit de déterminer la nature de ses intérêts et d’en assurer leurs défenses, reconnaissent la Pohdh et l’Ecc.
En revanche, poursuivent-elles, « il ne lui revient aucunement la liberté d’être tutrice de la cause des droits humains en Haïti et d’être censeur de l’engagement pris par les organisations dudit secteur ».
« Le militantisme d’Espérance et son combat au sein du Rnddh, contre les violations des droits humains, la corruption et l’impunité en Haïti, sont bien connus sur le plan national et reconnus au niveau international. Ils ne peuvent aucunement constituer des motifs de sanctions ».
Cette décision pourrait viser à renforcer le gouvernement de facto et ses alliés dans son offensive pour organiser des élections à tout prix, dans ce contexte de déficit de légitimité politique et d’insécurité généralisée, où les libertés publiques sont constamment violées, relèvent la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) et le regroupement Ensemble contre la corruption. [mff emb rc apr 20/04/2022 14:40]