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Haïti-Crise : La nouvelle cheffe du Binuh saura-t-elle faire face aux défis qui l’attendent ?

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 20 avril 2023 [AlterPresse] --- La nouvelle représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en Haïti et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), l’Équatorienne María Isabel Salvador, entame depuis le lundi 17 avril 2023, ses premières prises de contact avec différentes autorités en Haïti, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Le premier ministre de facto, Ariel Henry, a rencontré, le lundi 17 avril 2023, la nouvelle cheffe du Binuh sur les principaux dossiers concernant cette mission.

Maria Isabel Salvador a félicité le chef du gouvernement de facto pour les résultats (?) obtenus en matière de dialogue et pour les démarches engagées dans le cadre du lancement d’un processus électoral.

Elle s’est également entretenue, le mardi 18 avril 2023, avec le titulaire de facto du Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec), Jean Victor Généus, sur des questions de coopération entre Haïti et les Nations unies.

Arrivée à Port-au-Prince le dimanche 16 avril 2023, Maria Isabel Salvador a été accueillie à l’aéroport international Toussaint Louverture par Généus.

Sourire aux lèvres, la remplaçante de la très décriée l’Américaine Helen Meagher La Lime, a aussi rencontré, le mercredi 19 avril 2023, à Port-au-Prince, le directeur général ad intérim de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Frantz Elbé.

Cette première rencontre de prise de contact entre la nouvelle cheffe du Binuh et le commandant en chef de la Pnh s’est déroulée dans une capitale secouée par des tirs nourris de gangs armés.

En effet, le jour même, des bandits armés, de tout acabit, ont fait parler la poudre, provoquant de vives tensions et des déplacements de plusieurs familles traumatisées dans plusieurs quartiers, situés à l’est et au nord de la capitale au su des autorités policières qui étaient, encore une fois, impuissantes, à calmer la situation.

Cette rencontre, déroulée en présence, entre autres, des membres du haut-commandement de la Pnh, permettra-elle, au moins, à María Isabel Salvador de se faire une idée exacte du climat de terreur, auquel fait face au quotidien les citoyennes et citoyens haïtiens ?

Comme auraient fait tous diplomates, María Isabel Salvador a réaffirmé l’engagement des Nations unies de continuer à appuyer la Pnh dans ses actions, visant à lutter contre la criminalité sous toutes ses formes en Haïti, tout en saluant le travail de la Pnh.

Renouvelant la franche collaboration de la Pnh avec le Binuh, Frantz Elbé en a profité pour réitérer la ferme détermination des membres du haut-commandement de la Pnh de tout mettre en œuvre, en vue d’avoir une police plus professionnelle et efficace.

Avec plus de 25 ans d’expérience dans des fonctions de gestion, de conseil, politiques et diplomatiques, María Isabel Salvador, sera-t-elle capable de relever les défis liés à la crise sécuritaire ?.

Une détérioration sans précédent

Depuis l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, de l’ancien président de facto, Jovenel Moïse, la situation s’est fortement détériorée avec la prolifération des gangs armés, qui étendent leur contrôle sur plusieurs pans de territoires dans la capitale, Port-au-Prince, et dans des départements géographiques, comme l’Artibonite.

Les conseils du Binuh, en vue d’aider à assurer la promotion et le renforcement de la stabilité politique dans le pays, suffiront-ils à contenir ce baril de poudre, prêt à exploser ?

Depuis longtemps, beaucoup d’experts multidisciplinaires des Nations unies ont défilé en Haiti, dans le but d’aider à stabiliser le pays, mais en vain.

Au pire, un climat de terreur sans précédent a été instauré, en toute impunité, par des gangs lourdement armés, qui ont été, suivant une perception dominante, encouragés par l’ancienne cheffe du Binuh, Helen La Lime, à se fédérer.

Au lieu de réduire la violence des gangs et la violence communautaire, le Binuh y a visiblement contribué.

Toutes les formations et tous les fonds, mis au service de la professionnalisation de la Pnh, par les multiples forces onusiennes, qui sont intervenues dans le pays, n’ont pas, non plus, aidé à garantir la sécurité sur le territoire national.

Au lieu de cela, la situation sécuritaire a empiré.

Des informations font même état de policiers nationaux, devenus des bandits ou des complices de chefs de gangs notoires.

L’intégrité de la Pnh est grandement écorchée. L’échec onusien saute aux yeux !

L’Équatorienne María Isabel Salvador, sera-t-elle à la hauteur de tous ces défis et bien d’autres encore, comme celui de promouvoir un dialogue national entre les Haïtiennes et Haïtiens et d’appuyer les efforts pour planifier et organiser des élections libres, justes et transparentes, dans un contexte qui ne s’y prête guère ? [emb rc apr 20/04/2023 11:20]