P-au-P, 13 avril 2023 [AlterPresse] --- L’Association nationale des médias haïtiens (Anmh) et l’Association des journalistes haïtiens (Ajh) invitent le gouvernement de facto à accorder la priorité à la situation sécuritaire en Haïti, dans des interviews accordées à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
« Notre priorité est accordée à la vie et à la libération du directeur général de la télévision Canal Bleu, Robert Denis, enlevé le mardi 11 avril 2023, sur la route de Frères. Nous sommes inquiets pour l’état de santé de Robert Denis, qui est souffrant », a déclaré le président de l’Anmh, Jacques Sampeur, en réponse à la demande du gouvernement de facto l’invitant à prendre part à une rencontre, le 12 avril 2023, sur la situation dans le pays.
L’Anmh avait décliné cette invitation du cabinet du premier ministre de facto, Ariel Henry, faite dans une correspondance en date du 10 avril 2023.
Dans la lettre, le cabinet d’Ariel Henry a aussi demandé à l’Anmh de proposer une seconde personne, parmi les 20 personnalités issues de divers secteurs représentatifs de la société civile, qui devraient être soumises au Haut conseil de transition (Hct) et parmi lesquels le choix des 9 membres sera effectué, pour former un Conseil électoral provisoire (Cep).
La rencontre du 12 avril 2023 a été finalement reportée sine die, après que l’Anmh a refusé de s’y rendre, affirmant vouloir donner la priorité à la libération du vice-président de l’Anmh, Robert Denis.
« Le comportement du gouvernement de facto est inacceptable. Il y a une absence totale des autorités », fustige l’Anmh, qui a appelé, dans une note, le gouvernement de facto à œuvrer pour mettre un terme au fléau du kidnapping.
[389 enlèvements ont été recensés pour le premier trimestre de 2023 (janvier à mars 2023), a dénombré la Cellule d’observation de la criminalité (Coc) du Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), dans un rapport en date du mardi 4 avril 2023.
« Je salue les efforts, je m’incline devant les sacrifices consentis par les journalistes actuels qui, en dépit de tout, continuent de pratiquer le métier de journalisme en Haïti. La situation sécuritaire des journalistes s’amplifie davantage. Les journalistes sont tués lors des reportages, d’enquête, et même à leurs domiciles », exprime Jacques Sampeur à AlterPresse/AlterRadio.
« Il faut qu’il y ait des élections, car le pays ne peut pas se permettre de passer 4 à 5 ans dans la transition. Mais, organiser des élections n’est point la priorité en ce moment. Il revient au gouvernement de facto de donner la garantie au peuple haïtien que, dans un temps donné, la situation s’améliorera en vue de la réalisation des élections », affirme, pour sa part, le secrétaire de l’Ajh, Jacques Desrosiers, interrogé par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
« La situation est intenable en Haïti. Les actions gouvernementales ne sont pas suffisantes. Les résultats, les actions ne correspondent pas avec ce que le peuple haïtien attend. Il faut que le gouvernement fasse beaucoup plus d’efforts », souligne l’Ajh.
Dans l’optique de monter un Cep et d’organiser les élections, le gouvernement de facto avait procédé, le lundi 06 février 2023, à l’installation de trois membres d’un Haut conseil de transition (Hct).
Une installation unilatérale de membres d’un Hct, qui risque d’empirer la situation en Haïti, a prévenu la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains
Il s’agit de Mirlande Hyppolite Manigat (secteur politique), Laurent Saint Cyr (secteur privé) et Calixte Fleuridor (président de la Fédération protestante d’Haïti / Fph, société civile).
Le dit Hct aurait pour objectif en étroite collaboration avec le gouvernement de facto, « d’appeler à s’assurer de la crédibilité et de l’intégrité des élections, en participant au choix des membres du Cep et en organisant des évaluations d’étape, assorties de recommandations pour la performance du processus électoral » selon le gouvernement de facto lors des installations des membres dudit Hct.
Le Hct serait le fruit d’un document dit de « consensus national » appelé aussi l’accord, du 21 décembre 2022, signé par le gouvernement de facto, avec plusieurs représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et du secteur privé. [je emb rc apr 13/04/2023 15:50]