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7 avril 2023, 220e anniversaire de la mort de Toussaint Louverture

Louverture, le Grand Don

Par Jean Ledan fils*

Extrait de sa chronique « A propos de l’histoire d’Haïti, saviez-vous que… »

Repris par AlterPresse, à l’occasion du 220e anniversaire de la mort de Toussaint Louverture, ce 7 avril 2023

Toussaint Louverture est généralement connu comme l’ancien esclave devenu Général en Chef de Saint-Domingue et le Précurseur de l’Indépendance haïtienne. Sur l’habitation Bréda, une des propriétés du comte de Noé gérée par Baillon de Libertat, Toussaint fut tour à tour gardien de chevaux, ‘docteur-feuilles’, cocher, assistant-intendant, homme de confiance, etc. Toussaint faisait toujours allusion à sa vie d’ancien esclave, mais révélait peu de sa vie d’affranchi, avant les débuts de la Révolution haïtienne (1791 – 1804).

Toussaint Bréda était un nègre libre. Il jouissait d’une “liberté de savane” qui, en fait, était un acte à caractère privé afin d’éviter les coûts et démarches administratives de l’affranchissement officiel. Sa situation fut régularisée une quinzaine d’années avant d’incorporer le groupe de Biassou en tant que ‘docteur feuilles’. Des documents authentiques aux Archives Nationales de France révèlent que Toussaint était un « nègre reconnu comme libre par MM. le Général et l’Intendant l’an mil sept cent soixante-seize ».

Toussaint Louverture était de même fermier. Un registre du Borgne des années 1778/79 parle d’un esclave qui fut « affranchi de Toussaint Bréda, nègre libre ». Toussaint était fermier de l’habitation d’Héricourt, et de plus, Toussaint figurait dans deux actes notariés au Cap : dans l’un, Toussaint prit à ferme de Philippe Jasmin Désir, son gendre, qui avait épousé une de ses filles naturelles appelée Martine, seize carreaux de terre avec sept cases et treize esclaves, “tous nègres créoles ne formant qu’une seule famille”. Dans l’autre en 1781, Toussaint prenait à bail deux emplacements et deux esclaves. (Jean Fouchard)

Toussaint, nègre libre, affranchi et fermier, fournit lui-même une idée sur cette tranche de sa vie dans Le Moniteur Universel du 9 janvier 1799 :

« Jusqu’au moment de la Révolution, je n’en avais pas quitté ma femme une heure ; nous allions travailler à notre place (champ) en nous donnant la main, nous revenions de même. A peine nous apercevions-nous des fatigues du jour… Le ciel a toujours béni notre travail ; car non seulement nous vivions dans l’abondance et nous faisions des épargnes, mais nous avions encore le plaisir de donner des vivres aux Noirs de l’habitation quand ils en manquaient. Le dimanche et les fêtes, nous allions à la messe, ma femme et moi et mes parents. De retour à la case, après un repas agréable, nous passions le reste du jour en famille, et nous le terminions par la prière que nous faisions en commun.  » (Pierre Pluchon)

* Pour les 220 ans de la mort de Toussaint Louverture (2023), voir * les ÉPHÉMÉRIDES DE LA MORT DE LOUVERTURE du 7 juin 1802 au 9 avril 1803, dans Jean Ledan fils : A propos de l’histoire d’Haïti, saviez-vous que… Volume VIII, illustré, 2003 & LA SAGA DE Mme LOUVERTURE EN France , dans L’histoire d’Haïti au singulier, illustré, 2012.