Dirigé par l’évadé de prison Kempès Sanon, un allié de Gran Ravin, de Village-de-Dieu, de 400 Mawozo, le « Haut » Bel Air, une zone de transit, à Port-au-Prince, fait partie des nouvelles zones ayant intégré l’industrie du kidnapping
P-au-P, 04 avril 2023 [AlterPresse] --- 389 enlèvements ont été recensés pour le premier trimestre de 2023 (janvier à mars 2023), indique la Cellule d’observation de la criminalité (Coc) du Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), dans un rapport en date du mardi 4 avril 2023, consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Ce nombre de cas de kidnapping accuse une augmentation d’un peu plus de 173% par rapport à celui de 2021 et de 72 % par rapport à celui de 2022, au cours desquels 142 et 225 enlèvements ont été respectivement dénombrés, précise le Cardh.
29 ressortissantes et ressortissants étrangers (en provenance de trois pays) ont été enlevés durant le premier trimestre de 2023 contre 40 (en provenance de neuf pays) pour celui de 2022, une diminution de 27%, ajoute-t-il.
127 enlèvements ont été aussi signalés au cours du dernier trimestre de 2022 (octobre à décembre 2022), poursuit l’organisme de défense des droits humains.
Une augmentation exponentielle du kidnapping, suite aux sanctions américano-canadiennes et onusiennes
« Cette augmentation exponentielle du kidnapping, pour le premier trimestre de 2023, pourrait s’expliquer par un besoin de compenser une perte financière énorme, en raison des sanctions bilatérales et celles multilatérales en perspective (Nations unies) visant des personnalités, tant au niveau du secteur privé qu’au niveau de la classe politique, qui soutiennent directement ou indirectement les gangs », avance le Cardh.
L’augmentation des actes de kidnapping pourrait être également due aux sanctions économiques, adoptées à l’encontre de certains secteurs qui, traditionnellement, financent une importante partie des activités électorales.
Le Cardh met en avant le rôle de l’argent illicite, de l’argent sale dans les élections en Haïti.
Un réseau de kidnapping au Bel Air
Dirigé par l’évadé de prison Kempès Sanon, un allié de Gran Ravin, de Village-de-Dieu, de 400 Mawozo, le « Haut » Bel Air, une zone de transit, à Port-au-Prince, fait partie des nouvelles zones ayant intégré l’industrie du kidnapping, révèle le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh).
Une vingtaine d’enlèvements y ont déjà eu lieu, pour le début de l’année 2023.
La volonté du groupe de Kempès Sanon de contrôler les zones, comme Delmas 24 et Solino, à des fins de kidnapping et autres, est la cause fondamentale des derniers affrontements, qui ont débuté le 28 février 2023, dans le quartier de Bel Air, selon le Cardh.
Une dizaine de bandits y ont été tués, d’autres brûlés et une quinzaine d’autres blessés dans le camp de Kempès Sanon, des dizaines de maisons ont été détruites.
Au moins deux femmes, qui participeraient aussi aux actes de kidnapping, ont été exécutées, parce qu’elles seraient de la bande à Kempès Sanon, toujours d’après le Cardh.
Fort Jacques, Fermathe, Kenscoff, Laboule, Thomassin, Boutilliers (à l’est de Port-au-Prince), en plus de Bel Air, à Port-au-Prince, deviennent aussi de nouveaux foyers de kidnapping et de violences des gangs armés.
Entre dix (10) à vingt (20) personnes seraient enlevées en une journée par le gang de Carlo Petit-Homme, dénommé Ti Makak, qui opère à Laboule.
Face à l’incapacité de la Police nationale d’Haïti (Pnh) à protéger et garantir la sécurité de la population contre la cruauté des gangs, qui tuent, violent, torturent en toute quiétude et impunité, le Cardh estime que la Pnh a besoin d’une force d’accompagnement adaptée, pour l’aider à rétablir la sécurité sur le territoire national.
Il exhorte le gouvernement de facto à garantir le respect des droits des citoyennes et citoyens, en prenant des dispositions visant à combattre les gangs, pour montrer sa détermination.
Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains appelle à opérer des changements dans l’administration publique et à initier, de concert avec la direction de la police nationale, le processus de vetting (enquêtes devant aboutir à une épuration dans les unités de la Pnh). [emb rc apr 04/04/2023 12:15]