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Politique : Les violations de la Constitution du 29 mars 1987 à l’origine de l’aggravation de la crise en Haïti, selon les partis Mopod et Opl

P-au-P, 30 mars 2023 [AlterPresse] --- La crise en Haïti, accompagnée des troubles sociopolitiques, s’est aggravée à cause des violations systématiques de la Constitution du 29 mars 1987, par les gouvernements qui se sont succédé dans le pays, relève le parti politique Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlteRadio.

« Nous n’appliquons pas la Constitution haïtienne. Nous ne l’amendons pas pour l’adapter à l’évolution de la société », deplore le coordonnateur général du Mopod, l’ingénieur-agronome Jean André Victor, à l’occasion du 36e anniversaire de la Constitution du 29 mars 1987.

Les présidents, qui ont prêté serment pour faire respecter la Constitution, sont les premiers à la violer. Ils sont responsables de la stabilité institutionnelle, blâme le parti politique Mopod.

Le chef du gouvernement de facto, Ariel Henry, qui voudrait changer la Constitution haïtienne de 1987, avait souhaité la formation, au cours de l’année 2022, d’une Assemblée nationale constituante, selon l’accord du 11 septembre 2021, qu’il a signé avec différentes organisations politiques, pour travailler sur une réforme constitutionnelle.

Cette démarche d’Ariel Henry a été qualifiée d’inconstitutionnelle par plusieurs secteurs politiques.

Il n’y a aucune nécessité de changer la Constitution, lors même qu’elle mériterait d’être réévaluée, estime le coordonnateur de parti politique Organisation peuple en lutte (Opl), Edgard Leblanc Fils, interrogé par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

Le problème réel réside dans la non application de la Constitution, soutient le parti politique Opl.

« Les dirigeants n’appliquent pas la Constitution. C’est la raison pour laquelle il n y a, à présent, aucun élu dans le pays. En dépit de tout, nous continuons à affirmer que nous vivons dans un pays démocratique ».

Haïti n’a pas un problème de Constitution, mais de mise en application de celle-ci, considère le professeur d’Université, Victor Benoit, à l’occasion du 36e anniversaire de la Constitution du 29 mars 1987, amendée dans des circonstances troubles.

Progressiste et libérale, la Constitution du 29 mars 1987 a prévu une série de réformes profondes au niveau de l’éducation, de l’agriculture, de l’industrie, de la décentralisation et du respect des droits humains, souligne, à la plateforme AlterPresse/AlterRadio, Victor Benoit.

« La Constitution n’est pas responsable de la non application de toutes ces réformes. Mais, ce sont les élites du pays, alliées à des forces sociales rétrogrades, qui bloquent le processus de l’organisation des élections », déclare-t-il.

« La Constitution haïtienne a rempli trois missions importantes, de 1987 à nos jours : garantir le respect des droits humains, éviter la dictature et prévenir tout changement de la Constitution par référendum », fait valoir, pour sa part, l’historien Georges Michel, interrogé également par AlterPresse/AlterRadio.

« La Constitution n’est pas le problème actuel. Elle n’empêche pas la bonne marche du pays. Le premier ministre de facto, Ariel Henry, n’a pas la mission de changer la Constitution. Le gouvernement de facto cache de mauvaises intentions, en déclarant vouloir changer la Constitution », met en garde Georges Michel. [je emb rc apr 30/03/2023 13:10]