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Haïti-Crise : Le professeur Victor Benoit et l’historien Georges Michel critiquent la non application de la Constitution du 29 mars 1987

P-au-P, 29 mars 2023 [AlterPresse] --- Haïti n’a pas un problème de Constitution, mais de mise en application de celle-ci, considère le professeur d’Université, Victor Benoit, à l’occasion du 36e anniversaire de la Constitution du 29 mars 1987, amendée dans des circonstances troubles, dans une interview à l’agence en ligne AlterPresse.

Progressiste et libérale, la Constitution du 29 mars 1987 a prévu une série de réformes profondes au niveau de l’éducation, de l’agriculture, de l’industrie, de la décentralisation et du respect des droits humains, souligne Victor Benoit.

« La Constitution n’est pas responsable de la non application de toutes ces réformes. Mais, ce sont les élites du pays, alliées à des forces sociales rétrogrades, qui bloquent le processus de l’organisation des élections ».

Le professeur Victor Benoit dénonce les forces rétrogrades et anti-démocratiques, qui n’ont pas mis en place un ensemble d’institutions, comme le Conseil électoral permanent (Cep) et la Cour constitutionnelle, prévues par la Constitution.

Si la Constitution avait été appliquée, le pays ne se trouverait pas dans la situation de crise actuelle, considère Benoit, qui affirme s’opposer à tout changement constitutionnel.

Il propose d’évaluer, à l’avenir, la Constitution pour chercher ses points faibles et l’amender, le cas échéant, dans le respect des normes.

Le chef du gouvernement de facto, Ariel Henry, qui voudrait changer la Constitution haïtienne de 1987, avait souhaité la formation, au cours de l’année 2022, d’une Assemblée nationale constituante, selon l’accord du 11 septembre 2021, qu’il a signé avec différentes organisations politiques, pour travailler sur la réforme constitutionnelle.

Cette démarche d’Ariel Henry a été qualifiée d’inconstitutionnelle par plusieurs secteurs politiques.

« La Constitution haïtienne a rempli trois missions importantes, de 1987 à nos jours : garantir le respect des droits humains, éviter la dictature et puis prévenir tout changement de la Constitution par referendum », rappelle, pour sa part, l’historien Georges Michel, interrogé par AlterPresse.

« La Constitution n’est pas le problème actuel. Elle n’empêche pas la bonne marche du pays. Le premier ministre de facto, Ariel Henry, n’a pas la mission de changer la Constitution. Le gouvernement de facto cache de mauvaises intentions, en déclarant vouloir changer la Constitution », met en garde Georges Michel.

La Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (Chcdh) fustige l’alliance des forces réactionnaires, visant à abolir et à annihiler, du même coup, les acquis de la Constitution du 29 mars 1987, dans un document publié sur AlterPresse, à l’occasion du 36e anniversaire de la Constitution haïtienne.

« Cette logique politique de concentration du pouvoir arrive à son apogée avec le régime du Parti haïtien tèt kale (Phtk), grâce à la complicité des pays du Core Group », s’insurge la Chcdh.

La Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti appelle à la sauvegarde des acquis démocratiques, issus des luttes populaires légitimées par la Constitution du 29 mars 1987. [je emb rc apr 29/03/2023 12:20]