P-au-P, 23 mars 2023 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations politiques critiquent la duplicité, l’absence de volonté politique et de capacité du gouvernement de facto, face à la crise en Haïti, dans des déclarations dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Le Collectif des partis politiques, signataires de la déclaration du 30 janvier 2023 [1] fustige le double langage, dont fait montre le premier ministre de facto, Ariel Henry, face à la détérioration de plus en plus accélérée de la situation, aujourd’hui en Haïti.
Ariel Henry déclare vouloir le dialogue, tout en s’arrangeant pour faire échouer toutes les tentatives de négociation engagées de bonne foi par différents acteurs.
Ces partis politiques s’en prennent aussi à l’hypocrisie du premier ministre de facto, qui annonce l’organisation d’élections en 2023, tout en sabordant tout processus électoral, en partageant volontairement les espaces du territoire national avec les gangs armés.
Les négociations entre différents protagonistes politiques, en vue d’une issue à la crise qui ne cesse point de s’aggraver, restent encore figées.
Le climat de terreur s’intensifie de plus en plus dans le pays, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince où des zones autrefois paisibles deviennent, du jour au lendemain, sous le contrôle de gangs armés.
Des assassinats, des enlèvements et viols continuent d’être commis en toute impunité par ces malfrats, qui défient les autorités étatiques de plus en plus impuissantes face à cette situation.
Au total 531 personnes ont été tuées, 300 autres blessées et 277 autres kidnappées, de janvier à mars 2023, dans un contexte de violences armées entre gangs rivaux, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, a indiqué, le mardi 21 mars 2023, le Haut commissariat de l’Organisation des Nations unies (Onu) aux droits humains (Hcdh), dans une déclaration.
Le gouvernement de facto d’Ariel Henry se révèle « insensible aux douleurs et souffrances du peuple haïtien, exposé aux kidnappings institutionnalisés, aux massacres organisés et aux viols généralisés, depuis sa prise de fonction il y a une vingtaine de mois » (Ndlr : Ariel Henry s’est installé comme premier ministre de facto, le mardi 20 juillet 2021, à la suite d’un tweet de la communauté internationale, suivant les vœux du Core group), condamne le Collectif des partis politiques, signataires de la déclaration du 30 janvier 2023.
Le régime en place serait aussi « obnubilé par des privilèges du pouvoir. Il utilise directement ou indirectement les gangs comme armes de combat politique pour alimenter un climat d’insécurité », fustigent ces partis politiques.
Le 30 janvier 2023, ces partis politiques avaient déclarée vouloir prendre toutes les dispositions urgentes, en se concertant avec différentes forces vives du pays, en vue de parvenir à une solution consensuelle et durable, capable de redresser la situation délétère en Haïti.
Accélération de la crise multidimensionnelle
La situation en Haïti continue de se dégrader quotidiennement, 20 mois après l‘installation du premier ministre de facto, Ariel Henry, relèvent, dans une note, le Bureau de suivi de l’accord de Montana (Bsa), le Conseil national de transition (Cnt), de la Plateforme de la société civile (Pss) et du Forum politique de Montana (Fpm).
Pendant ces 20 mois, le gouvernement de facto n’a montré ni volonté, ni capacité pour adresser cette crise, qui entraîne la paralysie des activités économiques, sociales et culturelles, condamnent ces entités issues de l’accord du 30 août 2021, plus connu sous le nom d’accord de Montana.
« Le gouvernement a laissé le pays devenir un enfer pour celles et ceux qui y vivent. Partout, les gangs sèment la terreur, aucun quartier n’est épargné. Enfants, personnes âgées, femmes enceintes, tout le monde, sont sur la menace du kidnapping, du viol, des tirs nourris ».
Le support de la communauté internationale à Ariel Henry et son gouvernement de facto amplifie la crise, signale le mouvement Montana, qui appelle toutes les Haïtiennes et tous les Haïtiens à mettre sur pied une unité nationale, afin de reconstruire l’État.
Toutes les organisations et personnalités signataires de l’accord du 30 août 2021 et de la diaspora sont également invitées à se rejoindre, pour mobiliser, rencontrer les acteurs d’autres secteurs, en vue d’une unité historique du peuple, pouvant aider à sortir la république d’Haïti du chaos devenu de plus en plus chronique, dans lequel elle se retrouve plongée depuis plusieurs mois. [wr mff emb rc apr 24/03/2023 10:30]
[1] Le Collectif des partis politiques, signataires de la déclaration du 30 janvier 2023, regroupe le Grand rassemblement pour l’évolution d’Haïti (Greh), la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh), le Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), l’Organisation du peuple en lutte (Opl), le parti politique Pitit Desalin, le Parti haïtien tèt kale (Phtk) et l’Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir).