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Haïti-Rép. Dom. : Une dizaine d’organisations réclament une enquête sur la mort de deux Haïtiens tués par des soldats dominicains à Ti Lori

P-au-P, 22 mars 2023 [AlterPresse] --- Environ une dizaine d’organisations dominicaines et haïtiennes [1] demandent une enquête indépendante pour faire la lumière sur la mort de deux Haïtiens, Kiki Guerrier et Irano Joseph, tués par balle, le dimanche 19 mars 2023, par des militaires dominicains, dans la localité haïtienne de Ti Lori (située dans la troisième section communale de Cerca-la-source), à la frontière près de la province de Dajabón, à travers une pétition en date du mardi 21 mars 2023, transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

Un nombre indéterminé de personnes ont été également blessées par balles, le dimanche 19 mars 2023, à Ti Lori, rapportent ces organisations, qui exigent la peine légale maximale pour les responsables, des réparations aux victimes et des excuses officielles du gouvernement de la République Dominicaine.

Ces actes criminels ont pour toile de fond la politique du gouvernement de Luis Abinader d’exiger une intervention militaire internationale contre Haïti, de commettre des violations massives des droits humains et des expulsions collectives contre la communauté haïtienne, fustigent-elles.

Abinader promeut également un projet de Code pénal, qui inclurait la création d’une juridiction militaire, en vue d’exempter les militaires de la juridiction civile dans certains cas.

« Que les arrestations arbitraires, les vols d’argent, de motos et d’autres biens par les militaires dans la zone frontalière cessent. Que la juridiction militaire soit retirée du projet de Code pénal dominicain, pour éviter que l’impunité ne se renforce », souhaitent ces organisations signataires de la pétition.

Elles disent non à l’augmentation des dépenses militaires, à l’utilisation de l’armée pour contrôler l’ordre public et les expulsions, à la participation militaire aux processus d’interdiction de l’immigration à la barrière frontalière, avec des dépenses militaires secrètes, et à l’utilisation de la doctrine répressive de la sécurité nationale pour stigmatiser la communauté immigrée haïtienne comme un ennemi et comme une menace à la souveraineté dominicaine.

L’événement du dimanche 19 mars 2023 s’est produit dans un contexte d’exactions, perpétrées par les forces répressives de la zone contre des ressortissantes et ressortissants haïtiens, notamment des arrestations arbitraires et des vols d’argent, soulignent-elles.

L’armée dominicaine a lancé une attaque contre la localité haïtienne de Ti Lori, après le déclenchement d’une manifestation pour dénoncer des abus systématiques de la part de soldats dominicains.

Cette attaque constitue une violation flagrante des lois nationales et internationales contre des civils non armés, qui tentaient de se défendre en lançant des pierres contre leurs agresseurs, poursuivent les organisations signataires de la pétition.

Ce crime s’ajoute à d’autres attaques, comme celle perpétrée le 5 août 2022, lorsque des militaires ont tiré à Anse-A-Pitres (sur la frontière commune avec Pedernales), après qu’un agent des douanes a assassiné le jeune Immercher Theoly Vilasky au poste frontalier.

Le même dimanche 19 mars 2023, presque en même temps que « le massacre » de Ti Lori, le président Abinader a dirigé un défilé civilo-militaire à Azua [2], pour commémorer un affrontement militaire, survenu en 1844 entre Dominicains et Haïtiens.

Le même jour, à Nueva Jerusalén, Santo Domingo Este, les militaires ont procédé à une expulsion arbitraire, blessant plusieurs personnes, dont une grièvement.

De tels faits montrent combien le climat répressif s’aggrave, non seulement pour la communauté immigrée haïtienne, mais aussi pour la population dominicaine elle-même, déplorent les organisations signataires de la pétition en date du 21 mars 2023. [wr emb rc apr 22/03/2023 14:15]


[1Les organisations signataires de la pétition sont la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), le Mouvement socialiste des travailleurs et ouvrières (Mst), Femmes partenaires politiques Mama Tingó, le Militantisme révolutionnaire socialiste (Mrs), le Mouvement socioculturel des travailleurs haïtiens (Mosctha), Producteurs de canne à sucre organisés, entre autres.

[2Chef-lieu de la province d’Azua, Azua de Compostela est une ville portuaire de la République Dominicaine, située à 5 km du littoral de la mer des Caraïbes et à 87 km à l’ouest de Santo Domingo.