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Haïti-Criminalité : Signaux de résistance…

Par Gotson Pierre

P-au-P., 20 mars 2023 [AlterPresse] --- Le siège des quartiers de l’est et de plusieurs zones du centre de la capitale se poursuit, mais quelques signaux de résistance sont perceptibles, observe la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

Les gangs maintiennent leur offensive et continuent de tuer, de violer et d’allumer des incendies partout sur leur passage.

De Fort-Jacques à Pernier, en passant par Soisson, Duplan, Thomassin, La Boule, Marlique, profondément traumatisée le 17 mars dernier, Bois Moquette, Meyotte, Girardeau, Diègue, Corlette, Frères, Torcelle et leurs environs, c’est la terreur, selon divers témoignages.

Certains quartiers sont plus affectés que d’autres. Tout comme des secteurs au centre-ville, notamment Bel-air et ses alentours, où d’assourdissantes détonations à l’arme automatique maintiennent les familles sous une pression constante.

Des dizaines de morts, des déplacés par milliers et de nombreux otages : le bilan, en évolution constante, est toujours à établir.

Inconnus aussi dans l’équation : l’objectif et les cerveaux derrière cette guerre qui ne dit pas son nom, dans un contexte d’instabilité politique renforcée.

En attendant, la vie tend à déserter les communautés touchées, où les populations demeurent sans secours. Présence quasi symbolique de la police.

Ralentissement considérable des activités. Rues « blanches » (désertées).

Se mettre à l’abri. Rester cloitrer ou fuir. Éviter comme on peut de se risquer dehors.

En l’absence des secours, qui tardent cruellement, un brin de résistance est quand-même perceptible.

Exemple : Solino, au centre-ville, repousse les assaillants. Source Matelas, au nord de la capitale, tente une contre-offensive dans la douleur : plusieurs morts.

Un retour aux brigades de vigilance semble être une option et tend à se généraliser dans plusieurs quartiers. Alertes de « kòn » (conques de) lambi au crépuscule, au cœur de la nuit ou à l’aube.

Il s’agit-là d’un retour à des pratiques de luttes des années 1980 et 1990, lorsque les militaires et paramilitaires répandaient le sang.

La démarche perceptible est donc de puiser dans ses propres expériences de luttes populaires. Sans laisser, bien sûr, de côté les leçons tirées, pour que le remède n’aggrave pas le mal. [gp apr 20/03/2022 10:00]

Photo : capture d’écran