Un accroissement exponentiel des gangs armés à Port-au-Prince et en province, particulièrement dans l’Artibonite, « le grenier à blé du pays »
Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 20 mars 2023 [AlterPresse] --- L’Organisation des Nations unies (Onu) et des Organisations non gouvernementales (Ong) internationales tirent la sonnette d’alarme par rapport à la détérioration quotidienne de la situation humanitaire en Haïti, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Cette dégradation est due à une spirale de violence et aux urgences liées à la protection, aux droits humains à l’insécurité alimentaire, ainsi qu’à une épidémie de choléra, ont averti, le samedi 18 mars 2023, six représentants des agences d’aide de l’Onu et des Ong internationales, à l’issue d’une mission de deux jours, les mercredi 15 et jeudi 16 mars 2023, en Haïti.
L’Onu et ces Ong internationales évoquent un accroissement, de manière exponentielle, de l’influence des gangs armés dans la capitale, Port-au-Prince, et au-delà, y compris dans le département de l’Artibonite, « le grenier à blé du pays ».
Elles signalent également une augmentation de « la violence armée, y compris les enlèvements et les violences sexuelles contre les femmes et les filles ».
Un appel urgent est lancé par les Nations unies et ses partenaires, « pour un accès humanitaire et des ressources accrues, afin de fournir une aide aux communautés désespérément dans le besoin en Haïti ».
Ces communautés « ont besoin d’urgence d’un soutien sanitaire et psychosocial, mais aussi de moyens de subsistance et d’une autonomisation économique pour se reconstruire », a déclaré la Japonaise Shoko Arakaki, la directrice de la division de la réponse humanitaire du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa).
Pour sa part, la cheffe de la section d’appui humanitaire sur le terrain du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), Sara Bordas Eddy, souligne une dégradation, sans précédent, des besoins humanitaires en Haïti.
« Au-delà d’une simple aide humanitaire, ce dont le peuple haïtien a besoin, c’est de paix, de sécurité et de protection », estime le Britannique Tareq Talahma, directeur par intérim de la division des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination
des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).
Au cours de leurs mission, les six représentants des agences d’aide se sont entretenus avec le premier ministre de facto, Ariel Henry, d’autres hauts responsables gouvernementaux et des représentants des communautés des zones contrôlées par / ou sous l’influence de gangs armés.
Les Forces armées d’Haïti (Fad’h) devraient venir en renfort à la Police nationale d’Haïti (Pnh) dans sa lutte contre les gangs armés et les enlèvements en Haïti, promet le gouvernement de facto.
Toutes les forces seront mobilisées pour rétablir la sécurité sur le territoire national, insiste le premier ministre de facto, Ariel Henry, lors d’une visite rendue aux locaux des Fad’h, dans un contexte marqué par une insécurité galopante.
« Nous ne pourrons pas bâtir l’Haïti que nous voulons, avec des gangs qui sévissent partout. Ils doivent entendre raison ou nous leur ferons entendre raison, malgré eux », selon Ariel Henry.
Jusqu’à présent, rien de convaincant n’a été fait pour freiner les actions des gangs armes dans le pays, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
Les criminels armés gagnent de plus en plus de terrain, sous les yeux impuissants des autorités étatiques.
En plus de la flambée des prix, liée à la forte volatilité de la gourde par rapport au dollar américain, l’expansion de la violence des gangs armés est l’un des facteurs à l’origine de l’aggravation du niveau d’insécurité alimentaire en Haïti, avance la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), dans un document.
Cette situation de violence paralyse de plus en plus les activités économiques dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, dans la péninsule Sud et dans une bonne partie du grand Nord, alerte la Cnsa.
4 millions 900 mille Haïtiennes et Haïtiens en situation d’insécurité alimentaire nécessitent une assistance humanitaire pour la période de mars à juin 2023, avertit la Coordination nationale de la sécurité alimentaire. [emb rc apr 20/03/2023 10:35]