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Haïti-Crise : Le gouvernement de facto appelle l’Oea à l’action

P-au-P, 16 mars 2023 [AlterPresse] --- Le gouvernement de facto demande à l’Organisation des États américains (Oea) de poser des actions concrètes, visant à aider Haïti à faire face à la crise actuelle.

Il a lancé cet appel, lors d’une séance du groupe de travail de l’Oea, réalisée, le mercredi 15 mars 2023, sur la sécurité, la démocratie, l’assistance électorale et humanitaire en Haïti, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

« Il est temps d’arrêter ce qui est désormais une perte de temps. Passons aux actes. Vous disposez d’expertise dans tous les domaines, notamment en matière de sécurité des villes et lutte contre la guérilla urbaine », déclare la présidente du Haut conseil de transition (Hct), Mirlande Hyppolite Manigat, qui intervenait par visioconférence à l’occasion.

Mirlande Hyppolite Manigat souhaite un soutien de l’Oea, en vue du démantèlement des gangs armés, de l’organisation des élections, de l’élaboration d’une nouvelle Constitution et de l’installation d’un nouveau gouvernement.

Personne ne sait, jusqu’à date, qui a donné mandat et mission au gouvernement de facto et au Hct d’élaborer une nouvelle Constitution, en dehors des prescrits de la la loi-mère du 29 mars 1987, systématiquement violée par les différents gouvernements qui se sont succédé.

Tout en interpellant la conscience de l’organisation régionale sur la situation en Haïti, la femme politique déplore le fait que les véhicules et les armes, commandés légalement par le gouvernement de facto en Haïti, ne sont toujours pas livrés depuis 18 mois, alors que les bandits en disposent de très sophistiqués, souligne Hyppolite Manigat.

Le mercredi 11 janvier 2023, les Forces armées canadiennes ont acheminé, par voie aérienne, à Port-au-Prince, certains des véhicules blindés essentiels, achetés par le gouvernement haïtien pour aider la Police nationale d’Haïti (Pnh) à lutter contre la violence des gangs armés en Haïti.

Ces véhicules (dont le nombre n’a pas été précisé) devraient appuyer les efforts de la Pnh à combattre la violence armée, qui continue de s’intensifier sur le territoire national, entravant la prestation de services essentiels et l’acheminement d’aide humanitaire, avaient annoncé la ministre canadienne des affaires étrangères, Mélanie Joly, et celle de la défense nationale, Anita Anand.

Le 15 octobre 2022, en partenariat avec les forces armées américaines, le Canada avait acheminé, par voie aérienne, un premier lot de véhicules blindés en Haïti, .

L’envoi de ces blindés est intervenu dans un contexte d’aggravation de la situation sécuritaire sur le territoire national, particulièrement dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, dont une bonne partie est assiégée par les gangs armés.

Il est impératif que les forces nationales reprennent le contrôle du territoire national, en mettant les bandits hors d’état de nuire sur le territoire national, estime la présidente du Hct.

Des zones de non droit, où la criminalité tend à s’ériger en mode de vie, se développent quotidiennement, insiste Mirlande Hyppolite Manigat, sans mentionner quelles dispositions ont été prises par le gouvernement de facto pour contrecarrer les manœuvres des gangs armés.

« Les différents accords, conventions, (...) mémorandum de l’Oea, auxquels Haïti a adhéré, imposent à cet organisme régional le devoir et l’obligation d’assister un de ses membres, menacé d’un péril imminent face à la dégradation accélérée de son environnement politique, social, éducatif, culturel, naturel », dit-elle.

Lors d’une réunion du conseil permanent de l’Organisation des États américains, le vendredi 10 février 2023, sur le dossier d’Haïti, une résolution a été adoptée, en faveur d’un soutien renouvelé à Haïti en matière sécuritaire, humanitaire et électorale.

Du 10 février 2023 à date (15 mars 2023), quels sont les apports de l’Oea à Haïti ?

Mais, le 10 février 2023, l’Oea a encouragé les États membres à agir d’urgence, pour la fourniture d’une assistance à l’appui des efforts déployés par les autorités haïtiennes, pour rétablir l’ordre et la sécurité.

En Haïti, la population continue de se questionner sur quels efforts auraient été consentis par les autorités de facto, au regard de la dégradation, de plus en plus caractérisée, de la situation sécuritaire.

En plus d’une aggravation de la crise politique, les actes de criminalité, incluant le kidnapping, ne cessent point d’être multipliés sur le territoire national, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, dont une bonne partie est contrôlée par les gangs armés.

Risque d’un chaos

« L’heure est à l’action », renchérit, le titulaire de facto du Ministère des affaires étrangères d’Haïti, Jean Victor Généus, signalant, cette fois, combien la république d’Haïti fait face à une grave crise sécuritaire et institutionnelle, qui la gangrène.

« Tout comportement passif expose davantage le pays à l’incertitude et au chaos. Il est urgent que l’Oea comprenne que le pourrissement de la situation sécuritaire a atteint son paroxysme, et l’arrogance des gangs armés est sans limite ».

La principale priorité du gouvernement de facto reste le retour sans délai à un environnement sécuritaire, pour libérer le pays pris en otage par des gangs armés qui le terrorisent, dit Généus.

Reprenant la position de son gouvernement de facto, Jean Victor Généus invite l’Oea, à travers son groupe de travail, à continuer « à explorer les mécanismes inter-américains d’assistance mutuelle déjà existants, pour venir en aide au peuple haïtien, qui espère un lendemain meilleur ».

Une aide robuste, consistant au déploiement d’une force internationale spécialisée pour appuyer la Pnh, en vue de rétablir la sécurité dans les brefs délais, constitue une condition sine qua non, pour un retour à la vie normale et la restauration des institutions démocratiques et républicaines, soutient Jean Victor Généus.

Par ailleurs, une délégation de la Communauté des Caraïbes (Caricom), dirigée par le premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, était en visite en Haïti, les lundi 27 et mardi 28 février 2023, pour évaluer la situation en Haïti.

La décision d’envoyer la mission de la Caricom en Haïti a été prise lors de la 44e réunion ordinaire des chefs de gouvernements de la Caricom, qui s’est tenue du mercredi 15 au vendredi 17 février 2023, à Nassau, dans l’archipel des Bahamas.

Y ont été explorés des moyens, qui permettraient à la région des Caraïbes de continuer d’aider le peuple haïtien sur les plans politique, sécuritaire et humanitaire.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau, à titre d’invité spécial, et le premier ministre de facto en Haïti, Ariel Henry, ont pris part à cette réunion. [emb rc apr 16/03/2023 11:30]