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Haïti-Environnement : Une absence de surveillance étatique à l’origine du feu au Parc national de Macaya

P-au-P, 13 mars 2023 [AlterPresse] --- L’incendie, qui a éclaté depuis plus de trois semaines au Parc national de Macaya [1], résulte d’une absence de mesures de surveillance de l’État, critique l’ingénieur-agronome Anel Dorléan, dans une interview accordée à AlterPresse/AlterRadio.

Le Ministère de l’environnement (Mde), particulièrement l’Agence nationale des aires protégées, (Anap), a failli à sa mission, qui est de protéger la biodiversité et coordonner le Système national des aires protégées (Snap) sur tout le territoire national, fustige l’ingénieur-agronome Anel Dorléan.

En plus du Parc national de Macaya, le Parc national La Visite [2] et la Forêt des Pins [3] seraient également en feu, ces derniers mois.

Désigné, en 2016, comme réserve de biosphère par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), le Parc national de Macaya protège la forêt tropicale humide recouvrant une partie du massif de la Hotte.

« Extrêmement riche en biodiversité, il conserve beaucoup d’espèces d’animaux, qui sont endémiques, comme des amphibiens, des oiseaux… des mammifères. Bref,
c’est un réservoir de la biodiversité », fait valoir l’ingénieur-agronome.

Le Parc national de Macaya représente, par son importance, un conservatoire de la biodiversité, qui pourrait aider Haïti à développer. Car, il y a beaucoup de plantes médicinales, qui sont utilisées dans la fabrication des médicaments, ajoute Dorléan.

« Il conserve non seulement notre culture de biodiversité, mais aussi alimente le département du Sud en eau et nous protège contre certaines maladies indésirables ».

Le Parc national de Macaya protège la côte Sud du pays, notamment le massif de la Hotte, et quelques communes avoisinantes, renchérit, pour sa part, l’ingénieur-agronome William Denis, coordonnateur de l’Agence de promotion pour le développement intégré (Aprodi).

L’ingénieur-agronome William Denis exhorte les autorités à intervenir pour stopper le feu dans le Parc national de Macaya et prévenir de graves conséquences sur la vie en général.

Il n’y aura pas assez d’eau à consommer et de productions alimentaires. Les animaux auront beaucoup de difficultés à se nourrir. Les eaux commenceront à sécher, comme c’est le cas pour la rivière de la Grande Anse (Sud-Ouest) et d’autres rivières dans le département du Sud, craint William Denis. [je emb rc apr 13/03/2023 12:45]

Photo : capture d’écran


[1Ndlr : Situé entre les villes des Cayes (Sud d’Haïti) et de Jérémie (Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), le pic Macaya est le second sommet le plus haut d’Haïti après le pic la Selle qui culmine à 2, 680 mètres d’altitude. Le pic Macaya constitue le point culminant du massif de la Hotte à 2,347 mètres d’altitude. Il est compris dans le parc national de Macaya, deuxième réserve de biosphère du pays, au cœur de la péninsule (longue de 250 km sur une soixantaine de km de large) de Tiburon, dans le Sud-Ouest d’ Haïti.

[2Situé dans le sud-Est d’Haïti dans la chaîne de la Selle, le parc national la Visite couvre une superficie de 30 km² et s’étend jusqu’à la frontière avec la République Dominicaine.

[3La Forêt des Pins est une vaste étendue de forêts de conifères tropicales et subtropicales (Pinus occidentalis), qui s’étend de part et d’autre de la frontière entre Haïti et la République Dominicaine. Patrimoine naturel et réserve forestière, la Forêt des Pins est menacée, depuis plusieurs années, par un processus de déforestation humaine du côté d’Haïti.