Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 10 mars 2023 [AlterPresse]--- Les Évêques catholiques romains en Haïti critiquent la passivité des autorités étatiques face la violence systématisée et planifiée dans le pays, dans une note publiée à l’occasion du 40e anniversaire (9 mars 1983 - 9 mars 2023) du voyage du Pape Jean Paul II en Haïti et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Au cours de ces dernières années, nous avons assisté à une ingénierie du mal, orchestré savamment dans le but de casser tous les ressorts qui supportaient encore les pans de notre société », relèvent les Évêques catholiques romains.
Ils fustigent l’indifférence et l’inaction « déconcertantes » des autorités par rapport aux crimes abominables, comme les vols, viols, pillages, incendies, enlèvements, meurtres, perpétrés, en toute impunité, par des gangs armés, qui occupent, chaque jour, de nouveaux espaces sur le territoire national, sans être inquiétés.
« Il faut que quelque chose change ici ! », répètent les Évêques catholiques romains, reprenant le message du Pape Jean Paul II, prononcé lors de sa visite en Haïti, le 9 mars 1983.
« Et c’est maintenant ! Nous ne pouvons plus compter les exactions et les crimes, commis par ces bandits, dont le nombre croît de manière exponentielle. Il ne reste plus un endroit sûr, où vivre dans le pays. Pour sortir de chez eux et y revenir, les citoyens sont à la merci des gangs armés, qui imposent leurs lois »
Les Évêques catholiques romains en Haïti appellent à des actions concrètes pour contrer « la terreur des gangs, qui n’épargnent ni femmes ni enfants, ni les personnes malades ».
Ils exhortent les tenants du pouvoir à agir vite, avant qu’il ne soit trop tard, afin de « favoriser un climat de confiance, susceptible d’attirer les courants divergents à un dialogue franc, qui place le pays au-dessus de toute considération de chapelle ».
Suite aux affrontements armés, qui ont éclaté depuis le mardi 28 février 2023 entre des gangs rivaux, au bas de Delmas et Bel Air, entre autres, plusieurs établissements scolaires ont préféré garder leurs portes fermées depuis le lundi 6 mars 2023, espérant une amélioration de la situation sécuritaire.
Au moins 60 personnes ont ete tuées et 50 autres portées disparues, dans les affrontements armés, qui ont éclaté, du mardi 28 février au samedi 4 mars 2023, entre des gangs rivaux, au bas de Delmas et Bel Air, entre autres, a dénombré le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
Plusieurs maisons et motocyclettes ont été également incendiées.
Plusieurs familles aux abois ont été obligées de quitter leurs maisons pour fuir les violences des gangs armés rivaux, dans les zones sous tensions, devenues impraticables depuis une semaine.
Dans ce contexte, l’Organisation Médecins sans frontières (Msf) a été contrainte de suspendre temporairement, le 7 mars 2023, ses activités à l’hôpital de Cité Soleil (municipalité au nord de la capitale, Port-au-Prince), en raison de la détérioration de la situation sécuritaire.
Msf déclare être dans l’incapacité de garantir la sécurité de son personnel et de ses patientes et patients, avec les violents affrontements entre des groupes lourdement armés, qui se poursuivent, à quelques mètres de l’enceinte de l’hôpital de Cité Soleil.
La population d’Haïti affronte une violence cauchemardesque de la part de gangs lourdement armés qui contrôlent les services et l’accès à de vastes parties de la capitale et du pays, a dénoncé, le mardi 7 mars 2023, le haut-commissaire des Nations unies aux droits humains l’Autrichien Volker Türk.
Des meurtres, des tirs isolés, des enlèvements et des violences sexuelles à des niveaux effroyables sont fréquemment perpétrés par ces bandes armées en Haiti, condamne Turk, lors de la présentation annuelle sur les activité de son bureau et le développement récent en matière de droits humains dans le monde.
Dans une note, le Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp) demande à la Police nationale d’Haïti (Pnh) de prendre toutes les dispositions, pour protéger les vies et biens, par rapport à la détérioration du climat sécuritaire du pays.
Le Mjsp appelle la Pnh à intensifier ses opérations, enclenchées depuis plusieurs mois contre les bandits et kidnappeurs, qui sèment le deuil et la peur dans la population.
Il encourage les citoyennes et citoyens à se défendre contre les individus armés qui
tentent de pénétrer violemment dans leurs maisons.
Pour leur part, plusieurs organisations, dont le Conseil haïtien des acteurs non étatiques (Conhane) et le Collectif du 4 décembre 2013, blâment le comportement irresponsable du gouvernement de facto, face aux actes de criminalité, incluant le kidnapping, qui continuent d’être perpétrés, en toute impunité, par des bandits armés. [emb rc apr 10/03/2023 10:40]