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Haïti : Plusieurs organisations dénoncent le comportement irresponsable du gouvernement de facto face au grand banditisme

P-au-P, 09 mars 2023 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations blâment le comportement irresponsable du gouvernement de facto, face aux actes de criminalité, incluant le kidnapping, qui continuent d’être perpétrés, en toute impunité, par des bandits armés, dans des interviews accordées à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

Elles s’élevent contre l’attitude démissionnaire de l’équipe au pouvoir face à l’aggravation de la situation sécuritaire.

Le gouvernement devrait chercher à acheter des équipements modernes pour la Police nationale d’Haïti (Pnh) et l’armée, de manière à faire face aux gangs criminels, au lieu de demander à l’étranger de venir résoudre le problème de l’insécurité, estime Édouard Paultre, coordonnateur du Conseil haïtien des acteurs non étatiques (Conhane).

Depuis 2021, des groupes d’anciens officiers de l’armée d’Haïti avaient proposé de mobiliser certains anciens militaires pour mener les opérations qu’il faut sur le terrain, mais ce gouvernement n’a pas réagi, fustige le Conhane.

« Aujourd’hui, on ne peut pratiquement pas se déplacer à l’intérieur du pays », regrette-t-il, constatant combien, partout où les bandits et les gangs sont présents, la Pnh est pratiquement inexistante.

Les violences armées et les actes de kidnapping se sont intensifiés dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Dans une note d’avertissement, l’organisation Médecins sans frontières (Msf) décide de suspendre temporairement ses activités à l’hôpital de Cité Soleil (municipalité au nord de la capitale, Port-au-Prince), en raison de la détérioration de la situation sécuritaire.

Au moins 60 personnes ont été tuées et 50 autres portées disparues, dans les affrontements armés qui ont éclaté, du mardi 28 février au samedi 4 mars 2023, entre des gangs rivaux, au bas de Delmas et Bel Air, entre autres, a rapporté le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), Pierre Espérance.

La police nationale est dépassée par la situation, laissant les gangs proliférer dans le pays, où on assiste au trafic d’armes et de munitions qui prennent de l’ampleur, évalue, pour sa part, le responsable de l’Initiative de la société civile (Isc), Rosny Desroches, interrogé par la plateforme AlterPressse/AlterRadio.

Il faut déployer des efforts pour combattre les bandits, beaucoup mieux armés que la Pnh, ainsi que des mesures de sécurité communautaire pour aider la population, ajoute l’Isc, appelant à l’aide internationale, en termes opérationnels et d’équipements.

Le gouvernement de facto devrait aussi discuter avec l’opposition, pour prendre des dispositions sérieuses et spéciales visant à aider la nation en danger, propose l’Isc.

Au fur et à mesure, les bandits armés encerclent la capitale, Port-au-Prince, prennent beaucoup plus de territoire, établissent leurs lois, alerte le coordonnateur du Collectif 4 décembre 2023, Jean Robert Argant, joint par AlterPresse/AlterRadio.

« C’est révoltant de voir que ce gouvernement ne cherche pas à résoudre les problèmes de la population, qui n’a aucun recours ».

Cette crise risque de conduire droit vers l’anarchie, craint le président de l’Association nationale des greffiers haïtiens (Anagh), Martin Ainé, dans des déclarations à AlterPresse/AlterRadio.

« Nous avons le droit de prendre les armes, mais pour défendre notre pays en cas de guerre, pas pour nous battre entre nous. C’est de l’anarchie totale », avance l’Anagh, réagissant à une note du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), demandant à toutes et tous que, dans les cas où des individus armés pénètrent chez eux, avec violence, la loi leur permet de se défendre.

« Nous avons craint cette détérioration de la situation. Nous avons tiré la sonnette d’alarme, mais rien n’a été fait. L’État a failli à ses responsabilités », s’insurge l’Association nationale des greffiers. [mff wr emb rc apr 09/03/2023 12:35]