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Non à la violence ! Oui pour barrer la route à la violence !

Prise de position de SOFA, Kay Fanm et Enfofanm

22 novembre 2002

Les préparatifs de la célébration de ce 25 novembre 2002, Journée Internationale contre la Violence faite aux Femmes, ont été contrariés par les actes de violence et d’intimidation politique qui continuent à miner, chaque fois davantage, le pays ; en particulier depuis la nuit du 22 au 23 novembre.

Après les agressions perpétrées contre des personnes qui avaient pris part à la rencontre convoquée par l’Initiative Citoyenne, les 16 et 17 novembre écoulés, au Cap ; après les agressions dont ont été victimes les écoliers-ères et les étudiants-es manifestant leur désir de vivre dans un pays soucieux de sa jeunesse ; c’est au tour des populations de la capitale, Port-au-Prince, d’être prises en otage, ce 22 novembre par des groupes, souvent armés, se réclamant ouvertement du pouvoir Lavalasse en place. Barricades enflammées, jets de pierre, intimidations diverses ont forcé les populations à déserter les rues, pour éviter d’être une énième fois victime de la violence aveugle.

Les femmes haïtiennes paient encore aujourd’hui le prix de la terreur organisée. En mars dernier, les organisations de femmes dénonçaient déjà les viols, les viols collectifs, commis notamment par les gangs se livrant la guerre à Cité Soleil. Les femmes de Cité Soleil n’ont jamais cessé d’être victimes de telles exactions qui, ces dernières semaines, ces derniers jours, ont encore gagné en ampleur. Ces agressions, qui sont un déni des droits fondamentaux des femmes, sont perpétrés dans la plus totale impunité et sans qu’aucune autorité ne se soucie du sort des victimes. Les évènements actuels sont encore source de souffrance pour les femmes, aussi bien les victimes directes que toutes celles qui ont conscience du fait qu’elles peuvent aussi, n’importe quand, être les prochaines victimes.

La célébration, depuis 1987, de la Journée Internationale contre la violence à l’égard des Femmes, est chaque fois une nouvelle occasion pour les organisations de femmes haïtiennes de dénoncer la violence spécifique que subissent les femmes, ainsi que la violence politique et la violence d’Etat. Le 3 avril 2000, le double assassinat du directeur de Radio Haïti Inter, Jean Dominique, et du gardien de la station, Jean-Claude Louissaint, avait empêché les organisations de femmes de célébrer sereinement la Journée Nationale du Mouvement des Femmes Haïtiennes. Les hordes occupant les rues depuis cette nuit sont une nouvelle menace qui hypothèque la célébration de ce 25 novembre ; cela dans un contexte où la nécessité de faire échec à la violence se fait de plus en plus impérativement et douloureusement sentir.

Les agissements des groupes se réclamant, haut et fort, du pouvoir Lavasse, pourront peut-être influer sur le déroulement des activités prévues pour le 25 novembre. Mais, en aucun cas il ne saurait être question de ne pas se mobiliser pour dénoncer la violence, la violence faite aux femmes et pour témoigner de notre sororité à l’égard des femmes violées de Cité Soleil. Nous sommes les héritières de Yvonne Hakim Rimpel, nous ne pouvons que resserrer les rangs pour clamer notre refus absolu de vivre dans un pays où la violence fait loi.

Nous nous rassemblerons donc en notre lieu habituel, la Place Catherine Flon, au Champ de Mars, le lundi 25 novembre 2002, à 10H00.

Port-au-Prince, le 22 novembre 2002

Pour les organisations de femmes signataires
(Enfofanm, Kay Fanm, Sofa)

Danièle Magloire, Enfofanm