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Haïti-Criminalité : Succession de journées et de nuits de terreur des gangs à Port-au-Prince

La plupart des écoles contraintes de cesser de fonctionner

P-au-P, 06 mars 2023 [AlterPresse] --- Plusieurs familles, dans divers quartiers de Port-au-Prince comme Bel Air, Sans fil, Carrefour Péan, Solino, Fort National, Delmas 24, Nazon et avenue Poupelard, sont encore restées sous tension, durant la nuit du dimanche 5 au lundi 6 mars 2023, étreintes par les crépitements continuels d’armes automatiques des gangs armés, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.

Les gangs ont mis le feu dans plusieurs maisons à Sans fil et occupé la paroisse de l’église (catholique romaine) Saint-Michel.

Les tirs et violences armées se sont intensifiés, en toute impunité, dans la nuit du dimanche 5 mars 2023, notamment au niveau de Bel Air, Sans fil et ses environs, obligeant de nombreuses autres familles très apeurées à se déplacer.

Celles, qui résistent, se sont réfugiées sous leurs lits ou derrière des piliers de murs dans leurs maisons, pour se protéger des balles perdues qui ont déjà blessé un nombre indéterminé de personnes.

« Les tirs sont devenus plus intenses. Des gangs, basés à Carrefour Péan, s’approchent de plus en plus de Solino », confie, à AlterPresse, au milieu de la nuit, l’air inquiet, un habitant de Solino, qui dit être déjà préparé à partir.

La même inquiétude est également exprimée par les riveraines et riverains de l’avenue Poupelard, qui dénoncent l’inaction des autorités policières à contrecarrer les activités criminelles des gangs armés.

« Certes, il y a un blindé, qui patrouille quelque fois à l’avenue Poupelard. Mais, ce n’est pas suffisant. Les policiers à bord du blindé devraient se rendre dans les zones sous la terreur, pour empêcher les gangs d’occuper plus de territoire », recommande une habitante de la zone.

Cette situation de terreur instaurée depuis le mardi 28 février 2023 dans plusieurs quartiers du centre-ville de Port-au-Prince a entraîné un ralentissement, ce lundi 6 mars 2023, de la plupart des activités régulières, incluant le petit commerce, au niveau des quartiers Solino, Delmas 24, rues Brun Ricot et Caravelle, où les entrées et sorties demeurent barricadées.

Des embouteillages au niveau des transports publics sont enregistrés à l’avenue Martin Luther King, communément appelé « Nazon ».

Face à l’angoisse du quotidien (pour parents, professeurs, élèves, personnels administratifs), la plupart des établissements scolaires ont préféré garder leurs portes fermées, depuis le vendredi 3 mars 2023, en espérant une amélioration de la situation sécuritaire.

Dans les maisons, les enfants ne peuvent rien faire, tant la situation devient de plus en plus dramatique, partout dans la zone métropolitaine de la capitale, particulièrement au cœur de Port-au-Prince.

Les habitantes et habitants ne peuvent pas laisser leurs résidences pour aller vaquer à leurs activités régulières, se rendre sur leurs lieux de travail (bureaux, services et autres), etc.

C’est une attitude de mépris caractérisé, manifesté par les autorités de facto, qui restent les bras croisés devant la détérioration du climat sécuritaire, avec un début de massacre de personnes par les gangs armés, dans la capitale d’Haïti.

Aucune disposition institutionnelle n’est prise pour porter secours et assistance aux milliers de familles meurtries et plongées dans le désarroi, provoqué par la multiplication des manœuvres criminelles des gangs.

Une semaine après le renforcement des actes de terreur, perpétrés par les gangs armés, au niveau du Bel Air, le gouvernement de facto d’Ariel Henry garde le silence, sans émettre, jusqu’à présent, aucune note officielle pour condamner ce qui se passe actuellement, préférant inviter la presse à couvrir, le mardi 7 mars 2023, la cérémonie de prestation de serment des [huit nouveaux juges de la Cour de Cassation, nommés récemment, de manière unilatérale, selon plusieurs organismes de droits humains et partis politiques. [emb rc apr 06/03/2023 11:30]