P-au-P, 28 févr. 2023 [AlterPresse] --- L’organisme de défense des droits humains Fondasyon je klere (Fjkl) applaudit la décision, prise par le juge Jean Wilner Morin, président de l’Association des magistrats haïtiens (Apm), de refuser de siéger aux côtés du commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Jacques Lafontant, lors d’une séance au tribunal correctionnel, le lundi 27 février 2023.
Pour respecter le mémorandum en date du jeudi 23 février 2023, à travers lequel le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) a exhorté tous les chefs de juridictions à interdire les 28 magistrats non certifiés, depuis le 16 janvier 2023, de prendre siège ou d’exercer toute fonction relevant de la magistrature, Morin a décidé de ne pas siéger avec Lafontant.
Jacques Lafontant figure sur une liste de 28 magistrats non certifiés par le Cspj, depuis le 16 janvier 2023, rappelle la directrice exécutive de la Fjkl, Marie Yolène Gilles, dans un message audio transmis à l’agence en ligne AlterPress.
L’organisme Fjkl invite tous les autres magistrats à emboiter le pas au juge Jean Wilner Morin.
Dans ce contexte, la Fondasyon je klere condamne les agressions verbales et les menaces de Jacques Lafontant à l’encontre d’un membre de la Commission technique de certification (Ctc) du Cspj, qui était présent lors de la séance du 27 février 2023.
De telles menaces montrent clairement combien la vie et la sécurité des membres de cette commission sont menacées, signale la Fjkl.
La Fjkl demande aux autorités étatiques de protéger les membres de la Ctc et de mettre à disposition les moyens nécessaires, pour qu’ils puissent continuer d’accomplir leur travail consistant à nettoyer le système judiciaire en Haïti.
Elle dénonce le comportement du gouvernement de facto d’Ariel Henry, qui alimente la corruption dans le pays, en supportant en particulier des magistrats corrompus.
« C’est quelque chose de très grave, qui met en danger la vie des membres de la Ctc et qui risque de mettre en péril le Cspj ».
28 juges pour la plupart « très décriés » ont été mis à l’écart du système judiciaire en Haïti, pour « absence d’intégrité morale », entre autres, selon un extrait du procès-verbal concernant les dernières opérations de certification des magistrats, rendu public, le lundi 16 janvier 2023, par le Cspj.
Parmi les magistrats non certifiés, figurent, entre autres, les noms de Jacques Lafontant, actuel commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Ramoncite Accimé - qui était en charge du dossier PetroCaribe de l’aide vénézuélienne à Haïti -, Brédy Fabien, Garry Orélien - qui était en charge, jusqu’au 18 janvier 2022, du dossier d’instruction sur l’assassinat le 7 juillet 2021, de l’ancien président de facto Jovenel Moïse -, Ikenson Édumé, président du Réseau national des magistrats haïtiens (Renamah), Jean Osner Petit-Papa.
Par contre, 31 magistrats ont été certifiés par le Cspj sur les 59 dossiers traités. [emb rc apr 28/02/2023 11:00]