P-au-P, 22 juil. 2005 [AlterPresse] --- Le Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf) a organisé, ce 22 juillet 2005, une journée nationale d’inscription d’électrices, en partenariat avec le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, en vue de faciliter « une participation réelle des femmes dans le processus électoral », a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Le nombre de femmes représente un pourcentage de 35% des plus de 500.000 inscrits jusqu’à date à travers le pays. Adeline Magloire Chancy, titulaire au Mcfdf, a estimé que cette mobilisation aura un impact positif quant à l’enregistrement des femmes dans le cadre des prochaines joutes électorales.
« Avec ces 35% d’électrices enregistrées on pourrait dire que ça ira mieux, mais n’oublie pas que les femmes représentent 52% de la population totale du pays. Nous devrions dépasser même la moitié de ce pourcentage, nous conjuguerons nos efforts et nous espérons que les femmes puissent se faire inscrire en vue de participer à ces élections », a fait savoir Magloire Chancy.
« Légions sont les femmes qui seront candidates à ces joutes, et ceci à tous les niveaux. L’avenir du pays est entre les mains de toutes ses filles et de tous ses fils. Les femmes sont des citoyennes au même titre que les hommes », a-t-elle poursuivi.
Aux Gonaïves en 1950, les femmes avaient organisé une grande marche pacifique dans l’objectif de réclamer leur droit de vote. Cette bataille qui s’étendait à tout le territoire, a été menée par la Ligue féminine d’action sociale, dont la présidence est assurée aujourd’hui par l’écrivaine et militante féministe, Paulette Poujol Oriol.
En 1950, « j’avais 19 ans et les femmes n’avaient pas le droit de voter. C’était une injustice contre la gente féminine que nous continuons aujourd’hui à éradiquer dans le pays. Nous devons continuer notre combat. Le droit de vote est à la fois aux hommes et aux femmes », a renouvelé la titulaire du Mcfdf.
La conseillère électorale Josefa Raymond Gauthier a indiqué qu’il est important pour les femmes haïtiennes de participer massivement au processus électoral.
« Auparavant, elles étaient réticentes à retirer leurs cartes d’identification nationale. Depuis cette semaine, nous avons constaté une nette progression au niveau du nombre d’électrices déjà inscrites. Cela prouve que la mobilisation suit son cours », a-t-elle laissé entendre.
Selon Josefa Gauthier, le Conseil electoral provisoire (Cep) a déjà installé environ 360 bureaux d’enregistrement dans diverses régions du pays et a ordonné l’ouverture de ces bureaux tous les jours de la semaine, y compris samedi et dimanche.
« Notre arme n’est ni le poignard, ni la machette. Ce n’est ni le fusil ni le revolver. Notre arme c’est notre carte électorale [Ndlr : carte d’identification nationale]. Nous allons faire notre carte électorale pour pouvoir gagner la lutte pour le changement dans ce pays, pour éviter l’exécution d’autres Jacques Roche », a déclaré Paulette Poujol Oriol faisant allusion au poète et journaliste assassiné le 14 juillet après 4 jours de séquestration.
La responsable de la Ligue féminine a réaffirmé la détermination des femmes à travailler dans la plus parfaite harmonie avec les hommes afin de mettre le pays sur la voie du progrès et du développement durable.
La constitutionnaliste Mirlande Hyppolite Manigat, candidate aux prochaines législatives, a fait l’éloge des femmes haïtiennes qui, selon elle, constituent le pivot de la société. « Les femmes que j’ai rencontrées ici [au Ministère de la Condition Féminine], ce sont des femmes qui s’adonnent à la défense de la cause d’Haïti », a-t-elle estimé.
De nombreuses femmes ayant déjà contribué aux différentes activités politiques, sociales et culturelles organisées dans le pays ont pris part à cette initiative soutenue par l’Organisation des États américains (Oea) et la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Miinustah).
Selon les informations disponibles sur le site Internet du Cep, 532 821 électeurs et électrices sont déjà enregistrés sur les 4.5 millions attendus à ces élections séquentielles prévues pour la fin de l’année. Le nombre de femmes inscrites s’élève à environ 150.000, dont 62.000 dans le département de l’Ouest.
Le 7 juillet 2005, lors d’une visite à Port-au-Prince, le Secrétaire général de l’Oea José Miguel Insulza n’avait pas écarté la possibilité de prolonger le processus d’enregistrements des électeurs et électrices jusqu’à septembre 2005. [do gp apr 22/07/2005 14:00]