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Haïti-Abus sexuels sur de jeunes joueuses de football : Human Rights Watch dénonce une parodie de justice

P-au-P, 23 févr. 2023 [AlterPresse] --- L’organisme international Human Rights Watch (Hrw) et Army of survivors (Armée des survivantes) condamnent l’annulation par le Tribunal arbitral du sport (Tas), de l’interdiction à vie d’exercer toute activité liée au football et d’autres sanctions imposées par la Fédération internationale des associations de football (Fifa) à Yves Jean-Bart, l’ancien président de la Fédération haïtienne de football (Fhf) qui a été accusé d’abus sexuels sur de jeunes footballeuses, dont des mineures haïtiennes, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Comment peut-on s’attendre à ce que des victimes d’abus sexuels dénoncent ces abus auprès de la Fifa, s’il en résulte une telle parodie de justice ? », a affirmé la directrice des Initiatives mondiales à Human Rights Watch, Minky Worden.

À l’approche de la Coupe du monde féminine de football, prévue du jeudi 20 juillet au dimanche 20 août 2023, en Australie et Nouvelle Zélande, où participera la sélection nationale féminine senior de football d’Haïti, cette affaire est révélatrice de « la mauvaise gouvernance de la Fifa et son incapacité à expulser de ce sport les auteurs d’abus sexuels », fustige l’organisme Hrw.

« Cette décision est révélatrice de l’échec systémique de la Fifa à créer des structures, permettant de dénoncer des abus en toute sécurité et de protéger les témoins, les lanceuses d’alerte, les victimes et les membres de leurs familles, qui apportent des éléments de preuve », lit-on dans la note.

Yves Jean-Bart a été jugé « coupable d’abus de pouvoir et d’agressions sexuelles sur plusieurs joueuses, dont des mineures », par la chambre de jugement de la Commission d’éthique indépendante de la Fédération internationale de football association (Fifa), selon un communiqué rendu public le 20 novembre 2020.

L’ancien président de la Fhf a été suspendu à vie depuis mai 2020 de toutes activités sportives.

Nella Joseph (superviseuse auprès des jeunes filles au centre technique national de Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale Port-au-Prince) et Wilner Etienne (directeur technique de la Fhf) ont été également interdits d’exercer toutes activités relatives au football (administratives, sportives ou autres), aux niveaux national et international, pour une durée de 90 jours (du jeudi 17 août 2020 au jeudi 17 décembre 2020), avait annoncé, le jeudi 20 août 2020, la Fifa, à travers un communiqué.

« En Haïti, la Fifa et le football ont donné à Yves Jean-Bart des pouvoirs considérables, y compris celui d’abuser d’athlètes mineures et de dissimuler ses abus en menaçant de tuer les victimes et les membres de leurs familles », regrette Minky Worden.

Human Rights Watch critique le Tas pour n’avoir pas fourni une protection fondamentale aux témoins, lors de son audience, alors qu’il savait que de nombreuses athlètes et membres du personnel de la fédération avaient reçu des menaces de mort.

Pour sa part, Julie Ann Rivers-Cochran, directrice exécutive de l’Armée des survivantes, une organisation américaine de défense des femmes dans le sport, souligne combien la réintégration d’Yves Jean-Bart le rétablit, non seulement dans une position de pouvoir, mais aussi elle crée aussi une situation terrifiante pour les actuelles victimes et pour toutes les footballeuses haïtiennes.

Il incombe à la Fifa et au Tas de s’occuper des athlètes qui ont été victimisées, recommande Army of survivors.

La Fifa et le Tas doivent aussi faire en sorte que des lanceuses d’alerte soient sans danger de dénoncer des abus et recourir à une approche basée sur la prise en compte des traumatismes subis, en Haïti et dans les nombreuses autres fédérations nationales, où des abus sexuels se produisent, ajoute-t-elle. [emb rc apr 23/02/2023 10:30]