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Haïti : Pourquoi rester ?

Par Gotson Pierre

P-au-P., 21 février 2023 [AlterPresse] --- Pourquoi demeurer en Haïti, pays pareil à un bateau ivre prêt à être englouti par les flots ? Effondrement assuré sous le poids de crises multiples, enchevêtrées, apparemment insurmontables ? Et pourtant danser le carnaval… « Tribilasyon ak kè kontan ».

Pourquoi ? Pourquoi ?

Pas facile d’en parler. Réponses délicates. Tant de départs volontaires ou forcés. Il ne faut plus rester, quitte à se faire écrabouiller sur la grille d’un bureau d’immigration ! Il faut fuir la misère, la violence et l’insécurité, jamais rassasiées de vies et de biens. Il faut partir.

Pourquoi rester ?

« Parce qu’ici je me sens bien, même si je ne suis pas bien ». Le problème, pour telle dame, est qu’elle n’a jamais eu de « projet pour ailleurs ». Depuis 37 ans, elle traine des rêves de changement qui refusent de mourir. Et même que, la nuit, « rêver de chez moi, c’est me voir dans mon bourg natal ».

Ailleurs, l’autre ne se sent pas assez utile dans la société d’accueil. Des obstacles à l’insertion. Incapacité de faire valoir sa faculté de penser et d’échapper au phénomène « tiroirs » préparés pour les immigrés.

Parmi les obstacles, partir sans partir vraiment. Fort sentiment d’attachement inexplicable. « Haïti me manque. Les expressions culturelles, les traditions, la cuisine ». Des habitudes têtues. Mais comment revenir ?

Rester

Rester aussi parce qu’on n’a « pas le choix ». Responsabilités. Pas de pied-à-terre à l’étranger. Pas de véritable référence. Difficultés migratoires. Sanctions internationales !

Être là, sans être las. Désirer le changement. Mieux, cultiver la confiance en un avenir d’opportunités. Simple « sensation personnelle », confie un policier. Mais aussi, espérance.

« Il nous faut tenir », se convainc un entrepreneur. Autrement dit : « vous tiendrez jusqu’à ce qu’on vous relève », célèbre réplique du film inoubliable « Le jour le plus long ».

« Après la tourmente, le soleil brille toujours entre les nuages ». Rester, mais pas seulement. Par-dessus tout, « restons nous-mêmes ». [gp apr 21/02/2023 16 :00]