P-au-P, 13 févr. 2023 [AlterPresse] — Les organisations criminelles pourraient s’accaparer du pouvoir politique, en cas de tenue d’élections en 2023 en Haïti, d’autant que les autorités étatiques ne prennent pas les dispositions adéquates pour contrôler le trafic des armes sur le territoire natioal, l’argent des criminels et des actes de kidnapping, met en garde le Conseil haïtien des acteurs non étatiques (Conhane), dans une interview accordée à AlterPresse/AlterRadio.
Si les élections arrivent à se dérouler dans une ambiance aussi critique, elles seront profitables aux organisations criminelles, insiste Édouard Paultre, coordonnateur du Conhane.
Ainsi, les pouvoirs criminels, qui dirigent le pays depuis une dizaine d’années, se reproduiront-ils dans le système politique, craint le Conhane.
Le pouvoir parle d’élections, alors qu’il n’arrive pas à contrôler, ni la force des armes ni l’argent des criminels.
Un nouvel accord, signé le 21 décembre 2022, à Port-au-Prince, entre le premier ministre de facto, Ariel Henry, et des représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et des membres du secteur privé prévoit, en 2023, l’organisation de nouvelles élections générales.
Une démarche, qualifiée de démagogique et partisane par plusieurs secteurs.
L’entrée en fonction d’un gouvernement nouvellement élu est fixé au 7 février 2024.
Formé de trois membres Mirlande Hyppolite Manigat du secteur politique, Calixte Fleuridor, président de la Fédération protestante d’Haïti et représentant de la société civile, et Laurent Saint Cyr du secteur privé, le Haut conseil de la transition (Hct), prévu dans ledit accord, a été installé le lundi 6 février 2023, en dépit de la grogne, exprimée par plusieurs secteurs, qui craignent une aggravation de la crise.
Le premier ministre de facto resterait en poste jusqu’au 7 février 2024, selon l’accord du 21 décembre 2022.
La crise politique et sécuritaire en Haïti sera au centre des discussions, lors la 44e réunion de la conférence des chefs de gouvernement de la communauté des Caraïbes (Caricom), qui se déroule, à Nassau, dans l’archipel des Bahamas, du 15 au 17 février 2023.
Les discussions tourneront autour de l’appui (des pays membres de la Caricom) aux solutions, dirigées par les Haïtiennes et Haïtiens, face à la situation actuelle, qui engendre des conséquences dévastatrices sur le peuple haïtien, a annoncé le bureau du premier ministre canadien, Justin Trudeau, dans un communiqué.
Le Conseil haïtien des acteurs non étatiques dénonce la vague de kidnappings ainsi que la gangstérisation, qui se répand dans des endroits n’ayant pas la réputation d’être contrôlés par des gangs armées, comme Pétionville, Laboule, Kenscoff, Fermathe.
« Des milliers de gangs éparpillés sur le territoire national, où ils sèment la terreur, sont munis d’armes et de munitions. Toutes les libérations des personnes enlevées par les gangs se font contre rançons. Ce qui signifie que les organisations criminelles n’ont pas que la force des armes, mais ont accumulé également beaucoup d’argent », fait remarquer. le Conhane.
Il revient à l’État de montrer, comme Salvador l’a fait, qu’il arrive à maîtriser les gangs criminels, les désarmer, les mettre en prison, afin qu’ils ne parviennent plus à nuire à la société.
Il faut aussi monter des instances publiques, capables de réaliser un diagnostic sur l’argent accumulé par les criminels, recommande le Conhane, relevant combien les réseaux de kidnapping enregistrent plusieurs dizaines de millions de dollars.
En dépit du support du Canada en matière de sécurité, la Police nationale d’Haïti (Pnh) n’arrive toujours pas, non seulement à freiner les actes de kidnapping, mais aussi à démanteler les gangs opérant dans le pays.
Trois fidèles de la première église Baptiste de Port-au-Prince ont été kidnappés, dans la matinée du dimanche 12 février 2023, devant ladite Église, après un culte, selon la presse. [mff emb rc apr 13 /02/2023 14:20]
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