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Criminalité : Neuf fois plus de violence armée contre les écoles en douze mois, en Haïti, condamne l’Unicef

P-au-P, 09 févr. 2023 [AlterPresse] --- La branche en Haïti du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) signale avoir enregistré neuf fois plus de violence armée contre les écoles en douze mois, sur le territoire national, dans un communiqué transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Parmi les actes de violence armée contre les écoles dans le pays, Unicef Haïti mentionne les fusillades, les saccages, les pillages et les enlèvements.

La montée de la violence dans les zones urbaines a contraint à la fermeture de 30 écoles, au cours des six premiers jours de classes du mois de février 2023.

Unicef Haïti fait aussi état d’au moins 13 écoles prises pour cibles par des groupes armés, d’une école incendiée, d’un élève tué et d’au moins deux membres du personnel enlevés.

« Au cours des quatre premiers mois de l’année scolaire (d’octobre 2022 à février 2023), 72 écoles auraient été prises pour cible, contre huit au cours de la même période l’année dernière ».

Plus d’une école sur quatre est restée fermée depuis octobre 2022.

En janvier 2023, les enfants ont perdu en moyenne un jour et demi d’école par semaine, relève Unicef Haïti, tout en déplorant l’insécurité grandissante et les troubles généralisés, qui commencent à paralyser le système éducatif du pays.

Des groupes armés considèrent le pillage des écoles comme une alternative lucrative à d’autres formes d’extorsion et de criminalité, dans certaines zones urbaines du pays, dénonce le représentant d’Unicef Haïti, le Belge Bruno Maes, estimant combien de telles pratiques doivent cesser.

« Lorsque les groupes ciblent les écoles, ils pillent fréquemment le matériel scolaire, notamment les bureaux, les bancs, les tableaux, les ordinateurs portables, les photocopieurs, les batteries et les panneaux solaires. Les sacs de riz, de farine et de maïs pour les repas scolaires - une bouée de sauvetage pour d’innombrables enfants en Haïti – ont également été volés, de même que du matériel de la cantine », relève Unicef Haïti, citant le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

60 pour cent de la zone métropolitaine de Port-au-Prince est contrôlé par des groupes armés, souligne Ocha.

« Le fait que les groupes armés ciblent les écoles a un impact énorme sur la sécurité, le bien-être et la capacité d’apprentissage des enfants », fait ressortir Unicef Haïti.

Outre la violence des gangs, les troubles sociaux ont également affecté la capacité d’apprentissage des enfants.

De violentes manifestations de rue, organisées dès le 26 janvier 2023, dans le pays, par des policiers et des sympathisants, pour protester contre l’assassinat en série de leurs collègues, ont perturbé les activités commerciales et scolaires.

Le mercredi 25 janvier 2023, les bandits armés Gran grif de Savien ont sauvagement assassiné sept policiers nationaux à Liancourt, commune du bas Artibonite (Nord).

Sans action urgente pour protéger les écoles de la violence, les élèves risquent de perdre environ 36 jours d’école d’ici la fin du mois de juin, craint Unicef Haïti.

« Malgré l’escalade de la violence et de l’insécurité dans le pays, le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) a intensifié ses efforts pour ouvrir les écoles, avec 3 écoles sur 4 rouvertes en décembre 2022, comparé à moins de 1 sur 10 en octobre (2022) ».

Tout en exhortant tous les acteurs à s’abstenir de toute action, qui met en péril le droit des enfants à l’éducation, la branche en Haïti du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) en appelle également au gouvernement de facto de garantir la sécurité des écoles et de tenir pour responsables les groupes et les individus, qui nuisent ou menacent les enfants à l’école. [emb rc apr 09/02/2023 13:00]

Photo : Unicef