P-au-P, 08 févr. 2023 [AlterPresse] --- Le Mouvement syndical haïtien [1] exprime de profondes préoccupations sur les licenciements massifs de travailleuses et travailleurs dans les sphères de l’économie nationale, en particulier, dans la branche textile, dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Cette vague de licenciements, intervenant dans un contexte marquee par un niveau très élevé de chômage et de criminalité, « ne fait qu’aggraver le cycle infernal de la pauvreté dans un pays où la protection sociale est quasi-inexistante », alertent ces organisations syndicales en Haïti.
« Certaines entreprises sont fermées, sans avoir payé les charges sociales, notamment la cotisation de retraite pour les travailleuses et travailleurs à I’Office nationale assurance vieillesse (Ona) », condamnent ces organisations syndicales, membres du mouvement syndical haïtien.
Elles exhortent le titulaire du Ministere des affaires sociales et du travail (Mast) à éviter l’augmentation des cas d’abus et de représailles, et les travailleuses et travailleurs à rester mobilisés dans ce contexte difficile.
« Pour la zone métropolitaine de Port-au-Prince, H4H va fermer ses portes d’ici juin 2023 et 484 ouvrières et ouvriers vont être licenciés. L’entreprise Digneron devrait incessamment fermer ses portes et renvoyer 1,700 ouvrières et ouvriers. L’entreprise Hansae menace, d’ici le mois de mars (2023), de renvoyer 2,446 ouvrières et ouvriers », énumèrent-t-elles.
Dans le département du Nord-Est d’Haïti, le module 3 de la compagnie S&H Global va renvoyer 3,500 ouvrières et ouvriers du Parc industriel de Caracol (Pic). Everest compte renvoyer, au plus tard au mois de juin (2023), 2,157 ouvrières et ouvriers. L’entreprise Mas Akansyèl devrait renvoyer 2,286 ouvrières et ouvriers au mois de février 2023, ajoutent-elles.
Dans une note, la S&H Global a indiqué combien elle fait face à une pénurie de commandes, étant donné que celles-ci sont réacheminées ailleurs dans les Caraïbes et en Amérique Centrale, vers d’autres fournisseurs et usines fiables.
La S&H Global a aussi rappelé avoir été contrainte, au cours de l’année 2022, de suspendre ses opérations, à de nombreuses reprises, en raison des grèves des douanes en Haïti et des fermetures de points frontaliers avec la République Dominicaine.
Fabrique 988 va également fermer ses portes, au mois de février 2023, à Ouanaminthe (Compagnie de développement industriel / Codevi), alors que MD-4276 va réduire son personnel à 25 %, signale la note des organisations syndicales.
Se disant choqué et alarmé, le mouvement syndical haïtien qualifie d’illégale cette vague brutale de licenciements, qui ne respecte pas les dispositions prévues aux articles 44 et 45 du Code du travail en vigueur, en ce qui concerne le préavis.
De plus, les employeurs n’offrent aucune compensation pécuniaire aux travailleuses et travailleurs.
Tout en profitant du contexte difficile en Haïti pour se débarrasser de dirigeants syndicaux, les employeurs ne consultent pas les syndicats dans le mécanisme de renvoi, dénoncent les organisations syndicales membres du mouvement syndical haïtien. [emb rc apr 08/02/2023 10:55]
[1] Le Mouvement syndical haïtien regroupe, entre autres, la Confédération des travailleuses et travailleurs haïtiens (Cth), la Confédération des travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé (Ctsp), Entè sendikal premye me Batay ouvriye (Espm/Bo), la Centrale nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha), la Centrale autonome des travailleurs haïtiens (Cath) et le Front national des syndicats haïtiens (Fnsh).