P-au-P ,06 févr. 2023 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations et personnalités ont applaudi l’installation, ce lundi 6 février 2023, au local du Ministère du commerce et de l’industrie, à Port-au-Prince, les trois membres du Haut conseil de transition (Htc), dans des déclarations dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
L’installation du Hct, le lundi 6 février 2023, constitue un pas important dans la mise en œuvre de l’accord du 21 décembre 2022, estime, dans un tweet, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh).
Le Binuh dit encourager toutes les forces vives de la nation à participer à ce processus inter-haïtien, afin de rétablir les institutions de l’État par la voie d’élections libres et justes.
« Maintenant, débute l’important travail de mettre en œuvre la feuille de route pour les élections, tout en élargissant le consensus autour de cette dernière. Le Canada leur souhaite réussite et succès ! », a aussi réagi l’ambassadeur du Canada en Haïti, Sébastien Carrière, félicitant les membres du Hct pour leur installation aujourd’hui.
« Des mots solennels, pleins de hauteur, de Mme Manigat pour sortir de la crise : le rameau d’olivier comme méthode ; la lutte contre le crime comme objectif ; les élections justes comme solution », a tweeté l’ambassadeur de France en Haiti, Fabrice Mauriès, qui a assisté à l’installation du Hct.
Des réactions étaient peu disponibles parmi les secteurs politiques et sociaux d’Haïti, tout de suite après l’installation du Hct, une initiative auparavant fortement critiquée par l’opposition et des organisations de la société civile.
« Une autre page dans la vie politique haïtienne et une autre phase de la crise politique », a, toutefois, écrit l’ancien député de Marigot (Sud-Est), Déus Deronneth, sur son compte Twitter.
La publication des noms des trois membres du Hct, émanant d’un accord en date du 21 décembre 2022 appelé « consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes », constitue une décision unilatérale qui aggrave la crise, ont estimé plusieurs partis politiques, tout en évoquant une absence de consensus entre les différents protagonistes politiques, dans ce contexte de crise politique.
La signature de cet accord par le gouvernement de facto, avec plusieurs représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et du secteur privé, est aussi qualifiée de démagogique et de partisane par plusieurs secteurs politiques.
Les mésententes entre le gouvernement de facto et les secteurs de l’opposition ainsi que l’aggravation du climat de terreur, entretenue, en toute impunité, par les gangs armés en Haïti, ont empêché la tenue, depuis l’année 2021, de scrutins visant à renouveler le personnel politique.
Mirlande Manigat : « Accordons au consensus du 21 décembre 2022 le bénéfice de la bonne entente »
Face à la complexité de la situation du pays, il est impérieux que chaque citoyen, conséquent dans sa sphère d’activité, réponde à l’appel du devoir, souligne, dans ses propos, Mirlande Hyppolite Manigat, représentante du secteur politique, qui prenait la parole au nom du Hct.
« La décision a été difficile. Puisqu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, accordons au consensus du 21 décembre (2022) le bénéfice de la bonne entente », affirme-t-elle.
« En ce moment de grand désespoir, où tous les couches du pays sont vulnérables, l’heure a sonné de s’impliquer avec désintéressement, dans le seul souci d’œuvrer à apporter un remède définitif à certains maux, qui rongent notre société », poursuit-elle.
En répondant positivement à l’appel des signataires du document de consensus national, elle déclare que les membres du Hct ont pris l’engagement de se mettre au service du peuple, une « unique opportunité de mettre de côté ce qui nous divise et de prioriser la réussite de notre mission ».
« Les prescriptions de Haut conseil de la transition sont clairement définies. Tout converge vers un seul objectif : créer un climat favorable à l’organisation de nouvelles élections », déclare Mirlande Hyppolite Manigat.
Elle appelle les forces de l’ordre à resserrer les rangs, en s’impliquant encore plus dans la lutte contre le banditisme organisé, voué la déstabilisation permanente de la société et l’anéantissement des acquis démocratiques.
Les trois grands chantiers, qui nous attendent immédiatement, sont le remaniement constitutionnel, le renforcement du système judiciaire et la formation du Conseil électoral, annonce-t-elle.
Ariel Henry :« Nous, Haïtiens, pouvons nous entendre »
L’installation des membres du Hct s’inscrit dans une « dynamique qui, depuis l’accord du 21 décembre 2022, est sur le point de marquer l’histoire de la nation et de montrer au reste du monde que nous, Haïtiens, pouvons nous entendre, en vue de trouver des solutions durables pour la bonne marche du pays », déclare Ariel Henry.
Ce dernier a procédé, le lundi 6 février 2023, à l’installation des trois membres du Hct, après avoir unilatéralement décidé de rendre publics leurs noms dans le journal officiel de la république « Le Moniteur », à travers un arrêté daté du 17 janvier 2023.
Le premier ministre de facto y voit le commencement de la fin du dysfonctionnement des institutions démocratiques en Haïti.
« C’est un déclic invitant tous les Haïtiens, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, à unir leurs efforts pour le changement que nous appelons tous de nos vœux », poursuit-il, tout en remerciant les membres désignés du Hct d’avoir accepté de s’engager aux côtés du gouvernement de facto dans cette tâche.
L’installation de Mirlande Hyppolite Manigat (secteur politique), Laurent Saint Cyr (secteur privé) et Calixte Fleuridor (président de la Fédération protestante d’Haïti / Fph, société civile) a eu lieu, en présence d’officiels du gouvernement de facto, de diplomates haïtiens et étrangers, de représentants de la société civile, du secteur privé des affaires et de partis politiques, des membres de la Cour de cassation, entre autres. [wr emb apr 06/02/2023 16:40]