P-au-P, 06 févr. 2023 [AlterPresse] --- Après avoir unilatéralement décidé de rendre publics leurs noms dans le journal officiel de la république « Le Moniteur », à travers un arrêté daté du 17 janvier 2023, le premier ministre de facto, Ariel Henry, a procédé, ce lundi 6 février 2023, à l’installation des trois membres d’un Haut conseil de transition (Hct) à Port-au-Prince, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Il s’agit de Mirlande Hyppolite Manigat (secteur politique), Laurent Saint Cyr (secteur privé) et Calixte Fleuridor (président de la Fédération protestante d’Haïti / Fph, société civile).
L’installation a eu lieu, en présence d’officiels du gouvernement e facto, de diplomates haïtiens et étrangers, de représentants de la société civile, du secteur privé des affaires et de partis politiques, des membres de la Cour de cassation, entre autres.
L’installation des membres du Hct s’inscrit dans une « dynamique qui, depuis l’accord du 21 décembre 2022, est sur le point de marquer l’histoire de la nation et de montrer au reste du monde que nous, Haïtiens, pouvons nous entendre, en vue de trouver des solutions durables pour la bonne marche du pays », déclare Ariel Henry.
Il y voit le commencement de la fin du dysfonctionnement des institutions démocratiques en Haïti.
« C’est un déclic invitant tous les Haïtiens, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, à unir leurs efforts pour le changement que nous appelons tous de nos vœux », poursuit-il, tout en remerciant les membres désignés du Hct d’avoir accepté de s’engager aux côtés du gouvernement de facto « dans la noble et ingrate tâche » de servir le pays en ces temps difficiles.
La publication des noms des trois membres du Hct, émanant d’un accord en date du 21 décembre 2022 appelé « consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes », constitue une décision unilatérale qui aggrave la crise, ont estimé plusieurs partis politiques, tout en évoquant une absence de consensus entre les différents protagonistes politiques, dans ce contexte de crise politique.
La signature de cet accord par le gouvernement de facto, avec plusieurs représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et du secteur privé, est aussi qualifiée de démagogique et de partisane par plusieurs secteurs politiques.
Les mésententes entre le gouvernement de facto et les secteurs de l’opposition ainsi que l’aggravation du climat de terreur, entretenue, en toute impunité, par les gangs armés en Haïti, ont empêché la tenue, depuis l’année 2021, de scrutins visant à renouveler le personnel politique.
Ariel Henry dit réitérer la volonté de son gouvernement de facto de faire tout ce qui est en son pouvoir, pour procurer au Hct les moyens nécessaires, devant le mettre en situation d’accomplir sa mission.
Rétablir la sécurité et freiner les actes de banditisme, continuer les reformes économiques, réviser la Constitution, réaliser de bonnes élections sans parti pris et remettre le pouvoir aux élus sont les cinq chantiers, sur lesquels devraient porter les prochains travaux, annonce Ariel Henry.
L’aboutissement d’un tel objectif requiert le rétablissement d’un environnement sécuritaire, pour permettre une reprise normale des activités sur toute l’étendue du territoire et la libre circulation des personnes et des biens, souligne le chef du gouvernement de facto, soulignant combien la tâche de rassemblement devrait se poursuivre jusqu’à la dernière heure.
Le dit Haut conseil de transition aurait pour objectif, selon le gouvernement de facto, de favoriser le dialogue national dans la recherche d’un consensus sur les jalons à poser pour signifier les lignes de rupture d’avec les mauvaises pratiques et sur les grands chantiers de la période de transition, notamment en matière de sécurité publique, de Constitution et d’élections, de réformes économiques, de justice et d’État de droit, de sécurité sociale et alimentaire.
En étroite collaboration avec le gouvernement de facto, le Hct est aussi « appelé à s’assurer de la crédibilité et de l’intégrité des élections, en participant au choix des membres du Conseil électoral provisoire (Cep) et en organisant des évaluations d’étape, assorties de recommandations pour la performance du processus électoral ».
Choisir un comité d’experts en charge de la révision de la Constitution (pour laquelle le gouvernement de facto n’a ni mandat, ni mission), coordonner un dialogue politique de haut niveau, afin d’élargir la base du consensus entre les principaux acteurs politiques, sociaux et économiques du pays, et coopérer avec le premier ministre et le conseil des ministres pour définir une feuille de route comportant des étapes et des délais précis et mettre en œuvre un plan d’action stratégique pour la période de transition, figurent parmi les attributions du Hct. [emb rc apr 06/02/2023 14:10]