Español English French Kwéyol

Criminalité : Le Rnddh appelle l’État à cesser d’alimenter les gangs en armes et munitions en Haïti

« la police nécessite de l’accompagnement et un vetting »

P-au-P, 03 févr. 2023 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) demande aux autorités étatiques d’arrêter d’alimenter, en armes, munitions et argent, les gangs armés en Haïti, dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

« Des employés de l’État continuent de financer les bandes armées. Des policiers nationaux sont de connivence avec les bandits », révèle le Rnddh, tout en soulignant combien « la Police nationale d’Haïti (Pnh) nécessite de l’accompagnement et un vetting ».

Le problème de la criminalité est lié à la politique, à la gouvernance et à l’état de droit. Le résoudre revient à renforcer les acteurs dans la chaîne pénale, tels que la justice et la police, soutient le directeur exécutif du Rnddh, Pierre Espérance.

Plusieurs assassinats, touchant des policiers nationaux, en début d’année 2023, ont provoqué une vive indignation dans le pays.

Environ une quinzaine de policiers sont tombés sous les balles de bandits armés, pour le seul mois de janvier 2023.

Dans un texte, publié le 02 février 2023 sur le forum en ligne Just Security, qui œuvre dans l’analyse rigoureuse de la sécurité, de la démocratie, de la politique étrangère et des droits, le directeur exécutif du Rnddh a pointé du doigt le gouvernement de facto ainsi que les policiers, arguant combien ils ont des liens avec les gangs armés.

« De nombreux policiers sont liés à certains gangs, tels que la fédération G-9, créée en juin 2020, dirigée par l’ancien policier sanctionné par les Nations unies, Jimmy Cherizier, et Kraze Baryè, un gang dirigé par Vitelhomme Innocent, qui figure sur la liste des personnes les plus recherchées par le Bureau fédéral d’investigation (Fbi) et a des liens avec les principaux responsables et politiciens haïtiens », écrit-il dans ce document.

« Il n’est pas possible de résoudre le problème de sécurité sans s’attaquer au dysfonctionnement politique, pour restaurer la gouvernance dont Haïti a vraiment besoin », argumente-t-il.

« La Police nationale d’Haïti est le seul corps autorisé par la Constitution du pays à recourir à la force. Fin 2021, il y avait environ 16,000 policiers actifs, mais ce nombre a chuté à seulement 10,000 aujourd’hui, selon les chiffres de la police », indique le directeur exécutif du Rnddh.

En raison des attaques croissantes contre la police et de la corruption dans les rangs, de nombreux policiers ont quitté la force et même fui le pays depuis 2021. Certains partent aux États-Unis d’Amérique, d’autres au Panama et au Mexique, regrette-t-il.

« Pour un pays de 12 millions d’habitantes et d’habitants, il y a un policier pour 1,200 citoyennes et citoyens, soit environ la moitié du ratio aux États-Unis, qui comptait 2.4 policiers pour 1,000 habitantes et habitants en 2018 », calcule Pierre Espérance.

Par ailleurs, tout en fustigeant l’accord du 21 décembre 2022, le militant des droits humains exhorte les acteurs clés du pays à trouver un accord politique, qui peut déboucher sur une feuille de route menant à la gouvernance et à l’état de droit.

L’accord du 21 décembre 2022 a été signé pour renforcer le pouvoir d’une équipe qui banalise la vie, fait alliance avec les gangs et agit en toute impunité, critique le Réseau national de défense des droits humains.

La signature, le mercredi 21 décembre 2022, dans un hôtel à Pétionville (municipalité à l’est de la capitale, Port-au-Prince), de cet accord par le gouvernement de facto, avec plusieurs représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et du secteur privé, est qualifiée de démagogique et de partisane par plusieurs secteurs politiques.

Un Haut conseil de transition (Hct) émane de cet accord dit de « consensus dit national », en date du 21 décembre 2022, « pour une transition inclusive et des élections transparentes ».

Malgré les nombreuses contestations, les trois noms des personnalités désignées pour faire partie de ce Hct ont été officiellement rendus publics, dans le journal officiel de la république « Le Moniteur », selon un arrêté en date du 17 janvier 2023.

Il s’agit de Mirlande Hyppolite Manigat, Laurent Saint Cyr et Calixte Fleuridor, non reconnus par les secteurs, pour lesquels ils auraient été désignés.

Au niveau politique en Haïti, tout se passe, depuis plusieurs mois, au mépris des desiderata de la population, qui souffre le martyre avec la multiplication des gangs armés, générant, par leur terreur, une hausse excessive de tous les biens essentiels à la consommation par leurs manœuvres et harcèlements, incluant les actes de kidnapping, perpétrés en toute impunité sur le territoire national... [wjm emb rc apr 03/02/2023 15:00]