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Haïti-Crise : Ted Saint-Dic dénonce un coup de bluff d’Ariel Henry

P-au-P, 02 févr. 2023 [AlterPresse] --- En vue d’une issue à la crise politique, le chef du gouvernement de facto, Ariel Henry, continue de chercher à rallier d’autres secteurs à sa démarche en tâtonnant et se faisant accuser de bluffer, relève l’agence en ligne AlterPresse.

Plus d’un an après la signature de l’accord du 11 septembre 2021, Ariel Henry a signé, le 21 décembre 2022, avec des représentants de partis politiques et d’organisations de la société civile, un autre accord appelé « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes ».

« L’accord du 11 septembre 2021 a prévu l’organisation des élections en novembre 2022 et d’installer un président élu en 2023, mais le gouvernement savait qu’il bluffait. Il s’est donc empressé de signer l’accord du 21 décembre (2022) », déclare à AlterPresse/AlterRadio, le porte-parole du Bureau de suivi (Bsa) de l’accord du 30 août 2021, dit accord de Montana, Jacques Ted St Dic.

Il exprime son scepticisme face à tout éventuelle négociation entre les signataires de l’accord de Montana et ceux du 21 décembre, car, dit-il, « ce n’est pas l’accord du 21 décembre (2022), qui servira de guide aux négociations, mais Ariel Henry qui est le seul élément majeur de l’accord. Les membres du Haut conseil de transition (Hct) sont mineurs et sont ses assistants ».

Malgré de nombreuses réprobations contre la démarche, le gouvernement de facto d’Ariel Henry a unilatéralement décidé de rendre publics trois noms contestés pour faire partie de son Hct, dans le journal officiel de la république « Le Moniteur », selon un arrêté en date du 17 janvier 2023.

Il s’agit de Mirlande Hyppolite Manigat, Laurent Saint Cyr et Calixte Fleuridor, non reconnus par les secteurs pour lesquels ils auraient été désignés.

Début août 2022, les membres du Bureau de suivi de l’accord (Bsa) du 30 août 2021 ont décidé de surseoir aux négociations politiques avec le pouvoir de facto en place, après des semaines de discussions.

Ils avaient évoqué une absence de volonté réelle du gouvernement de facto de parvenir à un consensus large, en vue de résoudre la crise socio-politique en Haïti.

Réagissant sur la démission de l’ancien sénateur Steven Benoît comme premier ministre désigné dans le cadre de l’accord du 30 août 2021, appelé accord de Montana, le porte-parole du Bsa y voit la démonstration d’une capacité démocratique de s’ouvrir aux autres ».

Il considère la décision de l’ancien sénateur de la république comme un grand sacrifice, puisque le processus ayant abouti à l’élection de Fritz Jean et de Steven Benoît, respectivement président et premier ministre, était transparent et démocratique.

Ces élus devraient gérer la transition, proposée par le Konsèy nasyonal tranzisyon (Knt), suite aux votes de toutes les parties signataires de l’accord de Montana dans une élection au second degré.

« Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas verrouiller la plus haute sphère de l’État, avec une position ferme et arrêtée. Il [Steven Benoît] a donc ouvert le champ d’une négociation possible, où toutes les entités peuvent paraître librement pour discuter », avance St Dic.

« Et à partir des discussions politiques, les forces de la société auront la capacité de choisir les dirigeants du pays en toute souveraineté, mais non pas les Blancs qui les nommeront ou décideront quand ils devraient partir par le biais d’un tweet ».

« Vous avez accepté de vous engager dans le processus, dans un contexte très difficile et avec tous les risques et incertitudes d’une crise multiforme et aux contours parfois insaisissables. Bien qu’il soit difficile d’estimer si c’est le bon moment pour prendre une telle décision, je la respecte et y vois l’attitude d’un patriote qui ne rechigne, n’hésite devant aucun sacrifice pour son pays », a écrit le président du Knt James Beltis, dans une correspondance adressée au premier ministre élu de l’accord du 30 août 2021.

« Vous avez compris qu’à ce carrefour périlleux de la vie de la nation, des décisions difficiles sont nécessaires pour aider à trouver une solution de sortie de crise. Je partage avec vous la conviction que les intérêts personnels et de groupe doivent être transcendés, quand il s’agit d’œuvrer pour le sauvetage de la barque nationale », peut-on lire dans la lettre. [wjm emb apr 02/02/2023 16:00]