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Criminalité : Le Cardh appelle à l’adoption de mesures urgentes pour lutter contre les gangs en Haïti

P-au-P, 31 janv. 2023 [AlterPresse] --- Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh) demande au gouvernement de facto d’adopter des mesures proportionnelles urgentes, pour lutter contre les gangs en Haïti, dans un rapport transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

La situation d’insécurité quasi généralisée, qui prévaut en Haïti, engendrant une grave crise humanitaire et des violations de droits humains, est insoutenable, souligne le Cardh.

Seule une force étrangère adaptée pourrait aider la Police nationale d’Haïti (Pnh) à rétablir l’ordre dans le pays, estime le Cardh, dans ce document, qui fait suite à l’assassinat, le mercredi 25 janvier 2023, de sept (7) policiers par le gang armé de Savien, à Liancourt, commune du Bas Artibonite (Nord).

« L’assassinat en cascade des policiers, la hausse du kidnapping, les viols de femmes et de filles, l’extension des gangs confirment, chaque jour, la nécessité d’une intervention internationale adaptée (bilatérale ou multilatérale), pour accompagner la police, afin de déloger les gangs et de renforcer cette dernière (matériels, formation, unités d’élites, technologies...) ».

Le gouvernement de facto d’Ariel Henry a sollicité, le 7 octobre 2022, auprès de l’Organisation des Nations unies (Onu) l’intervention d’une force multinationale en Haïti, qui a été rejetée, par plusieurs secteurs, qualifiant ladite demande d’acte criminel et de trahison.

Si des mesures proportionnelles urgentes ne sont pas prises pour stopper l’hémorragie, « les victimes (des gangs) seront bientôt jetées aux oubliettes, à l’instar de celles de Village de Dieu et d’autres », prévient l’organisme de défense des droits humains.

Six (6) policiers nationaux ont été tués par balles, le 12 mars 2021, lors d’affrontements entre des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et les membres du gang armé de Village de Dieu.

Entre-temps, les activités commerciales et scolaires continuent de fonctionner au ralenti, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, et dans plusieurs autres villes, en province, après de vives tensons provoquées, le jeudi 26 janvier 2023, par les mouvements de protestations d’agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) contre l’assassinat de 7 d’entre eux, à Liancourt, une commune du Bas Artibonite, par des bandits armés.

En solidarité aux policiers victimes, plusieurs citoyennes et citoyens ont tour à tour manifesté, les mardi 31 janvier et lundi 30 janvier 2023, au Cap-Haïtien (Nord), à Fort Liberté (Nord-Est), aux Cayes (Sud), aux Gonaïves et à Saint-Marc (département de l’Artibonite), à Jérémie (Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), à Léogane (département de l’Ouest).

Les appels au calme, les vendredi 27 et samedi 28 janvier 2023, du premier ministre de facto, Ariel Henry, et du directeur ad intérim de la Pnh, Franz Elbé, n’ont pas encore été suivi d’effets.

Pour l’année 2022, 54 cas d’assassinats de policiers ont été recensés, alors que, du 1er au 25 janvier 2023, 15 policiers ont été assassinés, rappelle le Cardh.

« Aujourd’hui, il ne faut pas se contenter de dénoncer les gangs, il faut aussi responsabiliser les hommes et les femmes, qui ont armé les gens des zones vulnérables, à des fins politiques, économiques et autres. Ils sont donc les premiers responsables de la descente aux enfers du pays ».

Les efforts de la police sont visibles, mais largement insuffisants pour freiner la prolifération des gangs armés, relève le Cardh, invitant les forces sociales et politiques du pays à plaider pour une vraie police.

« Il est temps d’avoir une police, avec des moyens capables de garantir la sécurité : hélicoptères, blindés appropriés, engins lourds, armes, munitions, technologie, drones furtifs ». [mff emb rc apr 31/01/2023 11:05]