P-au-P, 21 juil 2005 [AlterPresse] --- Des journalistes Haïtiens, accompagnés par de nombreux habitants de la zone métropolitaine de la capitale haïtienne, ont marché le 21 juillet 2005, de Pétionville (municipalité à l’est de la capitale, Port-au-Prince) à Champ de Mars (centre de Port-au-Prince) devant le siège de la Présidence, pour réclamer des poursuites judiciaires contre les auteurs et complices du meurtre, perpétré sur la personne du journaliste et poète Jacques Roche, responsable de la section Culture et Société du Journal Le Matin, retrouvé sans vie, sur la chaussée au bas De Delmas, le 14 juillet 2005, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
La manifestation a démarré, quelques minutes après les funérailles du confrère assassiné, déroulées à l’église Saint Pierre de Pétionville devant des milliers de personnes.
Arrivés aux abords du Bureau du Premier Ministre Gérard Latortue, sis à Musseau à l’Est de Port-au-Prince, les manifestants ont invité le chef du gouvernement intérimaire à assumer ses responsabilités face au climat de violence et aux actes de kidnapping enregistrés dans le pays depuis plusieurs mois.
« Au nom de tous les citoyens, au nom de toutes les citoyennes, de toutes les jeunes qui sont enlevées, torturées, violées..., au nom de tous ceux-là qui ont subi des actes violents, nous disons c’est inacceptable. C’est inacceptable de vivre dans ce climat de terreur », ont-ils dénoncé dans leur message de circonstance.
Mis à part le gouvernement, les manifestants journalistes et travailleurs de presse s’en sont pris à la Police nationale d’Haïti (Pnh), à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) et à la communauté internationale, qui, estiment-ils, ont failli à leur mission, celle d’instaurer un climat de stabilité, de paix et de sécurité dans le pays.
« La mort de Jacques Roche est un coup dur pour la presse haïtienne. Ses exécuteurs ont profité du laxisme et de la passivité des autorités en place pour commettre leur forfait », ont-ils fait savoir.
Les consœurs et confrères ont rappelé combien beaucoup de journalistes haïtiens ont été victimes des mêmes actes barbares et fascistes, comme celui commis sur Jacques Roche.
A titre d’exemples, ils ont cité le jeune Gasner Raymond, journaliste de l’hebdomadaire Le Petit Samedi Soir retrouvé assassiné en 1976, au sud de Port-au-Prince, par les sbires du régime des Duvalier ; le Directeur de Radio Haïti Inter, Jean Léopold Dominique assassiné le 3 avril 2000 et le responsable de la Salle des Nouvelles de Radio Echo 2000 à Petit Goave (à 68 kilomètres au sud de la capitale), Brignol Lindor lynché le 3 décembre 2001 par des partisans armés lavalas de l’organisation Dòmi nan Bwa.
« Trop de sang a coulé. Nous sommes fatigués de vivre des scènes de violences. Nous sommes fatigués d’assister aux funérailles des citoyens qui peuvent aider à l’avancement du pays. Il faut que le gouvernement cesse de condamner, de déplorer. Il est temps d’agir et de poursuivre les fauteurs de troubles », ont-ils réitéré.
Parallèlement à la marche de Port-au-Prince, les journalistes de plusieurs autres villes, dans le Nord et le Sud-Est du pays, ont manifesté pour réclamer, à leur tour, justice en faveur du journaliste assassiné Jacques Roche.
Le mouvement des journalistes haïtiens, dans divers endroits du pays, s’inscrit dans le cadre d’une série d’initiatives entreprises par des médias regroupés en association associés au monde culturel, ainsi que des organismes de défense de droits humains, de secteurs sociaux, qui avaient bénéficié de la contribution du défunt.
Le 20 juillet 2005, des émissions d’informations et de forums ont été diffusées en réseau sur divers médias, principalement membres de l’Association nationale des médias haïtiens (Anmh). Elles ont été retransmises en direct par la télévision publique, la Télévision nationale d’Haïti (Tnh). [do rc apr 21/07/05 16:00]