Lettre en date du 23 janvier 2023 du mouvement Dialogo 2000, signée par le Prix Nobel de la paix argentin, Adolfo Perez Esquivel, et Nora Cortiñas, Mère de la Plaza de Mayo-Lignée fondatrice
Document transmis à AlterPresse
« Nous appelons particulièrement le gouvernement brésilien que vous présidez, à soutenir les droits du peuple haïtien en rejetant toute intervention militaire, en se retirant du « Core Group » et en œuvrant pour sa dissolution, la fermeture du bureau de tutelle de l’ONU (BINUH). Nous sollicitons également votre engagement pour la justice et la réparation des crimes commis contre le peuple haïtien, tels que le choléra, les massacres, les viols et les abus sexuels par la MINUSTAH, le vol des réserves d’or par les USA et la Citibank, la dette frauduleuse imposée par la France pour la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti, les expulsions massives de migrants et les violations des droits humains lors de ces expulsions. »
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Luiz Ignácio "Lula" Da Silva Président du Brésil
Président
Cher camarade président,
Recevez tout d’abord nos salutations. Nous profitons de cette occasion pour exprimer notre solidarité avec votre gouvernement et le peuple frère du Brésil face à la tentative de coup d’État monté contre votre présidence et aux grands défis qui vous attendent. Nous tenons à partager notre inquiétude face à la situation que souffre le peuple haïtien et la nécessité d’une politique coordonnée des gouvernements de notre Amérique, basée sur la solidarité et le principe de non-intervention.
Le peuple haïtien se dresse contre l’énorme crise sociale et politique à laquelle il est confronté et la menace d’une nouvelle occupation militaire que les États-Unis promeuvent ouvertement. Il continue à lutter contre les chaînes scandaleuses et les inégalités qui profitent à une petite minorité avec le soutien des puissances impérialistes et néocoloniales, du FMI et des banques multilatérales qui condamnent la majorité de la population à vivre dans des conditions inhumaines. Il exige la démission du gouvernement de facto d’Ariel Henry - un gouvernement non élu par le peuple haïtien mais imposé et soutenu par ces pouvoirs à travers le désastreux "Core Group" - et le respect sans restriction de sa souveraineté et de son autodétermination.
Nous appelons les gouvernements regroupés au sein de la CELAC à faire siennes les revendications d’un grand nombre d’organisations populaires, syndicales et politiques haïtiennes, à rejeter catégoriquement ces nouvelles tentatives d’occupation et toute ingérence. Comme nous l’avons demandé en octobre aux ministres des Affaires étrangères de la CELAC et de l’Union européenne, nous les exhortons à écouter et à respecter le peuple haïtien. Les acteurs politiques et sociaux en Haïti ont une proposition réaliste et concertée ; le problème est que les USA et le « Core Group » n’acceptent pas cette solution et continuent de soutenir le régime PHTK qu’ils ont eux-mêmes imposé. Il ne peut y avoir de transition de rupture pour le peuple haïtien, avec le gouvernement inconstitutionnel, illégal et illégitime d’Ariel Henry et son agenda qui consiste entre autres à amender la constitution de manière autoritaire et à organiser des élections qui ne peuvent que favoriser le PHTK lui-même.
Nous appelons particulièrement le gouvernement brésilien que vous présidez, à soutenir les droits du peuple haïtien en rejetant toute intervention militaire, en se retirant du « Core Group » et en œuvrant pour sa dissolution, la fermeture du bureau de tutelle de l’ONU (BINUH). Nous sollicitons également votre engagement pour la justice et la réparation des crimes commis contre le peuple haïtien, tels que le choléra, les massacres, les viols et les abus sexuels par la MINUSTAH, le vol des réserves d’or par les USA et la Citibank, la dette frauduleuse imposée par la France pour la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti, les expulsions massives de migrants et les violations des droits humains lors de ces expulsions.
219 ans après le triomphe de la Révolution haïtienne, qui a créé la première nation noire qui est sortie victorieuse sur les cendres du système esclavagiste que la France colonialiste a établi avec horreur, nous demandons à votre gouvernement et à tous les gouvernements de la CELAC de reconnaître comme patrimoine régional et de toute l’humanité, les apports libertaires et de droits humains de la lutte antiesclavagiste, anticoloniale, antiraciste, anticapitaliste et anti patriarcale du peuple haïtien. Leur lutte, aujourd’hui comme jadis, continue d’être un phare pour tous les peuples, et leur solidarité historique une inspiration.
Avec l’étreinte fraternelle de la Paix et du Bien,
Adolfo Pérez Esquivel
Prix Nobel de la paix
Nora Cortiñas
Mère de la Plaza de Mayo-Lignée fondatrice
-Bs.As., 23 janvier 2023
adj/ CELAC-UE, Lettre aux ministres des affaires étrangères
Photo : Réunion Celac-Social