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Crise : Plusieurs organisations rejettent la mise en place d’un Haut conseil de transition par le gouvernement de facto en Haïti

P-au-P, 23 janv. 2023 [AlterPresse] --- Le Mouvement démocratique et populaire (Modep) voit un acte illégal dans la mise en place, par le gouvernement de facto d’Ariel Henry, d’un Haut conseil de transition (Hct), alors que le parti politique Rassemblement social-démocrate pour le progrès d’Haïti (Rsd, fondé le 8 mai 2018) critique les attributions du Hct, dans des interviews accordées à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

« L’accord du 21 décembre 2022 n’a aucun avenir. C’est une façon pour Ariel Henry de continuer à se maintenir au pouvoir », met en garde Guy Numa du Mouvement démocratique et populaire (Modep).

La publication de cet accord et des noms des membres du Hct, dans le journal officiel « Le Moniteur », constitue un acte illégal, fustige-t-il.

Le Modep encourage toutes les organisations, dont les noms figurent dans ledit accord sans leur autorisation, à porter plainte contre Ariel Henry.

La manière, dont est créé le Hct, donne uniquement à ses membres les attributions de conseillers du premier ministre Ariel Henry, déplore, de son côté, Victor Benoît, membre du Rsd.

Le Hct devrait jouer le rôle de présidence politique de la république, tout en tenant compte de la Constitution de 1987, suggère le parti politique Rsd.

« Les attributions du président de la république devraient être confiées à un groupe de personnes, à partir du Hct. Ce serait une sorte de Collège, jouissant de toutes les attributions du président de la république collectivement », poursuit le parti politique Rsd.

Malgré de nombreuses réprobations contre la démarche, le gouvernement de facto d’Ariel Henry a unilatéralement décidé de rendre publics trois noms contestés pour faire partie de son Hct, dans le journal officiel de la république « Le Moniteur », selon un arrêté en date du 17 janvier 2023.

Il s’agit de Mirlande Hyppolite Manigat, Laurent Saint Cyr et Calixte Fleuridor, non reconnus par les secteurs pour lesquels ils auraient été désignés.

La publication de cet arrêté survient dans un contexte de crise multidimensionnelle, de plus en plus marquée par des mésententes politiques entre des protagonistes politiques, dans la recherche d’une issue à l’impasse actuelle, et un climat de terreur entretenue, en toute impunité, par les gangs armés sur le territoire national.

Le Hct émane d’un consensus dit national en date du 21 décembre 2022, « pour une transition inclusive et des élections transparentes », qui est également contesté par plusieurs secteurs.

Signé dans un hôtel à Pétionville (municipalité à l’est de la capitale, Port-au-Prince) par le gouvernement de facto et plusieurs représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et du secteur privé, la demarche ayant abouti à l’accord du 21 décembre 2022 est qualifiée de démagogique et de partisane par plusieurs secteurs politiques.

La publication, par le premier ministre de facto Ariel Henry, des noms des trois membres du Hct, malgré les contestations, constitue une décision unilatérale, ont fustigé des partis politiques interrogés par AlterPresse.

« Aucune de ces publications dans Le Moniteur ne nous ébranle pas, ni ne change rien. », a déclaré Danio Siriack, porte-parole du parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl).

« Ces publications n’enlèvent pas la nécessité de continuer la lutte, afin de forcer le pouvoir de facto et les autres secteurs de la vie nationale à accepter la logique d’engager un consensus national, un accord global, capable d’aider à trouver une solution à cette crise », considère le parti politique Opl.

La publication du Hct dans ces conditions fait partie des mesures, qui fragilisent la situation d’Haïti et aggrave davantage la crise, a critiqué, de son côté, le coordonnateur du parti politique Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir), Clarens Renois.

Toutes les décisions, qui seront prises à l’avenir par le Hct, seront contestables par devant la justice, car le premier ministre, qui n’est pas légitime, n’a pas recherché le consensus suffisant auprès des protagonistes, anticipe le parti politique Unir. [wm emb rc apr 23/01/2023 11:30]