P-au-P, 19 janv. 2023 [AlterPresse] --- La publication, par le premier ministre de facto Ariel Henry, des noms des trois membres du Haut conseil de transition (Hct) dans le journal officiel « Le Moniteur », malgré les contestations, constitue une décision unilatérale, fustigent des partis politiques interviewés par l’agence en ligne AlterPresse.
« Aucune de ces publications dans Le Moniteur ne nous ébranle, ni ne change rien. Ces publications n’enlèvent pas la nécessité de continuer la lutte, afin de forcer le pouvoir de facto et les autres secteurs de la vie nationale à accepter la logique d’engager un consensus national, un accord global, capable d’aider à trouver une solution à cette crise », déclare, à AlterPresse, Danio Siriack, porte-parole du parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl).
Le parti politique Opl met l’accent sur « l’absence de consensus dans un contexte de crise politique, où toutes les institutions démocratiques ne fonctionnent pas ».
« Nous considérons nécessaire d’aboutir à un large consensus entre les différents acteurs sociaux et politiques, pour qu’il y ait un accord capable d’obtenir l’adhésion du plus grand nombre », insiste l’Opl.
L’accord du 21 décembre 2022 a été signé entre des copains politiques du premier ministre de facto Ariel Henry, qui, d’ailleurs, n’est pas légitime, conteste le parti politique Opl.
« Nous ne reconnaissons pas cet accord [du 21 décembre 2022]. C’est un processus de manipulation, c’est un manœuvre politique qu’Ariel Henry et son équipe utilisent pour se maintenir au pouvoir, en dehors de toute légalité et de toute légitimité, et ceci contre toute possibilité de fonctionnement des institutions », soutient le parti politique Organisation du peuple en lutte.
La publication du Hct dans ces conditions fait partie des mesures qui fragilisent la situation d’Haïti et aggrave davantage la crise, critique, de son côté, le coordonnateur du parti politique Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir), Clarens Renois, interrogé par AlterPresse.
Toutes les décisions, qui seront prises à l’avenir par le Hct, seront contestables par devant la justice, car le premier ministre, qui n’est pas légitime, n’a pas recherché le consensus suffisant auprès des protagonistes, anticipe le parti politique Unir.
Cette publication s’ajoute à la liste des actions politiques entreprises par le chef du gouvernement de facto depuis le 21 décembre 2022, date de la signature d’un accord appelé « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes ».
Publié dans le journal officiel de la république « Le Moniteur », le mardi 03 janvier 2023, avant d’être rendu public le 11 janvier 2023, ledit accord, non consensuel, une démarche démagogique et partisane, selon plusieurs secteurs, a été signé par quelques représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et du secteur privé des affaires.
Deux principaux problèmes se posent dans le cas du Hct, aux yeux du parti politique Unir.
Le premier concerne le l’hébergement du Haut conseil de transition.
« Le premier ministre ne veut pas le [le Hct] loger dans le Palais national, mais dans un hôtel. Un organe aussi important de l’État ne peut pas loger dans une chambre d’hôtel », signale le parti politique Unir.
Le second concerne les attributions du conseil dit de transition.
« Pour nommer les membres du Conseil électoral provisoire (Cep), par exemple, le Hct doit choisir dans une liste que le premier ministre lui remettra. Il est donc un organe consultatif, et non un organe de décision et d’équilibre du pouvoir exécutif », souligne-t-il.
Le parti politique Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation dit souhaiter la création d’un organe, afin de ne pas concentrer tous les pouvoirs aux mains d’une seule personne, en l’occurrence Ariel Henry, qui n’a pas été élu par le peuple.
Tout ceci constitue un sérieux problème, qui explique pourquoi le Hct et cet accord sont insuffisants pour résoudre cette crise, prévient le parti politique Unir.
Par ailleurs, le porte-parole d’une des branches du Secteur démocratique et populaire (Sdp), allié du gouvernement de facto d’Ariel Henry, depuis septembre 2021, l’avocat Michel André, autoproclamé « avocat du peuple », affirme saluer la publication de l’arrêté nommant les trois (3) membres du Hct.
« Le Sdp espère qu’ils travailleront avec l’exécutif pour la réussite de la période de transition. Le Sdp pense que tous ceux, qui applaudissent la décision du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire aujourd’hui (d’écarter, pour « absence d’intégrité morale » 28 juges, pour la plupart très décriés, dans le système judiciaire en Haïti, entre autres, alors qu’ils s’y opposaient avant, acclameront le Hct avant longtemps », a-t-il écrit sur son compte Twitter le 18 janvier 2023. [wm emb rc apr 19/01/2023 20:00]