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Haïti-Crise : La transparence et le sérieux, absents dans le processus ayant abouti à l’accord du 21 décembre 2022, selon le Cnt

P-au-P, 18 janv. 2023 [AlterPresse] --- Le processus, qui a débouché sur l’accord du 21 décembre 2022, dit « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes », n’est ni transparent ni sérieux, estime James Beltis, le président du Conseil national de transition (Cnt), issu de l’accord du 30 août 2021, appelé accord de Montana, dans une entrevue accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

Toute activité politique impliquant Haïti doit avoir la transparence, le dialogue et le sérieux comme bases, des éléments qui ne figurent dans l’accord, souligne le Cnt.

« Nous, au niveau de l’accord de Montana, nous croyons que, durant la crise, tout processus engageant le pays devrait se dérouler dans la transparence, le dialogue, avec les différents acteurs, et le sérieux ».

« Ledit processus doit être aussi à la hauteur des défis, auxquels nous sommes confrontés », insiste le sociologue Beltis.

Le gouvernement de facto et plusieurs représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et du secteur privé ont signé, le mercredi 21 décembre 2022, dans un hôtel à Pétionville (municipalité à l’est de la capitale, Port-au-Prince), l’accord dit de consensus national d’Ariel Henry, pendant qu’au même moment, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) tenait une session spéciale sur le dossier d’Haïti.

Cet accord est qualifié de démarche démagogique et de partisane par plusieurs secteurs politiques.

Malgré de nombreuses réprobations contre la démarche, le gouvernement de facto d’Ariel Henry a unilatéralement décidé de rendre publics, le 17 janvier 2023, dans le journal officiel de la république « Le Moniteur », trois noms contestés, pour faire partie de son Haut conseil de la transition (Hct), selon un arrêté en date du 17 janvier 2023.

Il s’agit de Mirlande Hyppolite Manigat, Laurent Saint Cyr et Calixte Fleuridor, non reconnus par les secteurs, pour lesquels ils auraient été désignés.

Le dit Haut conseil de transition émane du « consensus dit national pour une transition inclusive et des élections transparentes », dont le document, également contesté par plusieurs secteurs, a été publié au journal officiel de la république « Le Moniteur », au cours du mois de janvier 2023.

La publication de cet arrêté survient dans un contexte de crise multidimensionnelle, de plus en plus marquée par des mésententes politiques entre des protagonistes politiques, dans la recherche d’une issue à l’impasse actuelle, et un climat de terreur entretenue, en toute impunité, par les gangs armés sur le territoire national.

« Le pays connaît un vide institutionnel extrêmement grave et aigu. La solution à la crise de légitimité, que traverse Haïti, doit passer par un large consensus », soutient le Conseil national de transition, issu de l’accord du 30 août 2021.

Le Cnt dénonce une manœuvre du régime de facto en place d’agir à l’insu du peuple haïtien et à l’encontre du sérieux, qualifiant cette attitude d’irresponsable et de mépris pour les forces organisées du pays.

Le vendredi 13 janvier 2023, le Bureau de suivi de l’accord du 30 août 2021 (Bsa), dit accord de Montana, a publié une note pour dénoncer la publication, le 11 janvier 2023, de l’accord du 21 décembre 2022, dans le journal officiel « Le Moniteur », soit deux jours après la fin du mandat du tiers restant du sénat.

« Cette manœuvre malhonnête n’a d’autres objectifs que d’organiser des élections frauduleuses sans délai, afin de placer au pouvoir des gens, pouvant garantir les privilèges du régime et continuer à piller l’État en toute impunité, à travers des institutions étatiques, sur lesquelles ils ont mainmise », d’après la note du Bsa. signée par six responsables du bureau, dont l’ancienne ministre de la culture, Magali Comeau Denis.

Parmi les protagonistes politiques, qui considerent que ce « consensus national » ne l’est que de nom, figurent les membres du Bureau du secteur populaire de l’accord de Montana (Bspam).

« Nous ne cautionnons aucune activité ni mouvement, qui se dresse contre la population haïtienne. L’accord du 21 décembre 2022 est signé entre amis, non avec le peuple ou les forces vives de la nation », déclare à AlterPresse/AlterRadio, Guy Robert Gourdet du Bspam.

Des noms d’organisations insérés dans l’accord d’Ariel Henry sans leur consentement

Pendant que plusieurs organisations politiques jettent d’un revers de main l’entente politique du 21 décembre 2022, d’autres s’indignent de voir leurs noms figurer, à leur insu, parmi les signataires du dit accord.

« La plateforme Montana dénonce, de toutes ses forces, des usurpateurs, qui se plaisent à utiliser le nom de l’accord de Montana, comme tremplin pour négocier des postes et du pouvoir », selon la note du Bsa.

« La plateforme Montana n’a rien à voir, ni de manière formelle ni de manière informelle, à la démarche menant à l’accord du 21 décembre (2022) », poursuit-elle.

Le nommé Ronel Jean, ainsi connu, n’a pas été mandaté pour signer l’accord dit de Consensus national, au nom de l’Association nationale des Scouts d’Haïti (Ansh), dénoncent les responsables de la dite association, dans une note datée du 12 janvier 2023.

« Cette signature n’engage en rien l’Ansh. Ronel Jean sera poursuivi par devant qui de droit, suivant les dispositions du code pénal sanctionnant de tels agissements », déclarent-ils.

L’Association nationale des Scouts d’Haïti est une structure éducative de la jeunesse, qui ne participe à aucune affaire politique, aucun dossier, aucun regroupement, aucune négociation, aucun projet et aucune autre chose à finalité politique, rappelle l’Ansh.

« Les amis et les petits copains d’Ariel Henry ont mis le nom du parti les Engagés pour le développement (Ede) parmi les organisations ayant signé l’accord du 21 décembre 2022. Faux ! Le parti Ede n’a signé aucun accord de pacotille entre des copains-coquins. Gare aux usurpateurs », a tweeté, le 13 janvier 2023, le coordonnateur général de l’organisation, Claude Joseph, ex-premier ministre de facto (14 avril 2021 - 20 juillet 2021 et ex-ministre des affaires étrangères (5 mars 2020 - 24 novembre 2021). [wm emb rc apr 19/01/2023 10:30]