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Politique : L’ancienne gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, appelle à un front uni, pour une sortie de crise en Haïti

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 16 janv. 2023 [AlterPresse] --- L’ancienne gouverneure générale du Canada (2005-2010), Michaëlle Jean, encourage un front uni, pour sortir Haïti de la crise, dans laquelle elle se trouve, dans un article d’opinion publié sur le site canadien lapresse.ca, consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

« Le temps presse. Le pays est en danger. Haïti a besoin d’un front uni pour sortir de cette crise et avancer vers un gouvernement élu, doté de la légitimité nécessaire, émanant d’un mandat clair du peuple haïtien, pour affronter tous les problèmes de fond », souligne-t-elle.

Michaëlle Jean critique les ambassadeurs étrangers et les Nations unies, qui ont procédé, sans retenue, à l’installation, le mardi 20 juillet 2021, du premier ministre Ariel Henry ainsi que de son gouvernement de facto, actuellement en exercice en Haïti, à la suite de l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, en sa résidence privée à Pèlerin 5 (à l’est de la capitale, Port-au-Prince), de l’ancien président de facto Jovenel Moïse.

Plusieurs partis politiques de l’opposition continuent de réclamer le départ d’Ariel Henry, plaidant pour la mise en place d’une transition de rupture.

Par ailleurs, Michaëlle Jean recommande l’élaboration d’une feuille de route, dans la perspective d’une éradication des gangs armés, qui contrôlent la capitale, Port-au-Prince, et paralysent le pays.

« Pour cela, Haïti a indéniablement besoin de renforts solides, en s’inspirant de ce que d’autres pays du Continent et ailleurs dans le monde ont su mettre en œuvre dans des circonstances semblables ».

La multiplication de ces bandes criminelles a entrainé une augmentation des actes de criminalité, dont de kidnapping, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, relève AlterPresse.

Les autorités étatiques font montre d’impuissance à combattre ces réseaux de criminels armés.

Michaëlle Jean préconise « une gouvernance inclusive, robuste et représentative, solidement structurée, pour bien établir les modalités d’une coopération internationale solidaire avec Haïti ».

L’ancienne envoyée spéciale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) pour Haïti, de 2010 à 2014, souhaite un encadrement urgent de la Police nationale d’Haïti (Pnh), qu’elle considère, malgré tout, comme un corps très infiltré par les criminels.

Cet encadrement est aussi nécessaire pour le contrôle des activités portuaires, afin de lutter efficacement contre la circulation et le trafic d’armes, en provenance principalement des États-Unis d’Amérique, poursuit-elle.

Le journal étasunien Miami Herald avait expliqué comment les lois américaines sur les armes à feu et les ports du sud de la Floride alimenteraient l’escalade de la violence des gangs armés en Haïti, dans un article publié, en août 2022, sur son site.

Une cargaison de 120 mille cartouches, en provenance des États-Unis d’Amérique, a été saisie, dans la nuit du vendredi 1er juillet 2022, lors d’une opération policière menée au wharf de Port-de-Paix (département du Nord-Ouest d’Haïti), avec l’appui des agents douaniers.

Des membres des forces de l’ordre, du secteur politique et des cercles affairistes, en Haïti comme ailleurs, sont sous la houlette d’organisations criminelles transnationales, de redoutables réseaux des narcotrafiquants de la région, dénonce Michaëlle Jean.

Elle s’en prend aussi aux décisions des gouvernements canadien et américain de déporter vers Port-au-Prince « de petits trafiquants d’origine haïtienne, sans même consulter les autorités du pays, déversant ainsi sur la faible nation un fléau insurmontable ».

En dépit de l’aggravation de la situation en Haïti, le gouvernement des États-Unis continue d’effectuer, parfois dans des conditions dégradantes, des déportations massives de ressortissantes et ressortissants haïtiens dans le pays, constate-t-on.

« Le problème est continental. La république d’Haïti n’arrivera pas à s’en sortir seule. La responsabilité se doit d’être partagée entre tous les protagonistes internationaux de ce drame. Un vrai exercice commun de vérité et d’imputabilité s’impose, de manière concertée et ordonnée », estime Michaëlle Jean.

L’apport essentiel des populations est indispensable pour construire la paix et la sécurité, avance l’ex-gouverneure générale du Canada, soulignant combien des expériences menées ailleurs « l’ont démontré par le renforcement de la résistance civile, le soutien à des initiatives et à des actions citoyennes fondamentalement non violentes ». [emb rc apr 16/01/2023 11:10]