P-au-P, 10 janv. 2023 [AlterPresse] --- Les sanctions du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), celles prises par les gouvernements des États-Unis d’Amérique et du Canada seraient l’un des facteurs à la base d’une baisse des cas de kidnapping en Haïti, au dernier trimestre de l’année 2022, relève le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), dans un rapport transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Le décompte du Cardh concerne les 3 derniers mois de l’année 2022, non pas les premiers jours de l’année 2023, durant lesquels les actes de criminalité, incluant le kidnapping, continuent d’être enregistrés sur le territoire d’Haïti.
La diminution spectaculaire des enlèvements serait également due aux efforts de la Police nationale d’Haïti (Pnh), visant à lutter contre le banditisme et contre le trafic d’armes, de munitions, et la contrebande sur le territoire national.
Durant le dernier trimestre de l’année 2022 (d’octobre à décembre), 127 personnes, dont 12 de nationalité étrangère, ont été enlevées en Haïti, soit une diminution de 37.75% par rapport au trimestre précédent (troisième trimestre de l’année 2022), au cours duquel 204 cas de kidnapping ont été dénombrés, et de 68.56% par rapport au dernier trimestre de 2021, quand 404 cas de kidnapping ont été recensés, fait savoir le Cardh.
857 enlèvements ont été répertoriés pour toute l’année 2022, contre 1,009 durant l’année 2021, soit une diminution de 15.06%.
74 étrangers ont été enlevés en 2022 contre 53 entre 2021, soit une augmentation de 39.62%, poursuit le Centre d’analyse et de recherche en droits humains.
Entre-temps, Jimmy Cherisier, alias « Barbecue », chef de la coalition de gangs armés G9 an fanmi e alye (famille et alliés), a été sanctionné par les Nations Unies, à travers l’adoption, le 21 octobre 2022, de la résolution 2653, puis par les gouvernements du Canada, des États-Unis, de la Grande Bretagne et de la Suisse.
Le 7 novembre 2022, le Département d’État américain a annoncé des récompenses, allant jusqu’à 3 millions de dollars, à toutes celles / tous ceux, qui aideraient à capturer trois chefs de gangs armés, accusés d’être responsables de l’enlèvement contre rançon de 16 citoyens américains et d’un missionnaire canadien en Haïti, le samedi 16 octobre 2021.
Les chefs de gangs ciblés sont Joseph Wilson (alias Lanmò Sanjou) et Jermaine Stephenson (alias Gaspiyáy), dirigeants du gang 400 Mawozo opérant principalement à la Croix-des-Bouquets, Vitelhomme Innocent, chef du gang Kraze Baryè opérant à Torcelle, Pernier (périphérie est de la capitale) et Tabarre (l’une des municipalités au nord-est de Port-au-Prince).
Plusieurs personnalités politiques et du monde des affaires, qui soutiennent les gangs armés et participent à des activités de trafic d’armes et de munitions, de drogue, de contrebande et de blanchiment des avoirs, ont été sanctionnées, en novembre et décembre 2022, par les États-Unis et le Canada.
Pour justifier cette baisse des kidnappings, le Centre d’analyse et de recherche en droits humains évoque aussi les opérations, menées par la Pnh, particulièrement à la Croix-des-Bouquets, contre le gang 400 Mawozo, responsable, à partir de juillet 2021, d’environ 50% des actes de kidnapping dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, dont 16 missionnaires américains et un missionnaire canadien le 16 octobre 2021.
Beaucoup de membres du gang armé 400 mawozo ont été tués et d’autres arrêtés, avance le Cardh.
En conférence de presse, le 29 décembre 2022, la Police nationale d’Haïti a annoncé avoir ouvert une enquête sur des agents, soupçonnés de monnayer leurs services à l’aide de blindés, dans le cadre d’un bilan faisant de 149 bandits tués, 41 otages libérés et 93 tentatives de kidnapping déjouées à Port-au-Prince et dans l’Artibonite. [wr emb rc apr 10/01/2023 14:00]