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Haïti : Des agents de la Pnh exigeraient jusqu’à 500 dollars américains comme paiement pour escorter des citoyens à l’aide de blindés

P-au-P, 27 déc. 2022 [AlterPresse] --- Des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) réclameraient entre 2,500.00 gourdes et 1,000.00 dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = + 160.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.70 gourdes aujourd’hui) comme paiement pour escorter, à l’aide de blindés de la dite institution, des citoyennes et citoyens ainsi que des convois dans certaines zones jugées dangereuses, dénonce le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans une correspondance adressée à l’Inspecteur général en chef de la Police nationale d’Haïti (IgPnh), Fritz Saint-Fort, et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Le droit de monter à bord du blindé s’achète (entre) deux mille cinq cents (2,500.00) gourdes au moins à cinq cents (500.00) dollars américains. Cette variation de prix repose sur le statut de la personne, qui achète le service, du simple citoyen-ne à l’entrepreneur-euse ».

Les blindés seraient également utilisés pour protéger des convois à des prix, variant de 2,500.00 gourdes jusqu’à mille dollars américains, révèle le Rnddh.

De tels actes « dénotent d’un niveau jamais atteint d’irrespect envers le code déontologique et les règlements généraux de l’institution policière », critique-t-il.

Assassiné à l’âge de 32 ans, le vendredi 2 décembre 2022, le jour même de son anniversaire par des bandits armés du gang 400 mawozo, dans la commune de la Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale, Port-au-Prince), Lincoln Bien-Aimé agent 1, affecté au Bureau de lutte contre le trafic de stupéfiants (Blts), et sa conjointe, qui en était sortie grièvement blessée par balles, lors de cette attaque, n’auraient pas été autorisés à monter à bord d’un blindé, en raison du fait que ce dernier devait récupérer des individus ayant payé leur passage à bord, rapporte le Rnddh.

Des agents, qui se trouvaient à bord du blindé, ce 2 décembre 2022, ont argué qu’il n’y avait pas suffisamment de places pour eux.

« Ils sont retournés au sous-commissariat de Calvaire (Ctroix-des-Bouquets), où des agents de l’Unité départementale pour le maintien de l’ordre (Udmo) ont demandé à Lincoln Bien-Aimé d’informer le chef de troupe. Celui-ci a alors intimé l’ordre à Lincoln Bien-Aimé de prendre une motocyclette, afin de rattraper le blindé qui venait à peine de se déplacer », détaille le Rnddh.

« Lorsqu’ils étaient arrivés non loin du parquet près le tribunal de première instance de la Croix-des-Bouquets, la motocyclette a été stoppée par un groupe de bandits lourdement armés, qui, après avoir identifié le policier Lincoln Bien-Aimé, l’ont criblé de balles ainsi que sa conjointe ».

Lincoln Bien-Aimé est décédé immédiatement, alors que sa conjointe a reçu trois (3) balles.

Ayant été laissée pour morte sur la chaussée, elle a été, par la suite, secourue par un riverain et conduite à l’hôpital.

Le cadavre du policier national Lincoln Bien-Aimé a été emporté par les bandits armés. Seul le conducteur de la motocyclette n’a pas été touché, souligne l’organisme de défense des droits humains.

Les funérailles symboliques de Lincoln Bien-Aimé, ont été chantées, le vendredi 23 décembre 2022, à l’église catholique romaine Notre-Dame d’Altagrace, sise à Delmas.

Le Réseau national de défense des droits humains demande de diligenter une enquête sur les circonstances, ayant entouré l’assassinat, le 2 décembre 2022, de l’agent 1, affecté au Bureau de lutte contre le trafic de stupéfiants (Blts), Lincoln Bien-Aimé.

Cette investigation doit aussi porter sur des faits de trafics de matériels et d’équipements à des fins économiques.

Le Rnddh invite l’inspection générale de la Pnh à prendre les sanctions qui s’imposent contre les agents fautifs. [emb rc apr 27/12/2022 13:45]