P-au-P, 27 déc. 2022 [AlterPresse] --- Recherché pour tentative d’assassinat en Haïti, Busta John, un associé du chef de gang Jimmy Chérizier alias « Barbecue », « vit librement », aujourd’hui, à Montréal (Canada), révèle la chaine de télévision canadienne CBC, dans un reportage-vidéo visionné par l’agence en ligne AlterPresse.
Un mandat d’amener a été émis par la Police nationale d’Haïti (Pnh) à l’encontre de Busta John pour des crimes majeurs en Haïti alors qu’il vit toujours au Canada et personne ne s’en soucie, déplore le sociologue québécois d’origine haïtienne, Frédéric Boisrond, interviewé dans le reportage.
« Le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince requiert le responsable du commissariat de Port-au-Prince de prendre les mesures nécessaires, aux fins de rechercher, conduire et amener devant lui, au parquet de ressort, se conformant à la loi, le nommé Busta John, demeurant et domicilié au Canada », lit-on dans un mandat d’amener daté du 18 octobre 2021. Les chefs d’accusations, retenus à son endroit, sont « tentative d’assassinat, associations de malfaiteurs et attentat à la vie des membres du gouvernement ».
Busta John s’était allié à Jimmy Chérizier lorsqu’il était en Haïti, pour attaquer le premier ministre de facto Ariel Henry, à l’occasion de la célébration du 215e anniversaire de l’assassinat de l’empereur Jean Jacques Dessalines, le dimanche 17 octobre 2021.
Le 17 octobre 2021, le premier ministre de facto, Ariel Henry, n’a pas pu faire d’offrande florale, au pied du monument de l’Empereur, au Pont Rouge, à cause des crépitements d’armes automatiques de bandits armés, qui contrôlent la zone, créant une véritable panique.
La délégation, qui accompagnait Ariel Henry, a été contrainte de prendre la fuite, à cause des tensions dans la zone de Chancerelles.
L’offrande florale a été déposée, de préférence, à l’Autel de la patrie, au Champ de Mars, en mémoire de l’empereur.
Accompagné d’individus lourdement armés, le chef de gang Jimmy Chérizier, a déposé, le jour même (17 octobre 2021), une gerbe de fleurs au Pont Rouge, lors d’une démonstration de force.
Le gouvernement canadien ne semble pas savoir si Busta John existe et s’il est au Canada avec la même rhétorique violente envers les citoyens canadiens, considère Boisrond.
Busta John aurait une chaîne YouTube avec 200,000 abonnés et aurait aidé à organiser un récent rassemblement à Montréal pour l’ancien premier ministre de facto en Haïti, Claude Joseph, qui tenterait de revenir au pouvoir en Haïti, avec son soutien.
Avant l’événement, Busta John aurait fait une intervention en direct sur Facebook (Facebook live), dans laquelle il menaçait d’arracher les yeux des gens s’ils osaient se montrer, dénonce un militant politique haïtien, Jean Saint-Vil, interrogé dans le reportage de CBC.
Ces révélations surviennent dans un contexte d’adoption de sanctions américano-canadiennes, prises contre plusieurs personnalités politiques et hommes d’affaires, qui financent des activités criminelles dans le pays, entre autres.
Le lundi 14 novembre 2022, le Canada a intégré dans le droit canadien une récente résolution, en date du 21 octobre 2022, du Conseil de sécurité des Nations unies prévoyant des sanctions contre des chefs de gangs, dont Jimmy Chérizier, et leurs complices.
Deux mois après l’adoption, le 21 octobre 2022, d’un régime de sanctions contre des chefs de gangs armés en Haïti et ceux qui les financent, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) dit miser sur la conclusion d’un accord politique entre les protagonistes en Haïti, en vue d’une issue à la crise politique actuelle, lors d’une réunion spéciale organisée, le mercredi 21 décembre 2022, sur demande de la Russie.
Plusieurs membres du Conseil de sécurité de l’Onu ont aussi renouvelé leur appel à l’envoi d’une force internationale, pour appuyer la Police nationale d’Haïti (Pnh) dans la lutte contre les gangs armés, qui terrorisent la population haïtienne.
Le 7 octobre 2022, le gouvernement de facto d’Ariel Henry à sollicité, auprès des partenaires internationaux d’Haïti, un support effectif pour le déploiement immédiat d’une force spécialisée armée, en quantité suffisante pour stopper, sur toute l’étendue du territoire, la crise humanitaire.
Une demande d’intervention militaire étrangère en Haïti, qualifiée d’ acte criminel et de trahison par plusieurs secteurs. [emb rc apr 27/12/2022 11:20]
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