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Haïti-Crise : Plusieurs membres de l’Onu réitèrent l’urgence d’une force internationale en soutien à la Pnh

P-au-P, 22 déc. 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs membres du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) renouvellent leur appel à l’envoi d’une force internationale, pour appuyer la Police nationale d’Haïti (Pnh) dans la lutte contre les gangs armés, qui terrorisent la population haïtienne, lors d’une réunion spéciale, le mercredi 21 décembre 2022, sur demande de la Russie, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

La Pnh a besoin d’une assistance sous la forme d’une force spécialisée, comme indiqué dans la lettre du 8 octobre 2022 du secrétaire général de l’Onu, le Portugais Antonio Guterres, souligne la représentante spéciale du secrétaire général de l’Onu et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh, l’Américaine Helen Meagher La Lime.

Un soutien opérationnel international à la police,-avec des paramètres clairs sur les termes de l’engagement et une approche intégrée,-est de plus en plus sollicité par différents secteurs, avance-t-elle.

Un régime de sanctions a été adopté à l’unanimité par l’Onu contre des chefs de gangs armés en Haïti, dont Jimmy Chérizier alias Barbecue et ceux qui les financent.

En plus de l’Onu, les États-Unis d’Amérique et le Canada ont également pris des sanctions, ciblant plusieurs personnalités politiques et hommes d’affaires en Haïti.

« Les sanctions seront plus efficaces dans le cadre d’une approche globale, qui comprend à la fois le dialogue politique en cours et un soutien opérationnel renforcé à la Pnh », trois approches en parallèle combien essentielles, dit-elle, pour rétablir l’ordre, la confiance du public et l’espoir d’un avenir meilleur pour Haïti.

Helen Meagher La Lime déplore un manque de ressources et d’équipements de la Pnh pour faire face à « l’énormité de la tâche » à accomplir.

De plus, l’effectif opérationnel de l’institution policière se réduit considérablement, passant à moins de 13 mille personnes, dont moins de 9 mille sont disponibles en tant qu’officiers en service actif, ajoute-t-elle, indiquant combien la Police nationale d’Haïti peine à maintenir des acquis de sécurité dans le pays.

Le gouvernement de facto avait sollicité, le vendredi 7 octobre 2022, auprès des Nations unies, l’envoi d’une force multinationale, en vue de rétablir la sécurité et d’atténuer la crise humanitaire, aggravée par les actions des gangs criminels.

Plusieurs secteurs, notamment politiques, ont critiqué cette demande du gouvernement de facto, visant à piétiner la souveraineté d’Haïti.

Tout en appelant à davantage de solidarité de la part de la communauté internationale, la vice-secrétaire générale de l’Onu, la Nigériane Amina J. Mohammed, suggère, de son côté, d’accorder une attention urgente à la demande d’une force armée internationale spécialisée, indique un document des Nations unies, sur la réunion du mercredi 21 décembre 2022.

Cette force est absolument essentielle pour qu’Haïti retrouve la stabilité institutionnelle et reprenne le chemin de la paix et du développement durable, estime Amina J. Mohammed.

Au nom du groupe consultatif ad hoc sur Haïti du Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc), le représentant du Canada, Robert Keith Rae, souhaite qu’il y ait un très fort consensus, avant le déploiement de toute mission de paix en Haïti.

Tout en plaidant pour un soutien international sur le long terme à Haïti, Robert Keth Rae relève une aggravation de la situation humanitaire et une impasse politique persistante.

Pour sa part, insistant sur le soutien de la communauté internationale, particulièrement au sujet de la force multinationale non onusienne demandée par le gouvernement de facto en Haïti, Robert A. Wood des États-Unis d’Amérique évoque la détermination de son pays à continuer de fournir une aide bilatérale à Haïti, pour répondre, notamment, aux situations de quasi-famine et au choléra.

En ce sens, les donateurs sont appelés à accroître leur soutien dans cette période cruciale.

La représentante de la France, Nathalie Broadhurst Estival, déclare encourager une réponse collective plus vigoureuse, face à la détérioration du climat sécuritaire en Haïti.

Nathalie Broadhurst Estival exhorte à soutenir beaucoup plus efficacement la Police nationale d’Haïti, avec des équipements, des financements et de la formation, pour qu’elle puisse lutter contre la multiplication des actes criminels, dont les enlèvements, les violences sexuelles et les homicides, perpétrés, en toute impunité par les gangs armés.

Les positions de la Russie et de la Chine

Sceptique, Vassily A. Nebenzia de la Fédération de Russie considère combien le déploiement d’une force internationale de sécurité ne pourrait pas changer fondamentalement la situation.

Vassily A. Nebenzia dénonce l’ingérence continuelle des États-Unis en Haïti et des effets néfastes de la colonisation française, qui ont plongé les institutions dans un état avancé de délitement.

La Russie se dit reste prête « à continuer de veiller à ce que les Haïtiennes et Haïtiens jouissent de l’ordre du droit et qu’ils puissent exprimer leurs aspirations dans le cadre de processus souverains et démocratiques ».

Geng Shuang de la Chine a tenu à rappeler combien son pays avait été le premier à proposer des sanctions contre les gangs armés et leurs parrains.

Geng Shuang indique avoir aussi demandé au secrétaire général de l’Onu de formuler des recommandations sur la façon d’aider la Pnh à combattre ces gangs et leurs complices.

La Chine s’est félicitée de l’adoption, en octobre 2022, de la résolution 2653, imposant des sanctions, comme le gel d’avoirs financiers et des interdictions de voyager, contre des chefs de gangs armés et un embargo sur les armes ciblées.

Il est essentiel d’empêcher les gangs en Haïti d’acquérir illégalement des armes, préconise la Chine. [emb rc apr 22/12/2022 11:30]