P-au-P, 22 déc. 2022 [AlterPresse] --- Deux mois après l’adoption, le 21 octobre 2022, d’un régime de sanctions contre des chefs de gangs armés en Haïti et ceux qui les financent, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) compte sur la conclusion d’un accord politique entre les protagonistes en Haïti, en vue d’une issue à la crise politique actuelle, lors d’une réunion spéciale, le mercredi 21 décembre 2022, sur demande de la Russie, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
La représentante spéciale du secrétaire général de l’Onu et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh, l’Américaine Helen Meagher La Lime, déclare encourager tous les secteurs de la société à mettre de côté leurs différences et à forger une voie commune, pour faire avancer le pays, lors de cette réunion du Conseil de sécurité de l’Onu sur le dossier d’Haïti.
En octobre et novembre 2022, des consultations inclusives ont été entamées entre des organisations de la société civile, des membres de l’accord du 30 août 2021, plus connu sous le nom d’accord de Montana, des associations du secteur privé, des syndicats et des organisations religieuses, autour d’une feuille de route transitoire, a relevé La Lime.
Les sanctions seront plus efficaces dans le cadre d’une approche globale, comprenant à la fois le dialogue politique en cours et un soutien opérationnel renforcé à la Police nationale d’Haïti (Pnh), estime La Lime.
Ce soutien à la Pnh devrait se concrétiser « sous la forme d’une force spécialisée », comme indiqué dans la lettre du secrétaire général de l’Onu, en date du 8 octobre 2022, et réclamé par le gouvernement de facto et la société civile en Haïti, dit-elle.
En plus de l’Onu, les États-Unis d’Amérique et le Canada ont également pris des sanctions, ciblant plusieurs personnalités politiques et hommes d’affaires en Haïti.
Vers un consensus dit national
Lors de son intervention, le titulaire de facto du Ministère des affaires étrangères, Jean Victor Généus, a annoncé la signature, le mercredi 21 décembre 2022, d’un document dit de « consensus national » par le premier ministre de facto Ariel Henry, à l’issue d’une réunion avec des représentants de la société civile, des partis politiques et du secteur privé des affaires.
Un Haut conseil de la transition (Hct) serait prochainement formé, en vue d’organiser des élections au cours de l’année 2023, selon Généus.
Mirlande Hyppolite Manigat, Laurent Saint Cyr et Calixte Fleuridor ont été désignés pour faire partie du Hct.
Les promesses, sans cesse renouvelées par le régime de facto, de réaliser des élections, attendues depuis 2021, n’ont pas été tenues, jusqu’à présent.
La détérioration du climat sécuritaire et les mésententes politiques ont aggravé davantage la crise politique.
Toutefois, le représentant des États-Unis, Robert A. Wood, qui intervenait devant le Conseil de sécurité de l’Onu, a salué la volonté affichée par le premier ministre de facto en Haïti, afin de parvenir à un accord d’ici cette fin d’année 2022.
Robert A. Wood souligne la nécessité de trouver des solutions inclusives, pour faire avancer un accord politique, et de mener des réformes dans les secteurs de la sécurité et de l’économie.
De son côté, la représentante de la France, Nathalie Broadhurst Estival, renouvelle la détermination de son gouvernement à continuer d’exhorter les acteurs politiques à trouver un compromis.
Le dialogue politique devrait déboucher sur l’organisation d’élections démocratiques, lorsque les conditions sécuritaires seront réunies, espère-t-elle, tout en appelant la classe politique à « faire preuve de responsabilité », afin de sortir de l’impasse actuelle.
En dépit des négociations politiques, Haïti est encore plongée dans une crise d’une ampleur et d’une complexité sans précédent, déplore la vice-secrétaire générale de l’Onu, la Nigériane Amina J. Mohammed, soulignant combien les efforts pour engager le dialogue n’ont pas réussi à créer un consensus sur la voie à suivre. [emb rc apr 22/12/2022 09:20]