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Haïti-RD : Vives inquiétudes pour la sécurité des membres du Mudha, après une descente de lieux

« Une vingtaine de personnes, dont des militaires et des personnes en civil, ont fait irruption dans les locaux du Mudha, sans présenter de mandat, dans la matinée du dimanche 11 décembre 2022 »

P-au-P, 21 déc. 2022 [AlterPresse] ---La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), le Centre pour la justice et le droit international (Cejil) et Front Line Defenders (Défenseurs en première ligne, en Français) expriment de profondes inquiétudes pour la sécurité des membres du Mouvement des femmes dominico-haïtiennes (Mudha), après une violente descente, effectuée, le dimanche 11 décembre 2022, par des autorités dominicaines dans leurs locaux, en République dominicaine, dans des déclarations dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Dans un tweet, publié le mardi 20 décembre 2022, la plateforme Garr exprime sa solidarité avec les collaboratrices et collaborateurs du Mudha, qui subissent des actes d’intimidations et de violence dans le cadre de leur travail de défense des droits humains, particulièrement des droits des descendantes et descendants de migrantes et migrants, en République Dominicaine.

Tout en condamnant ces manœuvres honteuses de la part des autorités dominicaines, la plateforme Garr rappelle combien le secteur des droits humains est indispensable pour l’équilibre de l’État de droit.

La plateforme Garr exige respect et protection envers les membres du secteur.

Tout en exprimant leur préoccupation face à la perquisition sans mandat du bureau du Mudha, les organismes de droits humains Cejil et Front Line Defenders appellent les autorités dominicaines à fournir des informations complètes sur ce qui s’est passé et à veiller à ce que ces événements ne se reproduisent plus, dans une prise de position conjointe datée du 16 décembre 2022.

« Une vingtaine de personnes, dont des militaires et des personnes en civil, ont fait irruption dans les locaux du Mudha, sans présenter de mandat, dans la matinée du dimanche 11 décembre 2022 ».

« Les images de la caméra de sécurité ont montré comment ils sont entrés par effraction dans le bâtiment, à l’aide d’une échelle, ont coupé l’électricité et, une fois à l’intérieur, ont ouvert chaque bureau et l’ont fouillé, laissant des objets fouillés sur le sol. Le raid a duré environ deux heures » , selon une plainte déposée par l’organisation Mudha, citée par Cejil et Front Line Defenders.

Dans la plainte, consultée par AlterPresse, le Mouvement des femmes dominicaines-haïtiennes a dénoncé ce qu’il qualifie de « perquisition violente », effectuée, de manière irrégulière, le 11 décembre 2022, par des autorités dominicaines dans ses locaux, en République Dominicaine.

L’organisation Mudha demande l’ouverture d’une enquête approfondie sur cette affaire.

Des membres du ministère public dominicain, entre autres, n’ont présenté aucun document montrant une autorisation de perquisition, prévue par la loi pour des procédures comme celle-ci, condamne le Mudha.

« Le travail d’organisations, telles que Mudha, est mené en République Dominicaine dans un contexte d’intimidation et de violence contre les défenseuses et défenseurs des droits humains, qui défendent les droits politiques et civils des Dominicaines et Dominicains d’origine haïtienne, comme l’a vérifié la Commission interaméricaine de droits humains et préalablement documentés par nos organisations », insistent Cejil et Front Line Defenders.

Le Cejil et Front Line Defenders affirment rejeter « toute tentative de harceler, d’intimider ou de menacer les membres du Mudha, en représailles à leur travail de défense des droits des communautés qu’ils accompagnent ».

Ils déplorent l’effet intimidant, que ce raid peut avoir contre les membres du Mudha et toutes les personnes, y compris les défenseuses et défenseurs des droits humains, et les organisations en République Dominicaine, qui travaillent en faveur des droits des Haïtiennes et Haïtiens ainsi que des Dominicaines et Dominicains d’origine haïtienne.

Le gouvernement dominicain est exhorté à respecter et à garantir le droit de défendre les droits humains dans le pays.

Organisation de la société civile qui, depuis 1983, défend les droits des communautés d’origine haïtienne en République Dominicaine, le Mouvement des femmes dominico-haïtiennes (Mudha) « met en œuvre des programmes de développement humain sur la santé, l’assistance juridique, les droits civils et humains et l’éducation pour les communautés d’origine haïtienne, qui constituent une minorité dans le pays et ont été historiquement victimes de discrimination, de racisme et de xénophobie ».

Ces actes d’intimidations envers Mudha surviennent dans une conjoncture d’intensification des expulsions massives d’Haïtiennes et d’Haïtiens, pour la plupart des femmes et des enfants.

Beaucoup d’enfants non accompagnés ont même été expulsés vers Haïti, lors des vagues contre les personnes migrantes et de race noire en République Dominicaine.

28 mille 647 migrantes et migrants haïtiens ont été rapatriés, refoulés et retournés en Haïti, au cours du mois de novembre 2022, par les autorités dominicaines, avait indiqué la plateforme Garr, dans un rapport mensuel.

De ce nombre, il faut compter 18,063 rapatriés, 3,337 refoulés et 7,247 retours spontanés au niveau des différents points frontaliers officiels et non officiels, entre Haïti et la République Dominicaine. [emb rc apr 21/12/2022 12:20]