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Canada/Coopération : Le Collectif Debout pour Haïti dénonce une « pratique infantilisante » dans la gestion de l’aide à Haïti

P-au-P, 19 déc. 2022 [AlterPresse] --- Le Collectif citoyen « Debout pour Haïti » met en garde contre une « pratique infantilisante », consistant à dépenser au Canada ou ailleurs l’aide offerte à Haïti, dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

Le Collectif « Debout pour Haïti » se questionne sur le fait que les acteurs, choisis pour rétablir l’ordre et répondre aux besoins humanitaires immédiats d’Haïti, ne soient pas des Haïtiens.

Cette « pratique infantilisante » rappelle celle, qui a été préconisée dans la gestion des fonds, suite au tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010 en Haïti, ayant fait plus de 300 mille morts et d’énormes dégâts matériels , souligne-t-il.

La majeure partie de l’aide internationale à Haïti pour sa reconstruction, suite à ce tremblement de terre, a profité aux pays donateurs, notamment les États-Unis d’Amérique et plusieurs organisations non gouvernementales publiques et privées, selon des analystes.

« Le Canada souhaite-t-il répéter cette erreur du passé » ?, se demande ce Collectif citoyen, voué à la surveillance des interventions du Canada en Haïti.

Selon des informations diffusées sur Twitter par Sébastien Carrière, l’ambassadeur du Canada en Haïti, la totalité de cette aide sera dépensée au Canada ou ailleurs que dans l’économie haïtienne, rapporte le Collectif « Debout pour Haïti ».

Le dimanche 20 novembre 2022, lors du sommet de la Francophonie à Djerba (une île de la côte tunisienne), le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé une aide de 16,5 millions de dollars à Haïti, tout en prônant un changement d’approche « afin d’éviter de répéter les erreurs du passé » en Haïti.

8 millions de dollars ont été promis à Haïti, une aide qui ira, selon Sébastien Carrière, à l’Organisation panaméricaine de la santé (Ops) et au Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

Les autres récipiendaires seront le Programme alimentaire mondial (Pam) et le Service aérien d’aide humanitaire des Nations unies.

Pourtant, Trudeau et la ministre canadienne des affaires étrangères, Mélanie Joly, ont souligné, en plusieurs occasions, « la nécessité de soutenir la mise en œuvre d’une solution, dirigée par les Haïtiens, pour faire face à la situation actuelle ».

« Comment peut-on parler de solution haïtienne, sans impliquer des acteurs haïtiens et surtout sans engagement d’achat local pour soutenir l’économie du pays » ?, s’interroge « Debout pour Haïti ».

Collectif citoyen appelle le Canada à exiger du Pam de s’approvisionner, en priorité, auprès des agricultrices et des agriculteurs haïtiens, et de mettre les acteurs haïtiens au cœur de la solution humanitaire.

Pour renforcer la capacité d’Haïti à lutter contre la corruption et l’impunité, le Canada a remis 5 millions de dollars à l’office des Nations unies contre la drogue et le crime (en anglais United nations Office on Drugs and Crime / Onudc), qui travaillera en collaboration avec l’Organisation des États américains (oea), a écrit l’ambassadeur Carrière, dans son tweet du 22 novembre 2022, lit-on dans la note.

3,5 millions de dollars seront dépensés pour l’accès à la justice et la lutte contre l’impunité, un mandat qui a été confié à Avocats sans frontières Canada (Asfc), avait encore annoncé Carrière.

« Comment peut-on parler de solution haïtienne, sans acteurs haïtiens » ?, se demande le Collectif citoyen « Debout pour Haïti », tout en appelant à faire des organisations haïtiennes parties prenantes de cette lutte.

« Le leadership du Canada peut faire une différence tangible dans cette sortie de crise, s’il y a rupture avec les méthodes précédentes, qui ont failli et davantage fragilisé Haïti », conclut la note. [emb rc apr 19/12/2022 12:40]