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Haïti-Gangs : Sanctions du Canada contre Gilbert Bigio, Reynol Deeb et Sherif Abdallah, membres très en vue de l’élite économique haïtienne

P-au-P., 05 déc. 2022 [AlterPresse] --- Le Canada a imposé des sanctions, ce lundi 5 décembre 2022, contre Gilbert Bigio, Reynol Deeb et Sherif Abdallah, des membres très en vue de l’élite économique haïtienne, selon un communiqué d’Affaires mondiales Canada (Ministère des affaires étrangères), consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

« Le Canada a des raisons de croire que ces personnes utilisent leur statut de membres très en vue de l’élite économique en Haïti pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, notamment par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption », indique le communiqué.

Une interdiction de transactions leur est imposée, ce qui aura pour effet de geler tout avoir qu’ils peuvent détenir au Canada, précise le Canada.

Ces sanctions, imposés par le Canada, sont prises « en vertu du règlement sur les mesures économiques spéciales visant Haïti, en réponse à la conduite inacceptable de membres de l’élite haïtienne qui apportent un soutien financier et opérationnel illicite à des gangs armés ».

Elle visent à faire pression sur les personnes responsables de la violence et de l’instabilité actuelles en Haïti, rappelle le gouvernement canadien, qui demande à ces personnes de cesser de fournir des fonds et des armes aux bandes criminelles en Haïti.

Il encourage toutes les parties prenantes « à soutenir de réels progrès vers un accord politique qui mènera à un dialogue inclusif et constructif, et à la fin de la crise actuelle. C’est la seule façon d’aider à créer l’environnement nécessaire pour un retour à la stabilité, à l’ordre public et à la démocratie en Haïti ».

« Le Canada joue un rôle de premier plan en sanctionnant des membres de l’élite afin de les empêcher de soutenir les gangs qui commettent des actes de violence contre le peuple haïtien. Le Canada demande à la communauté de suivre son exemple et d’imposer des sanctions aux gangs et à leurs partisans pour aider le peuple haïtien à sortir de cette crise et à rétablir la paix et la sécurité dans son pays », a déclaré Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères.

Ces trois hommes d’affaires Gilbert Bigio, Reynol Deeb et Sherif Abdallah, s’ajoutent à une liste de huit personnalités politiques déjà sanctionnées par le Canada. Leurs avoirs ont été gelés et sont interdits de transactions au Canada ou avec des Canadiens.

Le 17 novembre 2022, le gouvernement du Canada a pris les mêmes sanctions contre l’actuel sénateur du Plateau central Rony Célestin, l’ancien sénateur du Sud Hervé Fourcand et à l’ancien député Gary Bodeau ainsi que contre l’ancien président Joseph Michel Martelly (14 mai 2011 - 7 février 2016) et deux anciens premiers ministres, Laurent Salvador Lamothe (16 mai 2012 - 14 décembre 2014) et Jean Henry Céant (17 septembre 2018 - 18 mars 2019), suspectés d’être de mèche avec les gangs armés en Haïti.

Le 3 novembre 2022, il a aussi sanctionné le président du tiers restant du sénat, Joseph Lambert, et à l’ex-président du grand corps, l’ancien sénateur Youri Latortue, qu’ils soupçonnent de trafic illicite de drogue et de financement d’activités criminelles, entre autres.

Dans un communiqué en date du jeudi 2 décembre 2022, l’Office de contrôle des avoirs étrangers (Ofac) du Département du trésor des États-Unis d’Amérique a annoncé de nouvelles sanctions contre l’actuel sénateur du Plateau central, Rony Célestin, et l’ancien sénateur du Sud Hervé Fourcand, pour trafic de drogue.

Ils se sont livrés ou ont tenté de se livrer à des activités ou à des transactions, qui ont matériellement contribué ou présentent un risque significatif de contribuer matériellement à la prolifération internationale des drogues illicites ou de leurs moyens de production, fait savoir l’Ofac.

Le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, Brian E. Nelson, pointe du doigt Rony Célestin et Hervé Fourcand, qui représentent, selon lui, « deux autres exemples de politiciens haïtiens corrompus abusant de leur pouvoir pour poursuivre les activités de trafic de drogue dans la région ».

Pour sa part, le gouvernement du Canada signale combien ces gangs et leurs partisans continuent de terroriser les communautés vulnérables en Haïti en toute impunité, précipitant une crise humanitaire dans le pays, qui comprend la résurgence du choléra.

Ces criminels « commettent également des actes de violence inqualifiables, notamment des violences sexuelles généralisées, à l’encontre des populations touchées et empêchent la prestation de services essentiels et l’acheminement d’aide humanitaire »

Plusieurs cas d’assassinats et de viols collectifs, perpétrés par des gangs armés, continuent de se multiplier un peu partout dans le pays, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Une attaque meurtrière, perpétrée dans la soirée du mardi 29 novembre 2022, par bandits armés contre la population civile à Source Matelas, 9e section communale de Cabaret (au nord de la capitale, Port-au-Prince), a fait plus d’une vingtaine de morts, a indiqué le Conseil exécutif intérimaire de Cabaret, dans une note portant la signature du principal agent exécutif intérimaire de ladite commune, Joseph Jeanson Guillaume.

La note fait état également de plus d’une vingtaine de maisons, incendiées par les bandits armés. en provenance de Ti Tanyen et de Lafiteau, villages proches de Cabaret, sur la route nationale No. 1. [apr 05/12/2022 10:30]