P-au-P, 1er déc. 2022 [AlterPresse] --- L’attaque meurtrière, perpétrée dans la soirée du mardi 29 novembre 2022, par des bandits armés contre la population civile à Source Matelas, 9e section communale de Cabaret (au nord de la capitale, Port-au-Prince), a fait plus d’une vingtaine de morts, indique le Conseil exécutif intérimaire de Cabaret, dans une note portant la signature du principal agent exécutif intérimaire de ladite commune, Joseph Jeanson Guillaume, et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
La note fait état également de plus d’une vingtaine de maisons, incendiées par les bandits armés. en provenance de Ti Tanyen et de Lafiteau, villages proches de Cabaret, sur la route nationale No. 1.
Le Conseil exécutif intérimaire de Cabaret appelle les autorités judiciaires et policières à mettre la main au collet de tous les bandits, impliqués dans le massacre du 29 novembre 2022 à source Matelas.
Les habitantes et habitants de Source Matelas doivent obtenir justice, réclame-t-il, tout en appelant les responsables de la Police nationale d’Haïti (Pnh) à renforcer le commissariat du centre-ville de Cabaret, à travers le déploiement d’unités spécialisées.
Le calvaire des familles à Cabaret
« Les gens vivent avec la peur au ventre. J’ai de la famille, qui habitait à au moins 3 kilomètres de Source Matelas. Elle a été contrainte de laisser la maison », témoigne une source, qui requiert l’anonymat, jointe par AlterPresse/AlterRadio.
Depuis ce massacre sanglant du 29 novembre 2022, c’est le « sauve-qui-peut » chez les familles attaquées, en quête de lieux sûrs pour s’abriter, confie-t-elle.
Depuis quelque mois, la ville de Cabaret est assiégée par des groupes de bandits de Canaan (sur la route nationale No. 1) et même de 400 mawozo opérant à Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de Port-au-Prince).
Le puissant chef de gang Johnson André, plus connu sous le nom de Izo 5 segonn, aurait mis des chefs de bases dans trois zones clés, situées à l’entrée nord de la ville en l’occurrence Source Matelas, Ti Tanyen, entre autres, selon les informations disponibles.
« Avec sa grande part dans l’assiette fiscale du pays, Cabaret représente un enjeu économique pour ces bandits armés ».
Sans une intervention musclée de la police, les gangs, qui continuent à s’étendre, en toute impunité, sur plusieurs pans de territoire, pourraient s’installer dans toute la commune de Cabaret, avertit la source, déplorant l’impuissance des autorités policières à freiner les actions criminelles.
Beaucoup d’habitantes et d’habitants de Cabaret avaient lancé un appel à l’aide, suite aux assauts de bandes armées pour avoir le contrôle de la zone.
Plusieurs familles de Source-Matelas ont été contraintes de se déplacer, pour se réfugier chez des proches, dans des zones éloignées.
Depuis plusieurs mois, beaucoup de bandits opèrent, en toute impunité, sur la route nationale #1, notamment au niveau de plusieurs zones, dont Cabaret et Canaan, où un véhicule blindé de la Police nationale d’Haïti (Pnh) a été incendié, le samedi 12 novembre 2022, par ces agresseurs armés.
Ces gangs armés ont même installé différents points de harcèlement des voyageuses et voyageurs, rançonnés à tout bout de champ sur la route nationale No. 1.
Indignation des secteurs de droits humains et politiques
Plusieurs organisations de droits humains et politiques ont condamné la tuerie du 29 novembre 2022, perpétrée contre les habitantes et habitants de Source Matelas.
L’organisme Gardiens des droits humains (Gdh) critique le laxisme du gouvernement de facto, face aux manœuvres des gangs armés, qui sèment la terreur partout sur le territoire national.
Aucune zone n’est épargnée par rapport aux violences armés, qui s’intensifient chaque jour dans le pays, avertit l’organisme Gdh.
« Il est grand temps que nos concitoyennes et concitoyens, de Martissant à Ti Tanyen, abandonnés par les autorités de facto, trouvent enfin Paix et Justice », préconise l’ancien sénateur Steven Benoit, dans un tweet.
Steven Benoit présente ses condoléances aux parents et amis des habitantes et habitants de Source Matelas, lâchement assassinés par des bandits d’État et alliés, dit-il.
« Il faut combien de massacres (en Haïti) pour que les personnes, qui supportent Ariel Henry, décident de réclamer son départ » ? se demande Steven Benoit, dans une déclaration adressée au secteur privé des affaires.
Tout en exigeant justice pour les victimes et leurs familles, l’économiste Fritz Alphonse Jean, le président provisoire, élu par les signataires de l’accord du 30 août 2021, dit accord de Montana, dénonce le silence des autorités de facto, face aux massacres, viols collectifs, kidnappings et vols.
Les gangs armés « ont assassiné une douzaine de nos frères et sœurs. Le Parti haïtien tèt kale (Phtk) a gangstérisé le pays », relève, de son côté, le porte-parole de l’une des branches du Secteur démocratique et populaire (Sdp), Michel André, allié du gouvernement de facto d’Ariel Henry. [emb rc apr 1er/12/2022 17:25]