Soumis à AlterPresse le 20 juillet 2005
Par Weibert Arthus, Paris
Et voilà que tu célèbres
Ton anniversaire
Entre quatre planches,
Mon frère
Tu rentres en terre
Le jour de ta naissance
Les bandits ont réussi
Ils t’ont coupé la tête
Ils t’ont donné un cadeau empoisonné
Ils t’ont ôté la vie
Toi qui te battais pour les plus pauvres,
Les plus démunis
Toi, un journaliste si simple
Et si conscient de sa mission
Un bon enfant du pays
Jacques, que restera-t-il de notre terre
Quand ce vent de destruction aura passé ?
Qui de nous verra enfin souffler
« Le Vent de la Liberté » ?
Qui sera le dernier
A pleurer
Le dernier enfant du pays ?
Jacques, je sais que tu pars avec le regret de ne pas voir chaque enfant d’Haïti jouir du bonheur de savoir lire et écrire, de ne pas vivre le temps où chaque habitant de cette terre pourra manger juste un morceau de pain, avoir un peu de justice et de sécurité.
Mais toi-même, tu sais que ce temps n’est pas très loin. Quoique beaucoup plus loin que nous l’avions espéré quand nous combattions la dernière dictature, celle de Jean-Bertrand Aristide.
Je suis sûr qu’en partant tu te demandes quelle merde est-ce qu’ils sont en train de foutre dans notre pays ? Putain ! Ceux qui dirigent n’arrivent pas à apercevoir ce que tout le monde voit.
Au nom de quelle logique le gouvernement provisoire et les 7000 soldats onusiens n’arrivent pas à garantir un peu de paix en Haïti ? Au nom de quel saint le pays doit continuer à supporter la destruction aristidienne ?
Et quand est-ce que les Haïtiens réapprendront à se supporter mutuellement ? Quand est-ce qu’ils diront non à ceux qui sèment la mort dans leurs quartiers ? Combien faut-il de morts pour qu’on sache que seuls les Haïtiens peuvent apporter la réponse aux problèmes de ce pays ?
Mon frère, de ton vivant,
Tu avais choisi ton camp :
Celui des démunis
Tu avais refusé de pactiser avec le diable
Tu en as payé le prix
Parce que si tu étais l’un deux,
Ils t’auraient relâché
Et de ça, tes parents alarmés
Peuvent en être fiers
Jacques, tu as donné jusqu’à ton sang
Pars avec la certitude
Que, de l’arbre,
Ils n’ont abattu que le tronc
Je pleure ton départ, mon frère,
Et avec beaucoup de colère
J’aurais aimé que tu vives plus longtemps,
Mais les forces du mal en ont décidé autrement
On n’ose pas te promettre que justice sera faite
Seulement,
Merci
Pour ce « vent de la liberté »
Que tu fus pour notre génération
Tu as vécu comme il le fallait,
Jacques Roche.
Pars en Paix.