Par Jean Élie Paul
P-au-P., 25 nov. 2022 [AlterPresse] --- Un atelier de sensibilisation sur les Violences basées sur le genre (Vbg) a été organisé, les mardi 22 et mercredi 23 novembre 2022, par l’Association des journalistes haïtiens (Ajh), à l’intention d’une trentaine de journalistes de différents médias de la capitale, Port-au-Prince, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Cette activité a lieu en prélude au lancement, le jeudi 24 novembre 2022, des 16 jours d’activisme (qui se termine le 10 décembre 2022) contre les violences faites aux femmes et aux filles.
A cette occasion, l’Ajh a lancé, le mercredi 23 novembre 2022, un guide pratique journalistique intitulé « Informer sur les Violences basées sur le genre », à l’issue de cet atelier de deux jours.
Ce document de plus d’une soixantaine de pages a été élaboré dans l’objectif premier de sensibiliser les journalistes et les médias, et de placer la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles au cœur de l’actualité et de leurs activités, a souligné le secrétaire général de l’Ajh, Jacques Desrosiers.
D’autres séances de vulgarisation sont prévues à travers le pays, annonce l’Ajh.
Ce guide vise à fournir des éléments essentiels aux journalistes et aux médias, capables de les aider à mieux traiter les informations relatives aux Violences basées sur le genre.
Le guide pratique journalistique « Informer sur les Violences basées sur le genre » ambitionne aussi de faire évoluer, dans le sens positif, les mentalités axées sur les stéréotypes liés au genre.
La différenciation entre sexe et genre, une présentation sur la situation des femmes dans les médias, les Violences basées sur le genre et leurs différentes manifestations sont parmi les points abordés dans ce guide.
Le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) invite les travailleuses et travailleurs de la presse à explorer ce nouveau guide pratique journalistique, qui a été élaboré spécifiquement à l’intention des journalistes et des médias, en vue de prendre en compte les défis de la lutte contre les Vbg,
Ce guide devrait être un document de référence pour les journalistes et les médias, espère Saidou Kabore, représentant de l’Unfpa.
Une présence restreinte des femmes dans les médias
Le rapport hommes et femmes dans les médias est traité dans la déclaration de Beijing de 1995.
Le document « Les femmes et les médias » est l’un des douze domaines du programme d’action de Beijing. Question d’inciter les États à prendre des dispositions pour favoriser l’accès, le droit d’exprimer et la participation des femmes aux médias, lit-on dans ce guide pratique journalistique.
Il y a des évolutions, mais beaucoup reste à faire. De nombreuses études sont réalisées sur la question, démontrant comment la présence des femmes est encore mince dans les médias, selon différents rapports.
En 2015, le projet mondial de monitoring des médias a relevé combien, sur 22 mille 136 reportages publiés et diffusés dans les médias dans 114 pays, les femmes représentaient seulement 24 % des personnes intervenues dans ces reportages.
Plus près de nous en Haïti, une trentaine d’articles, publiés dans la rubrique « Actualité » et une vingtaine dans celle concernant la « Culture » dans le journal « Le National », sont majoritairement illustrés par des hommes, d’après un dossier de presse de l’Institut Panos Caraïbes, couvrant septembre à novembre 2015.
Même constat dans une étude restreinte, réalisée par l’agence en ligne Ayibopost, du 4 au 31 juillet 2020, sur six stations de radio et de télévision, observées à partir d’émissions d’actualités et d’analyse politiques dans des tranches d’horaires différentes.
Sur 98 personnes invitées, seulement sept étaient des femmes contre 91 hommes, soit un pourcentage de 7.14% de femmes et 92.86 % d’hommes.
La situation des femmes dans les salles de nouvelles n’est pas différente, révèle ce même rapport.
Dans le plus ancien quotidien du pays, « Le Nouvelliste », sur les 35 rédacteurs du journal, seulement trois sont des femmes. Les postes décisionnels sont occupés uniquement par des hommes, a souligné, dans un dossier de presse de mai 2016, l’Institut Panos Caraïbes.
« Le phénomène de la Violence basée sur le genre (Vbg) constitue un phénomène social majeur, ayant des effets dévastateurs sur l’intégrité physique, sexuelle, sociale et économique de la victime », a fait savoir la titulaire de facto du Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), Sofia Loréus, dans ce document, qui pourrait servir de leitmotiv pour les travailleuses et travailleurs de la presse.
En Haïti, la discrimination sexuelle est encore omniprésente dans les rapports sociaux de sexe, en dépit des engagements pris et des efforts pour promouvoir l’Égalité entre les femmes et les hommes, à inscrire notamment dans les politiques publiques.
En effet, les violences envers les femmes représentent une des formes d’inégalités les plus criantes, signale ce guide.
« Ces violences multiformes empêchent de nombreuses femmes haïtiennes de participer, sur un même pied d’égalité que les hommes, à la fois sociale, économique, et politique ». [jep emb rc apr 25/11/2022 11:00]